La colère monte au nez du Prince, la frustration aussi. Probablement que la fatigue et les changements d’état de chacun a raison du Prince dont le rôle ne parvient jamais tout à fait à satisfaire.

Il n’est pas devenu officier pour être en arrière, ça non.
Mais s’il entend que sa condition de Prince doit l’obliger à se mettre en arrière, à laisser les autres foncer et lui rester en arrière, il ne l’accepte pas totatlement.

Si Tarek se tait, la mage, elle, se place devant lui, empêchant sa frustration de le mener à sa perte. Ses épaules se détendent un peu. Il détourne la tête légèrement pour regarder ce qu’il se passe devant lui. Il serre les dents.

“Vous…" Fierté qui s'envole, il prend une grande inspiration pour retrouver son sang froid, ne pas alimenter sa colère, ne pas s'enfermer en elle comme pour justifier sa présence. "...Vous avez raison, Tharja. Je ne peux pas me permettre de perdre mes gonds maintenant.”
Il sonde la créature s’attaquant au lieutenant, ce dernier se trouvant en difficulté entre ses griffes.

“Il est particulièrement résistant. Mais si vous pouvez le charger de vos sorts, certainement qu’il sera suffisamment affaibli pour qu’on puisse lui mettre le coup de grâce.” dit-il avant de prendre entre ses main son bâton de soin.

“Je vais devoir me rapprocher malgré tout pour soigner le lieutenant… Je serai prudent.” Il n’est pas en capacité de pouvoir promettre davantage, jusqu’ici son habilité de mage l’empêchait d’aider ses camarades autrement qu’en étant à proximité.

Mais cette tour, il y a quelque chose qui depuis un moment qui l’anime. Il connait les formules pour avoir été formé pour ce jour, mais il n’a jamais eu plus que cela, finalement. A présent, sans doute serait-il intéressant de tester à nouveau ses ressources.

Derrière Tarek, il prend une grande inspiration, et laisse l’air s’échapper de ses poumons. Le bâton en l’air, le regard sur le lieutenant, il laisse une prière glisser entre ses lèvres dans un murmure que seul l’air frais des lieux puisse entendre.

Il s’imaginait devoir grogner sur un nouvel échec, mais l’aura qui émane du corps d’Ozora, cette douce lumière qui referme ses plaies est la preuve même de sa réussite.

Il a progressé, oui.
Et plus que cela, lorsque le bâton retrouve son extrémité au sol, il se redresse tout naturellement. La douleur qui tirait son corps a disparu, elle aussi.

Est-ce là une illusion ? Rêve-t-il ?
Il n'est pas l'heure pour se poser plus de questions.

“Tarek. Je suis désolé." Une parole qui s'évanouit presque pour une autre. "Achève cette bête, je te couvre.”

Il devait mettre sa peine de côté, chose qu’il avait oublié dans la frustration.
Il fallait avant tout se concentrer sur cette créature.

Action : Oz attaque le Loup de l'Equilibre

Les attaques combinées de son frère et du lieutenant de Kanagawa ont raison de la soudaine fébrilité de la créature. Il grogne, tout crocs sortis devant ses adversaires. La salive s’écoule entre ses gencives pour tomber sur le sol poussiéreux de l’étage. Ses poils se hérissent, se gonflent pour paraître bien plus menaçants, et son regard, d’un éclat bleu électrique les perce avec violence. Nul doute qu’il ne laissera plus ces derniers l’achever. Il tient bon et n’hésitera pas à tuer quiconque se trouve près à l’achever.

L’attaque de Tharja, prévu pour achever ne fait pourtant aucun effet. Se serait-il protégé à présent des offensives magiques ? Alors le tome ne lui sera d’aucune utilité pour ce combat, il l’avait déjà ressenti la première fois et, même s’il ressent avoir progressé, il lui est impossible de poursuivre parfaitement son rôle de soigneur : Provoquer l'impensable avec un bâton pourtant destiné à soigner les personnes adjacentes a fissuré la pierre de son bâton de soin.

Quoi qu’ils en disent, ils ne peuvent pas lui en vouloir d’agir à son tour. Car dans le regard de la créature, les menaces actuelles sont devant lui.

C’est le moment.

Il fait quelques pas de côté, espérant ne pas attirer l’attention du loup et, une fois assuré d’être hors de portée, hors de sa vue, le Prince porte entre ses doigts crispés la lance qu’il portait dans son dos. Son souffle calme les battements de son cœur, il faut venir à bout de cette créature au plus vite et profiter de l’effet de surprise pour l’achever.

