Il était plus difficile d’achever un ennemi. Plus difficile de rendre les coups sans sentir son corps s’essouffler. Tu restais à l’affût, tu avais de l’expérience et pourtant, même à toi les erreurs arrivaient. Si tu en avais payé les conséquences, tu avais pu compter sur tes camarades. Tarek et Tharja avaient réussi à mettre à terre ce monstre. Et si tu sentais les soins du prince derrière, tu n’avais pas vraiment le temps de souffler. Il ne fallut que quelques instants avant qu’un autre vienne t’attaquer. Pourquoi toi en particulier ? Qui sait. Peut-être que cette Tour cherche à te mettre à bout. Qu’elle veut te tester. Prendre ta vie comme elle l’a fait pour bien d’autres.

Il te faut lutter.
Tu dois résister.
Même si la Mort serait peut-être un chemin de facilité.

Tu sens ta respiration se couper quelques instants en sentant son poing. Tu répliques. Tant bien que mal. Mais tu fus bien incapable de l’achever ou de porter un deuxième coup. Cependant, tu sens une aura meurtrière à tes côtés. Une rage que tu ne pourras jamais comprendre peint le second prince de Djinn. Tarek abat violemment sa hache. Le regard noir. Une vue immonde qui pourtant ne te faisait rien. Malgré la violence de la scène. Malgré sa haine. Tu poses tes yeux sur lui, sur cet homme qui te nommait comme son compagnon. Devrais-tu être touché ? Tu ne sais pas. Tu ne sais pas cependant… Ce n’était pas désagréable de savoir que la confiance était mutuelle. De l’entendre directement de cette façon. Et lorsque c’est ton nom qu’il appelle, tu te redresses pour exécuter sa demande.

« Oui. »

La lance tranche le cou de l’ennemi. Le sang se répand aussi sur ton corps. Te mettant de paire avec ton camarade.

« Voilà qui est fait. Merci pour votre soutien. »

Le dernier ennemi tombe. Son corps lourd qui s’écroule, tes yeux observent la scène alors que tu reprends petit à petit ton souffle. C’est de sang que tes vêtements sont teint. C’est du rouge qui peint ton masque. Tel un sombre esprit qui hante les lieux. Un démon. Tu as cette apparence macabre, mais l’inquiétude pour tes camarades permet de savoir que tu as malgré tout un côté humain. Même si personne ne le voit. Personne ne sait que tu es rassuré de savoir tous tes camarades entiers.

« Je vais bien. »

Les blessures s’accumulent pour tout le monde. La fatigue aussi. Peut-être pas uniquement physique. Il y a quelqu’un pour te soigner, mais mentalement… Cela pouvait être décourageant de voir à chaque étage toujours plus d’ennemis. De sentir toujours plus de coups. De voir toujours plus de rouge. De répandre encore et encore du sang. Heureusement, tu étais forgé pour ça. Mais était-ce le cas pour tes compagnons ? Est-ce que tout le monde pouvait tenir bon jusqu’au bout ? Est-ce qu’il te faudrait dire des mots pour tenter de les encourager ? L’idée traverse ton esprit, mais tu ne saurais pas quoi dire… Tu ne les connais pas après tout. Et tu n’es pas sûr que cela serait réellement efficace de ta part.

Geb en fut capable.
Quelques mots.
De simples mots, mais tu sais parfaitement que cela pouvait apaiser les esprits.
Permettre à tous de ne pas se perdre dans cette Tour infinie.

« Oui. Je vous suivrais jusqu’au bout. »

Après avoir encore une fois escaladé les marches, ton regard se pose sur cette nouvelle salle. Pas d’espoir. Rien. Ce sont deux vers géants qui vous font face. Êtres immondes et particulièrement imposantes. Tu t’avances prudemment face à ces nouveaux ennemis. Tu ne sais guère à quoi t’attendre dans ce nouvel étage. À quel point ils seront forts. Alors inspire. Observe. Maintiens ton esprit clair.

« Vous a-t-on déjà reportés la présence de tels monstres en Djinn ? »

Qui sait, peut-être que tes compagnons pourraient t’offrir quelques informations ? Dans tous les cas, tu allais savoir de quoi ils étaient faits. Par choix ou non.

Ce sont des monstres inconnus sous tes yeux. Tout comme les précédents, néanmoins, cette fois, si ton ignorance est toujours présente, tes compagnons de fortune sauront possiblement t’éclairer. À ta question, Tarek t’intime le silence d’un simple geste. Tes lèvres se scellent alors immédiatement alors que tes oreilles prêtent particulièrement attention à ses propos. Sensibles aux bruits ? C’était une information utile. Même s’il est impossible d’être complètement silencieux, vous pouviez vous rendre le plus discret possible. Est-ce que ces bêtes ont des yeux ? Est-ce qu’ils sentent les ondes dans le sol à chacun de vos pas ? Tu ne sais rien des vers alors tu ne peux que faire des suppositions. Geb vint néanmoins rajouter quelques informations.

Rien de rassurant.

Même s’ils étaient moins nombreux, ils sont massifs, imposants, et probablement plus puissants… Peut-être plus résistant. Tu avais déjà senti sur vos précédents ennemis que certains de vos coups étaient plus légers… Tu espérais que ta lance allait malgré tout pouvoir trancher la peau du monstre… Un léger soupir et d’un simple mouvement de tête, tu leur indiques avoir bien pris en compte leurs paroles. Tu avances donc, de quelques pas, faisant particulièrement attention à ne pas être bruyant. C’était plutôt simple pour toi, tu as naturellement le pas léger, mais à quel point étaient-ils sensibles ? C’était surtout ça la question…

Tu ne les quittes pas des yeux.
Tu restes sur tes gardes.
Le combat allait bientôt reprend

Comment ont-ils fait pour arriver jusqu’ici… Etait-ce là un pouvoir de la Tour ? Ou sont-ils ici depuis des centaines d’années, à attendre que quelqu’un vienne les défier ? En ce lieu, tout semble possible, était-ce de par son lien avec les Dieux ? Pour le moment, à chaque marche atteinte, il y a plus de questions, de nouveaux ennemis… Jusqu’où deviez-vous monter pour avoir, ne serait-ce qu’un indice ? Ou bien fallait-il atteindre le sommet pour enfin comprendre ? Si c’était le cas, tu n’étais pas prêt d’en savoir plus. Ni sur la raison de l’ouverture de la Tour d’Argos. Ni sur ces monstres. Mais tu sais te montrer patient, alors les réponses viendront, lorsque ce sera le bon moment. Lorsque les Divinités de Cheldis auront décidé de te les donner.

Pour le moment, il faut combattre.
Encore et encore.

Tu as cette impression que ces vers sont plutôt intelligents. Après avoir reculé, l’un d’eux vient t’attaquer de loin. Évidemment, c’était à toi qu’il s’en prenait. Tu aurais fait de même à sa place. Tu étais le plus proche, et entre Tarek et toi, nul doute que tu étais le plus frêle. Mais un coup ne suffisait pas à te mettre à terre loin de là. Était-ce une force nouvelle ? Un coup d’adrénaline ? Tu te déplaces rapidement sur le côté et portes un coup fatal à ton ennemi. Si le monstre tombe à terre, tu remarques que la Mort n’est pas encore venue le chercher.

« Attention, il n’est pas encore mort. »

Ils sont tenaces. Ils sont forts. Mais en ce jour, ils allaient trouver le repos éternel. Tu y croyais. Tu n’avais pas le choix d’y croire.