Page 1 sur 1
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
.002
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
ft. Akates Moonlight
J’entre dans l’âtre du cachot et alors que je déambule dans ces prisons humides et moisies, j’entends plaintes et gémissements. Mon cœur se serre doucement face à leur malheur, mais ils ont eu leur chance de rédemption et l’ont tout simplement refusée… Il y a aussi les cas où leurs crimes étaient trop graves pour rester impunis et c’est donc la sentence qui les attend.
En-tout-cas, j’avance dans cette cage sombre qui résonne de toute part et qui m’éreinte. C’est ma punition pour avoir décidé de te laisser une seconde chance.
Cela fait 10 jours désormais, 10 jours que l’on te soigne et que l’on essaie de te maintenir en vie. C’est désormais possible et ton état est enfin stable, nous allons pouvoir te passer au purgatoire. Je déteste cette étape, mais je suis ta garante, vu que je suis celle qui a empêché ta mort, je dois en assumer les conséquences.
J’arrive enfin à la hauteur de l’endroit le plus misérable et le plus glacial qu’il soit. Là, des gardes sont postés de chaque côté. Je sors un mouchoir de ma poche et le pose sur mon nez, trouvant cette puanteur insoutenable.
J’entre et vois un petit bureau en son centre et toi de l’autre côté, enchaîné. J’entre fièrement et te toise de toute ma hauteur, mon regard est dure, je ne suis pas prête à me faire rouler encore de nouveau.
Une fois à l’intérieur, je prends place et observe le fugitif sous toutes les coutures. Il fait peine à voir, je ne sais même pas comment il fait pour encore respirer. Il ne faut pas tarder, avoir le plus de réponses avant que sa mort n’arrive.
J’éclaircis ma voix et commence.
- Bonjour, cela fait longtemps. Je vais être directe, je veux des réponses, es-tu prêt à parler sincèrement ?
Je ne désire pas pratiquer la torture sur un corps déjà meurtri… Et même si je peux la déléguer à certains bourreaux, je devrais y assister. Ces scènes sont régulièrement à vomir et j’ai du mal à contenir ces relents persistants. Après avoir laissé quelques secondes à mon vis à vis de répondre, je reprends.
- Je ne vais pas y aller par quatre chemins, si tu coopères, tu pourras avoir une place de choix parmi nous si tu fais tes preuves. Tes acolytes t’ont abandonné, il est donc claire qu’un choix est plus valable qu’un autre… Mais ma patience à des limites, plus tu te montres réticent, moins je pourrais t’octroyer un avenir radieux… On ne peut faire confiance à n’importe qui.
Je croise mes bras et continue de recouvrir mon nez de ce petit morceau de tissu. Cet endroit est à vomir et je désire en sortir le plus rapidement possible. J’espère que tu seras coopératif et que l’on pourra vite tourner la page et aller de l’avant…
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
Le destin d'un Corbeau aux ailes brisées
Akates Moonlight • Kamelia Moore
J’étais en vie. Comment ? J’avais juré que mes esprits m’avaient lâché sur le navire, alors que j’avais clairement démontré mon caractère belliqueux. La promesse de la princesse était-elle réelle ?Par ailleurs, avaient-ils interprété ma perte de conscience pour une capitulation… ? Quelle disgrâce. Toutefois, maintenant que j’en étais arrivé là, je ne pouvais qu’écouter ce qu’ils avaient à dire.
En premier temps, je constatais l’ampleur de mes blessures. Il était étonnant que je n’avais pas succombé face à celles-ci, mais il était facile de comprendre que la royauté avait pris le soin de m’accorder des panses afin que je puisse me rétablir du mieux possible, et ce malgré l’exécrable cellule dans laquelle je me retrouvais. Une geôle dans un cachot, typique espace attribué afin de contenir les divers scélérats qui pouvaient peupler le monde. Ma place en ces lieux n’était pas justifiée.
Ou l’était-elle ? Je savais bien que mes actes n’étaient pas réellement nobles, mais je faisais en sorte de vivre comme je le pouvais. Éliminer la raclure corrompue de ce monde, subtiliser le surplus de richesse des marchands pour les distribuer aux nécessiteux, à savoir nous, sauver des femmes terrorisées et leur affecter une place au sein de notre groupe… Même si ces dernières figuraient dans le bas de l’échelle, elles étaient toujours en vie, et bien moins malheureuses que lors de leur précédente situation.