Une impulsion. Sa foulée l’amène rapidement aux côtés des combattants, les dépasse pour faire face à son flanc. Prêt à attaquer, il ne reste plus qu’à jouer jusqu’au bout.

Il adresse un regard vers ses camarades, un regard entendu, celui qui donne le signal pour que la dernière attaque, commune, mette un point d’honneur à tout ce chemin parcouru.

Il siffle bruyamment entre ses doigts. La créature se tourne vers lui et sa voix se brise dans son ordre.

“Maintenant !”

La lance transperce la plaie béante de la créature, les diverses attaques ont permis de percer sa peau charnue pour atteindre les plus fragiles de ses organes.

Sans doute, a-t-il été l’instigateur de sa fin, mais il ne fait aucun doute qu’il y avait besoin d’au moins d’un Lieutenant à la force tranquille et d’un combattant de Djinn à la puissance indomptable pour en venir à bout.

Le regard de la bête s’éteint progressivement, la vie s’envole et son corps massif perd son équilibre.
Il tombe lourdement au sol, inerte, plongé dans un sommeil éternel.

“C’est fini...” Souffle Geb, comme pour se rassurer, comme pour s’autoriser à se calmer.
“C’est fini.”

Brièvement, un sourire naît sur ses lèvres, un sourire fier qu’il offre à ses camarades alors que la fatigue, la sueur et le sang déteint la pureté impeccable de celui qui s’époumone futur Roi de Djinn.

Un regard vers le fond de la pièce, hormis deux coffres somptueux, la route semble s’arrêter ici. Comment l’expliquer ? Ont-ils choisi la mauvaise route ?

“Est-ce que tout le monde va bien ? C’était… ” Éprouvant, mais fantastique. C’était pour cela qu’il était là. Pour cela qu’il était devenu Officier de l’Armée. Pour ce frisson, ce sentiment de puissance et de fierté lorsque les efforts fournis amènent à la victoire.

Il comptait faire un pas vers ses camarades, mais il tient tout d’abord à arracher sa lance du corps de la bête, le tintement soudain d’un objet sur la pierre attire son regard.

Une clé ? D’où provient-elle ? Instinctivement, il relève la tête vers les coffres au fond de la Tour. De lui-même, il n’estimerait pas prudent de souiller un lieu aussi important, mais avec l’assurance de ne pas forcer le destin, il lève la main en désignant la clé en sa possession vers ses camarades.

“J’ai ceci…” Un silence. “Il ne serait pas correct d’emporter de trésors… ”

Qu’ont fait l’Archevêque et le Seigneur de Nordahl avant lui ? En un sens, la réponse pourrait peut-être le conforter dans sa décision, lui, qui possède tout se laissera-t-il tenté par l’avarice ? Le lieutenant Ozora, lui, ne fait pas autant de manière et ouvre l'un des coffres devant lui. Un silence, et puis la curiosité l'emporte.

"... Cependant, rien ne nous empêche d’y jeter un coup d'œil ?" Il se dirige vers l’un des coffres, laissant le hasard décider pour lui, il ouvre celui qui n'a pas été encore ouvert.

Les paroles touchantes du lieutenant le fait sourire sincèrement alors que sa main plonge dans le coffre.

"Il en va de même pour nous, Ramses. Il serait prétentieux de ma part de nous contenter de vous remercier en tant que princes, même si cela reste d'une grande importance. Disons plutôt... Que c'est en tant que Geb, que je vous remercie. Ce voyage avait pour ambition de mieux appréhender ce que la Tour d'Argos pouvait bien réserver, ainsi que comprendre ses enjeux... Voilà chose faite."

Au moins, il était à présent certains que l'origine des vers de sable est associé à cette tour.

"Même si la Tour semble étrangement s'arrêter ici..." Est-ce la volonté de la Déesse Azaïth ou y a-t-il une toute autre signification à cela ? Une chose était certaine en tout cas, ils rentreront l'esprit remplies de ces précieuses expériences. Son attention se tourne vers Tarek longuement, et finalement la rancoeur s'en va.

Elle n'a plus raison d'être. Qu'ils le veuillent ou non, ils sont frères d'armes. Ils ont survécus. Ensemble.
"Qu'en penses-tu, Tarek ?"