Argos. Ville animée qui semble finalement se réjouir que sa Tour se soit ouverte. Cela ramène du monde, des curieux, des touristes. Cela fait parler, les commerces sont prospères, et les auberges sont pleines. Ton regard se porte de l'autre côté de l'océan, l'horizon est vaste, mais les débris à la tombée des falaises sont nombreux.

C'est presque un sourire qui se dessine.
C'est comme si cette opportunité,
tu l'avais attendu pendant longtemps.

Que cache cette mine réjouie ?
Quel secret y a-t-il sous ces yeux sereins ?

Parfois, trop souvent, Isaac, on a l'impression que le sort du monde t'importe peu. On se demande si tu veux véritablement fermer les Tours et cesser les catastrophes. C'est une question que personne ne te pose, au risque de se confronter à un silence. Ou une réponse qui ne convient pas.

Parce que le monde se brise déjà.
Parce que tu seras le premier à souhaiter une chute cruelle, et mortelle.
Parce que tu voudras être aux premières loges, à observer et te permettre un sourire.
Tu prononceras quelques mots, avec toute l'insolence dont tu es capable.
« Je vous l'avais dit. »

Alors toutes les étoiles du ciel peuvent bien tomber sur Kanagawa, Djinn, Althéa ou Akielos, cela ne te fera ni chaud ni froid. Tout le monde meurt un jour, mais tu es persuadé que ton destin ne s'arrête pas seulement à une vie monotone, de mercenaire sanguinaire.

C'est la voix de Liv qui te ramène sur Terre, le visage enfantin de Slaine que tu rencontres lorsque tes yeux se concentrent de nouveau sur eux. Les Beasts. Ta "famille". Te suivront-ils lorsque ton dessein prendra enfin forme ? Ou s'enfuiront-ils, trahissant la confiance que tu leur as donné, pour t'affronter et espérer t'arrêter dans ta folie ?

Il est temps d'y aller.

Devant la Tour, vous vous arrêtez quelques minutes pour observer la hauteur de ce bâtiment. Tu ne te sens ni minuscule, ni ridicule de vouloir y entrer. Au contraire, tu sais que tu pourrais accomplir de grandes choses en accomplissant les étages intérieurs. Un regard vers Gaius, qui ne pense qu'à ses bonbons. Tu t'approches de lui et glisses ton bras sur son épaule, t'appuyant sur lui avec un regard de biais.

Geste qui semble anodin, et pourtant qui rappelle une fois où tu lui as rappelé sa place.

« Il faudra faire des efforts dans la Tour pour avoir des bonbons. »

Tu t'avances le premier vers l'immense porte et la pousse sans qu'elle n'oppose de résistance. Tu t'enfonces dans l'obscurité sans aucune crainte, écoutant le pas de tes camarades qui te suivent de près. Ton regard ne perd pas de temps à observer l'intérieur, les parois n'ont que peu d'intérêt pour toi. Pas comme les araignées qui vous font face.

Un combat intéressant vous attend ici.

« Inutile de vous dire quoi faire. »

Tu laisses Gaius s'avancer et rester près d'une paroi. Pour ta part, tu te contentes de te rapprocher de Slaine et de Liv, car tu sais qu'elle est la seule à pouvoir soigner en cas de blessures graves. Tu ne laisseras pas non plus ces créatures s'en prendre à Slaine, bien que tu aies confiance en ses capacités. Vous avez déjà perdu deux de vos camarades au Festival d'Ios, tu aimerais autant que vous en sortiez tous indemnes.

Tu es le Chef des Beasts, et tu sais agir comme tel.

« Repeignons cette pièce avec leur sang. Et ... Aucune retenue. »

L'enthousiasme de Slaine pourrait presque te faire sourire. Si tu en étais capable, tu l'aurais probablement fait instinctivement. Rares sont les occasions où tes lèvres se soulèvent dans un demi rictus, satisfait ou apaisé. Tu n'exprimes aujourd'hui que très peu d'émotions à part la colère, la haine, la neutralité, les menaces.

Peu de joie.

Si Liv souhaite que vous restiez en vie, toi, tu mises sur la puissance de votre groupe pour vous débarrasser au plus vites des créatures qui vous font face. Tu n'as jamais vu des araignées aussi grosses. Aucune crainte n'est visible, parce que tu n'en ressens pas. Tu as plutôt envie de les écraser comme de vulgaires insectes plutôt que de t'attarder à parler.

Tu essuies l'attaque d'un monstre, pour lui rendre presque immédiatement la pareille. Ton tome de magie entre les doigts, tu n'as nul besoin de réciter quelconque incantation que déjà tu parviens à lui infliger quelques dégâts. Dans un mouvement fluide, tu effectues un léger saut en arrière pour prendre tes distances et ainsi pouvoir l'attaquer sans craindre de blesser qui que ce soit aux alentours.

A la seconde où tu te réceptionnes sur tes pieds, un geste de la main écarte les pans de ton long manteau, se replaçant presque immédiatement en avant pour lancer une nouvelle salve de magie noire.

Non sans un souffle agacé, qui se coupe instantanément, tu te prends de nouveau les mandibules de l'araignée. Ayant placé ton bras par réflexe pour bloquer l'attaque, c'est un avant-bras ensanglanté qui retombe mollement contre ton flanc, alors que tu serres ton poing de rage.

Le silence qui règne de ton côté, alors que les bruits répugnants des créatures retentissent contre les murs de l'étage, ne rassure en rien quant à ta situation. Tu laisses l'air traverser tes dents collées les unes entre les autres, les faisant grincer contre ton gré alors que, de ton être glacial, s'échappe une aura violacée de magie.

Alors que, malgré tes efforts, tu peine à lui rendre la pareille, ton oeil capte le mouvement de l'un de tes coéquipiers, qui vient achever le gigantesque monstre. Un cri de douleur, et le corps s'effondre.

Tes yeux passent sur le visage de Gaius qui est sain et sauf, analysant un instant sa blessure, avant de te décaler à ton tour et envoyer une boule de magie noire sur la créature la plus éloignée pour la réduire en cendre. Tu laisses un souffle s'échapper alors que tu jettes un regard à tes deux autres camarades qui ne s'en sortent pas trop mal. Liv ne se blesse pas du tout face aux attaques, elle récupère instantanément sa vie grâce à son tome, et Slaine est suffisamment éloigné pour ne pas attirer l'attention.

Tes yeux gris-bleus se posent sur le visage de Gaius, quelques secondes de silence qui semblent durer une éternité.

« Merci pour ton intervention. »

Car sans lui, probablement que tu aurais subi plus de dégâts par la suite. Non seulement il venait de vous faire gagner du temps mais en plus des soins de la part de ta seconde.

Une intervention bienvenue en somme.