« Chacun de mes mots est toujours une vérité. Le mensonge n’a jamais fait partie de mes pêchés. »
Je n’en voyais pas l’utilité, de mentir. Quoi qu’il en soit, cette princesse avait le culot de se présenter aussi fièrement devant moi. J’avais maintes occasion de lui ôter la vie, mais j’en avais décidé autrement comme pour démontrer ma bonté, et accessoirement, du moins principalement, parce que je pensais que la garder au sein des vivants allaient me procurer une meilleure chance de m’en sortir.
Avant que je ne réponde, j’avais pu voir le désarroi de la damoiselle, sans doute trop habituée au luxe pour déprécier suffisant la pourriture qui s’installait lentement sur les parois de cette cellule. Cela m’ôta un léger rictus contempteur, tandis que quelques mots s’échappèrent naturellement de ma bouche.
« La lady ne peut déjà plus supporter la laideur environnante, mais se permet d’y laisser moisir ses prisonniers ? Au sein des Moonlight Crows, cette hypocrisie ne figure pas. »
Abandonné ? Moi ? Impossible. Qu’importe comment je retourne les circonstances, j’étais le meilleur élément du groupe, et il n’y avait aucune raison pour se débarrasser de moi. Absolument aucune. Akates Moonlight était… Akates… ? Un passage de ma mémoire se rejoua un court instant, avant que je ne m’approprie ce nom. Lorsque l’homme figurant en tant que faible matassin présenta ses rêves à son frère. Légitimer les Corbeaux en une force respectable. Et en face de moi se trouvait une personne que l’on ne pouvait rencontrer en temps habituel. C’était donc ça. Ma mission.
« … Que me veux-tu ? »
Fis-je alors, les paupières fermées.
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
.002
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
ft. Akates Moonlight
Chacun de mes pas se fait lent et calculé, je suis méfiante, mais tout aussi confiante. Je n’aime pas cet endroit ni ces conditions qui sont données à ceux que l’on nomme criminels. Bien que j’arrive ici en tant que Princesse, j’aurais préféré être ici en tant qu’égal à égal. Ce titre n’est pas un plaisir pour moi, je ne considère personne comme plus ou moins important que moi, nous sommes tous humains nés ou non avec des facilités. Pour autant, je dois instaurer ce masque de femme puissante et dangereuse pour obtenir les réponses qui m’incombent.
Pour commencer, tu me certifies que chacun de tes mots sont vérités et cela pourrait avancer les choses. Je n’ai certes pas forcément confiance en ta parole, mais tes mots ne semblent pas mentir, cela serait donc une belle avancée.
Tu m’observes à la suite et sembles te moquer de moi. Je grimace à la suite de tes propos et laisse ma main percuter sur l’acier de la table qui nous sépare, te dardant avec dépréciation. J’éloigne quelque peu le mouchoir de mon visage et rétorque avec une froideur glaciale.
- Qui la supporterait ? Sache que le lieu où on vous laisse moisir n’est pas de mon fait mais de celui de mon paternel. Je suis contre cet endroit, pour moi chaque homme a le droit à un minimum de décence et de confort, peu importe ce qu’il a fait… Comment chercher la rédemption chez quelqu’un si on le laisse dans un endroit si minable ? On attisera qu’un peu plus sa haine, mais j’ai beau élever la voix, je ne suis pas écoutée par ce dernier. Ne remets pas tous les tors de la famille royale sur la fille… Mais il est vrai qu’au sein de ta bande, cette hypocrisie ne demeure pas… Elle est pire.
Je laisse le silence planer un petit peu, le temps que tu digères cette première information. Je veux que tu comprennes ce dans quoi tu as traîné pendant toutes ces années.
- Vous pensez être de bons samaritains ? Kidnapper des gens sans leur consentement! Quelle charité ! Qu'est-ce que vous leur faites subir ensuite?! Vous n’avez pas bonne réputation… Je ne suis même pas certaine qu’on puisse vous qualifier de pirates au vu du code d’honneur que vous n’avez même pas à déloger ces pauvres gens. Vous leur faites quoi? Travaux forcés? Viol?… À quel point on a lavé ton cerveau pour que tu puisses penser que ce que tu fais te qualifie de sauveurs ?
