Geb se serait redressé rapidement, les pieds retrouvant le plat du sol, il était prêt à s’écarter et aller jusqu’à récupérer sa serviette pour couvrir son corps.
Mais Sasori le regarde, son sourire l’agace car il sait que l’envie de se moquer de lui est grande. Il se voyait déjà pester contre lui et se défendre pour qu’il oublie cette maladresse. Mais voilà que le bras de Sasori entoure sa taille, son regard plonge à nouveau dans le sien, les ramenant à nouveau dans ce cocon dont il s’était pourtant enfuit auparavant.
Le rouge colore son visage aux allusions, offusqué.
“Qu’est-ce que vous racontez encore ? Êtes-vous venu à ma rencontre complètement gris ?” l’agacement trahit ses traits, alors qu’il pose ses mains sur son torse pour s’écarter de lui. Mais il le resserre contre lui, leurs visages se trouvant proche désormais.
Et il peut sentir son souffle s’entremêler au sien
Le passage de leurs yeux jusqu’au fruit défendu
Son ventre se tord soudainement et ses jambes manquent de perdre de leur force.
Leurs peaux humides collées l’une à l’autre, il ressent tout
La vigueur de ses muscles
La douceur de sa peau pourtant parsemée de plaies
Les frissons, la chaleur
Geb n’a plus de mots pour protester, car il ressent en même temps que Sasori ce lien étrange qui bouscule leurs esprits et leurs corps. Qui laisse chavirer dans un flottement cette idée innocente et pourtant fatale.
Et pourquoi pas ?
Pourquoi pas maintenant ?
Si son corps lui hurle de tenter l’expérience ?
Que la douceur et le contact visuel le met en émoi, pourquoi pas ?
Les regards se fuient, soudainement revenus à la réalité au moment où une femme et un enfant les rejoignent. Sasori l’écarte de lui, le cache derrière lui. Geb, encore silencieux et bercé par ce mélange d’émotion dont il avait oublié la puissance porte sa main à sa bouche, pensif, perturbé.
Au moins, Sasori a l’esprit clair pour entreprendre la conversation, oubliant presque la raison de sa venue.
Mince.
L’enfant et la femme. Au vu du caractère de Sasori la conversation risque de mal finir.
“Justement nous-”
Sasori prend la parole, le coupe pour réclamer une serviette, puis pour répondre avec patience aux questions de l’enfant.
Le Prince reste dans son mutisme, il observe, découvre, avec surprise les traits doux de Sasori dans sa conversation. Geb suit le regard de Sasori, sans doute aurait-il dit quelque chose en réalisant l’identité du voleur. Ses sourcils se froncent, son nez se retrousse pour se donner cet air mécontent, mais la serviette vient rapidement couvrir le début d’un sermon inutile.
Bon, au moins leurs affaires ne sont pas entre les mains d’un voyou malhonnête. Geb fixe l’enfant cependant, avant de lâcher un soupir.
Il déteste les enfants, mais celui-ci a dans sa bouille déconfite quelque chose de doux qui l’empêche de hausser le ton.
“F-faute avouée à moitié pardonnée.” marmone-t-il à son intention. Et à nouveau la voix de Sasori le laisse pantois.
Il ne reconnaît pas cet homme, quelque soit les souvenirs qu’il lui aspire, quelques soit les élans de taquinerie qui le transporte à sa vue. Sans ses tatouages, il aurait presque pu le confondre avec Kiseki en cet instant.
“Vous… Vous vous êtes montrés étonnemment… Doux, avec cet enfant.” une remarque simple, et qui pourtant dans son regard laisse supposer bien plus.
Il ne sait strictement rien de lui, ni de son attrait soudain pour l’art, ni de sa tendresse envers des enfants qui ne sont pas Kiseki.
Tout cela lui échappe, mais probablement parce que l’instant précédent Sasori s’est permis de laisser leurs corps se rapprocher à la limite de l’impardonnable. Et en même temps il ne déteste pas cet aspect de lui, en cet instant. Il se tourne finalement.
“Peu importe… Retournons aux bains si vous voulez que nous discutions des modalités concernant votre… Proposition contre le tableau.”
Mais cette fois-ci, il fera attention où il met les pieds et à se placer de sorte à ce que le Seigneur de Nordahl ne le mette plus dans une posture embarrassante.
Son coeur déjà peine à se calmer.