La tendresse et la bienveillance des mots de la mercenaire lui coupe à nouveau le sifflet, il n’est pourtant pas si sensible à ce genre de compliment, mais le simple fait de n’être qu’un simple individu dans un groupe, avec au mieux un nom rend cette excursion agréable.

Mais il doit se ressaisir, la tour n’est pas à prendre à la légère, surtout quand la vie de ses camarades est en jeu. Cette réalité ne pouvait pas être plus limpide à ses yeux lorsqu’ils se confrontent à un nouveau groupe d’ennemi.

Des étranges créatures à la gueule grande ouverte, aux apparences aquatiques et pourtant avec des attributs terrestres les sondes au loin. Sa main se porte à son carnet pour y gratter quelques informations clés. Mais rien de ce qu’il voit ne lui rappelle quelque chose. Il n’a jamais vu une chose pareille mais ça ne serait pas la première fois qu’il se confronte à ce genre d’étrangeté. En prenant connaissance des lieux, il indique à ses camarades ce qui s’apparenterait à un coffre.

- “Loin de là l’idée de me montrer cupide…” Après tout ce n’est pas comme s’il en avait réellement besoin, mais ils n'en savent à priori rien “mais il faudrait peut-être voir ce que ces coffres contiennent dès que possible.”

Il serait difficile de l’expliquer sur le tas puisque les monstres se rapprochent, mais lors de sa dernière excursion lui et son groupe avait trouvé des objets utiles à la suite de leur route. Il fallait en faire profiter le groupe le plus possible si cela s’avérait avantageux.

Ismène et Kratos foncent sur les créatures et combinent leurs forces pour vaincre l’une d’entre elle. Un travail d’équipe que Geb ne peut que saluer silencieusement tandis qu’il échange un regard avec son ami comme pour partager cette constatation. Son regard se renfrogne, il le dissuade de jouer les héros cette fois de ce qu’il peut en comprendre et si Sasori s’est déjà avancé pour les rejoindre, Geb fait une petite moue derrière son écharpe.

Ce n’est pas comme s’il avait agi sur un coup de tête à l’étage précédent, la vie de ses camarades est sa responsabilité… Mais si cette fois-ci, après s'être fait fouetté, il aimerait s’éviter de se faire gober par ces immondes créatures. Devoir progresser dans la sueur, leur salive dégoûtante et une haleine à lui en donner la nausée tout du long... très peu pour lui.

Voyant ses camarades en pleine forme et en bonne posture, le prince s’avance non loin d’Ismène, à une distance qu’il s’imagine raisonnable pour ne pas subir les foudres de ses camarades, son tome en main pour le dépoussiérer.

Il n’en aura pas besoin, n’est-ce pas ?
N’est-ce pas ?

Ses camarades semblent avoir saisi l’objectif des coffres sans prendre de risques inutiles, ce qui est une bonne chose. Contrairement aux premiers étages, Kratos et Ismène semblent à présent bien plus à l’aise et agiles dans leurs actions. Un à un, les monstres tombent sous leurs coups sans que Geb ou Sasori n’aient à intervenir. Le Prince connaît les penchants sanguins et guerriers de Sasori, alors il ne s’étonne pas de le voir ronger son frein pour offrir l’opportunité aux deux autres de se faire à l’étrange tour. De son côté, Geb les regarde et acquiesce plusieurs fois, bien content de ne pas avoir à courir partout cette fois pour faire des soins d’urgence.

Les propos d’Ismène à son encontre manquent de lui faire avaler sa salive de travers, il ne pense pas avoir entendu quelqu’un le défendre avec autant d’enthousiasme dans la bataille. Le plus souvent, on agit pour sa sécurité, mais la mercenaire sait se montrer affectueuse dans sa manière de combattre. C’est inédit pour lui.

Quand il ne reste plus qu’une créature debout, Geb prend le temps d’évaluer leurs meilleures chances de survie. Ni Kratos, ni Ismène ne semblent avoir besoin de son aide - et ne parlons même pas de cette montagne de muscles qu’est Sasori - cependant aucune d’entre elles n’ont eu le temps de montrer leur véritable force, qu’en serait-il ? Le Prince se place aux côtés de ses deux protégés afin de leur apporter la protection nécessaire face à cette dernière créature à la gueule aussi grande qu’un gouffre sans fond.

C’est à espérer qu’ils n’en auront pas besoin.

Si le groupe est parvenu à se défaire de cet étage avec plus d’aisance, Geb ne peut réprimer un soupir de soulagement. Après tout, ils viennent de passer un nouvel étage, à combien sont-ils et combien leur reste-t-il à faire avant de sentir le souffle de la mort se rapprocher à grand pas ?

Mieux vaut ne pas y penser, tant qu’il est là, il fera de son mieux pour garder tout le monde en vie. C’est ce que Sasori a l’air de dire aussi.

Kratos et Ismène atteignent les coffres tandis que le Jötunheim semble mettre du cœur dans son action contre la dernière créature. Sans lui avoir parlé, il sent que quelque chose le préoccupe. Il ne prend cependant pas le temps d’aller le voir, Ismène la rejoint rapidement.

- “Oh. Euh…” le Prince alterne entre Ismène et sa blessure, il secoue vivement la tête. “N-non, ce n’est pas grand chose, vraiment… Et puis regardez.” D'un geste bref, il fait quelques flexions rapides de son bras pour lui montrer que tout va bien. Sa magie le protège.

Il ne vaut mieux pas qu’il se découvre de trop, Sasori risquerait de le lui faire payer s’il se laisse trop aller. Malgré son visage masqué, ses yeux se font rieur, ouvert à la sympathie de la mercenaire. Il ne fait rien de mal, après tout, non ? Ce n’est pas comme s’il a l’habitude de voir des personnes sincèrement inquiètes pour lui. Mais avant qu’il ne puisse réprimer, le gloussement dans le fond de sa gorge lui coupe le sifflet, et la mercenaire prend la poudre d’escampette.

Sans doute vaut-il mieux la laisser tranquille pour le moment.

- “Sasori, est-ce que…” Il n’insiste pas plus, l’humeur massacrante du Seigneur semble l’empêcher d’être à l’écoute. Mais s’il n’envisage pas de lui parler, le Prince n’est pas prêt à le laisser passer à l’étage suivant blessé (même un peu). Alors que le guerrier lui tourne le dos, Geb souffle le sort de soin en direction de Sasori. L’extrémité de son bâton retombe au sol et il sent au fond de lui que ses forces reviennent par la même occasion. Un bref regard à son intention suffit à lui communiquer que, grincheux ou non, Geb ne le laissera pas tranquille pour donner le meilleur de lui-même.

Rapidement, il se rapproche du chevalier-chercheur, après tout ce temps, il n’a pas eu l’occasion de s’assurer de son état. Il semble, après tout, bien se débrouiller.

- “Et vous Kratos ? Vous êtes silencieux, comment vous sentez-vous ?” Pendant qu’ils rejoignent l’escalier, il essaie de se rapprocher du chevalier-chercheur. “Avez-vous trouvé quelque chose d’intéressant dans ce coffre ?” Peut-être est-il simplement timide. Il l’espère en tout cas.