Mes poings se sont serrés et dans le feu de l’action, mon masque de glace se fissure pour laisser entrapercevoir toute la douleur de voir un peuple si esseulé. La peine et la culpabilité rongent ma personne et dans un souffle je laisse ces mots m’échapper : « Je ne supporte plus toute cette ignominie que le peuple subit... »
Je me reprends rapidement, me redresse et alors que j’ai ton attention, bien que tes yeux se ferment, je croise les bras. Il me faut démanteler votre réseau de malfrat, mais attaquer frontalement avec toi, ne semble pas une bonne façon de faire. Je masse mes tempes d’une main, soupire et décide d’abandonner un peu plus mon rôle pour instaurer un lieu de confiance et confidence.
- Je veux entendre de ta bouche déjà, ce que tu penses de ton organisation et ce que vous pensez faire… Vu qu’apparemment tu penses être justicier, je veux te comprendre pour commencer.
Ma voix se fait plus douce et je t’offre même un sourire. Je n’arriverai à rien si je te braque.
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
Le destin d'un Corbeau aux ailes brisées
Akates Moonlight • Kamelia Moore
Il était vrai qu’une princesse n’avait d’apparat que son titre, mais aucun réel pouvoir décisionnaire pour ce qui est de la gestion globale du royaume. Seuls quelques incidents mineurs pouvaient être résolus par la fille du Roi, elle qui ne figurait que pour faire jolie. Mais pour l’heure, c’était l’unique personne à laquelle je pouvais me rapprocher, me raccrocher afin d’atteindre mes fins. Même si elle n’avait aucun pouvoir par rapport à la tête de la famille, elle avait des liens du sang qui n’étaient en aucun cas négligeables.
« Pire dis-tu ? On n’octroie jamais une seule chose que l’on est pas prête de subir. »
Les règles étaient clairs dès le départ. Impossible de pleurer que l’on était pas prévenu, il était facile de comprendre que notre groupe n’était pas de preux chevaliers en attente de sauver l’humanité.
« Je n’ai jamais kidnappé qui que ce soit. »
Je n’étais pas certain pour ce qui était de mes comparses, mais je n’avais jamais amené quiconque vers nous contre leur gré. Les seuls individus qui avaient pu me suivre l’avaient fait pour leur propre survie. J’avais toujours expliqué les règles de notre groupe, et même si réticents, ils finissaient par accepter les conséquences d’intégrer les Moonlight Crows en commençant par le bas de l’échelle. Un jour, ils auraient l’occasion de s’élever, comme j’avais pu le faire par le passé.
« … Tu ne peux pas comprendre si tu ne connais pas le système interne de notre groupe. Tu parles d’ignominie, mais certaines personnes ne sont même pas qualifiés comme tels selon vos règles. Progéniture d’un scélérat, celui-ci se doit d’être une crapule encore plus immonde. Et ainsi, qu’importe ce que l’on puisse faire, il nous est impossible d’emprunter un nouveau chemin étant donné que celui qui se dévoilait à proximité nous mène vers un terrible destin. »
Je n’étais pas un justicier, je n’étais pas un bon samaritain qui se souciait du peuple et de son bien être. Il en valait évidemment de même pour la troupe criminelle à laquelle j’appartenais, d’autant plus qu’il existait des êtres bien plus obscènes que moi au sein de la famille. Ignobles fripons qui ne jurent que par la force, perfides meurtriers qui se plaisent à détruire des corrompus aussi malfaisant qu’eux, ou même de viles truands menaçants la quiétude des mers. Mais parmi ces énergumènes, il se trouvait aussi des entités plus amènes, notamment mon frère et sa compagne. Ou le défunt clown qui fut le frère du chef…
Moi. Moi je ne savais absolument dans quel groupe je me situais. Ignoble… ? Le suis-je ? Peut-être. Meurtrier ? J’avais déjà tué de nombreuses personnes. Truand ? J’étais un Corbeau, donc il était naturel que je le sois un minimum.
« … Je ne suis pas le mieux placé pour justifier les actions des Moonlight Crows. Je sais uniquement que nous faisons ce que nous avons à faire pour survivre… Parce que je suis un Corbeau… »
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
.002
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
ft. Akates Moonlight
Le dialogue s’instaure, doucement mais sûrement. Nous avançons, tâtonnant ce que l’on peut laisser échapper ou non, que ce soit dans nos propos ou dans notre gestuelle. Tu me reprends sur ma remarque que je juge pire, mais je décide de l’ignorer sciemment. J’ai déjà conscience que si je rebondis dessus, la véhémence augmentera et que l’on aura droit à un joli dialogue de sourds butés. Pour autant, quand tu reprends en affirmant n’avoir kidnappé personne, je tique doucement.
- J’ai du mal à le concevoir… Mais soit, peut-être que toi non, mais je ne pense pas que ce soit le cas de tout ton groupe et d’une certaine manière, tu le cautionnes.
Je prends des pincettes, je sais que tout n’est pas forcément rose… Et votre vie semble bien loin de cette couleur. Je sais que cela ne te fera pas plaisir d’entendre cela, mais je ne peux pas non plus trop te protéger… Il me faut réussir à briser un peu plus ta carapace et alors que tu te confies quelque peu à moi, je m’approche et pose une main bienveillante sur ton épaule, un sourire aux lèvres.
Je ne sais comment tu vas réagir, alors j’essaye plusieurs approches. Je m’accroupis ensuite pour être à ta hauteur et te murmure d’une voix bienveillante.
- Alors explique-moi ce système… Je veux comprendre justement… Et je me fiche bien de savoir de qui la personne face à moi est l’enfant… Car je la regarde elle et seulement elle pour ce qu’elle est. Ne cherche pas la facilité, ce n’est pas parce qu’on est enfant d’un truand qu’il faut devenir encore pire bourreau plus tard… Et je suis ici justement pour vous proposer d’emprunter un chemin plus adéquat… Bien meilleur que celui envisagé je pense.
J’enjolive la réalité, je sais bien qu’ils ne sont pas tous sauvables, bien au contraire. Je sais que si j’arrive à les situer, à les piéger et les capturer, certains seront voués à expier leurs pêchers. Je ne pense pas m’être trompée en voyant en toi autre chose qu’un monstre. Je pense que tu pourrais tout à fait devenir un homme respectable. Je me sens affreuse de songer à un coup si bas, mais par moment, certaines mauvaises herbes ont trop gangrené pour les conserver.
Tes mots me renvoient à même la Terre et je prends conscience, que ton lavage de cerveau a dû être puissant. J’aurai bien tenté un autre contact, mais je ne sais qu’elle serait ta réaction cette fois, alors pour le moment je reste ainsi.
Je continue en tout cas de t’offrir un regard sincèrement compatissant et reprends.
- Tu n’es pas un corbeau, tu es un humain tout comme moi… Tu es bien plus qu’un corbeau. Surtout qu’ils sont tels un mauvais présage et de ce que j’ai compris, tu essayes d’être respectable au sein même de ton groupe…
Je marche sur des œufs avec cet énergumène, mais je n’ai pas réellement le choix. Je ne sais encore ses réactions, alors je prends mon temps.
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
Le destin d'un Corbeau aux ailes brisées
Akates Moonlight • Kamelia Moore
J’avais évidemment mes doutes par rapport aux autres membres du groupe, voilà pourquoi je ne pouvais parler qu’en mon nom pour ce qui était du kidnapping. Après tout, si absolument personne n’avait commis ce délit, comment dame Elizabeth et ma défunte mère auraient pu rejoindre notre groupe ? Si j’avais bien compris, ces deux dames étaient d’origines nobles… Ce qui me fait penser… Je n’avais pas mon pendentif ornemental sur moi.
Alors que j’essayais de repérer ce bien précieux, ma fouille visuelle fut interrompu par l’acte tactile de la princesse. Arquant un sourcil de surprise, je me contins de repousser la damoiselle, curieux de savoir ce qu’elle avait à dire.
Classique, hein. Devais-je remercier mon enseignante de m’avoir appris à manipuler les mots afin d’arriver à mes fins, et cela sans prononcer la moindre parcelle de mensonge ? Diriger une conversation pour atteindre mon objectif portait un goût amer dans ma gorge, mais il était certain que c’était efficace. Après tout, je n’avais pas révélé tout ce passage sur nos conditions de vie sans arrières pensées. J’installais les bases des rails qui me serviraient à propulser les Moonlight Crows.
Ceci étant, j’étais conscient que cela ne pouvait se faire sans contre-partie. Il fallait que je dévoile un brin de volonté de changer de ma part afin que l’échange puisse procéder. Un échange qui était masqué sous l’étendard du changement. Si j’arrivais à manipuler le flux de la discussion, je pouvais totalement tourner les choses en ma faveur. Peut-être même que m’évanouir sur le vaisseau marin était finalement un bon plan, même si c’était légèrement humiliant.
« … Le Corbeau est signe de mauvais présage ? »
Cela me ressemblait bien. Ma naissance avait causé le désespoir de ma mère. Mon envie de grandeur avait décimé l’ardeur du second en chef. Mon élévation avait renforcé la toxicité de notre groupe par mon talent. Cette signification… Elle ne me déplaisait pas totalement.
« Être un Corbeau est tout ce que j’ai. Si je ne le suis plus, je n’aurai plus rien. Je redeviendrais un membre de la caste inférieure, un simple sans-nom. Pas un nom, pas une identité, pas un droit… Pas une famille. »
Bien que j’étais ignorant, je savais très bien que la maison du côté de ma mère n’allait aucunement m’accepter, peu importe le lien du sang que je portais. Au contraire, peut-être même que celle-ci allait chercher à m’éliminer pour cacher cette disgrâce puante qu’elle pouvait voir en moi.
« … Au fait. Où est mon pendentif ? Celui où il est marqué « Lumiveil » dessus. Je te dirais tout si je peux récupérer cet accessoire. »
Lumiveil. Un nom que je n’osais pas porter. Un nom que mère m’avait interdis d’utiliser. L’unique symbole et souvenir que j’avais d’elle.
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
.002
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
ft. Akates Moonlight
Il semble perdu dans de sombres réflexions… Sombres pensées qui me donnent de quoi nourrir mon enquête. En effet, si lui ne semble pas trop maculé du sang de ses crimes et victimes, cela ne semble pas pareil pour le reste. Il est difficile de démêler le vrai du faux et cela me donne la migraine. Cela m’agace de n’avoir que petit bout par petit bout de réponse, surtout que je ne suis même pas certaine de la véracité de ses propos.
J’ai envie de le secouer, de lui hurler de libérer ce qu’il sait car des gens sont en train de souffrir en silence par sa faute, j’en suis certaine. Cet endroit me rend nauséeuse et cela ronge ma patience. J’ai envie de démanteler ce réseau au plus vite, surtout que je me sens piteuse en ce qui concerne notre combat.
Ma clémence a fait de moi une personne faible et qui range son arme face à un homme sans défense. C’est inadmissible d’une guerrière et surtout de la princesse d’Althéa. Je me sens honteuse face à mes parents.
Rien que penser à cet affront me fait monter les larmes aux yeux et je serre les poings, rageusement et reprends contenance. Mon visage redevient un masque où seules les émotions tolérées transparaissent. Je regarde ma main toujours posée sur ton épaule et elle me brûle, mais j’ai décidé d’avancer dans un climat de douceur et de confiance, il me faut donc continuer… Savoir si cela fonctionnera ou non est là toute mon interrogation, mais je pense que cela peut être plus efficace que les coups et les giclées de sang. Pourquoi commencer dors et déjà en brutalisant alors que la douceur peut amener bien plus ?
Tu sembles surpris de ma remarque sur le corbeau et tu alors que je hoche la tête, tu reprends l’importance de cet animal. Tes mots sont l’appel d’une détresse et je ne sais si je dois plonger dans cet univers où la gentillesse pourrait m’embourber à mon tour. Un soupir et finalement mes mains viennent encadrer ton visage pour le prendre en coupe et te forcer à me regarder.
- Tu ne redeviendrais pas rien, tu deviendras simplement toi… De ce que j’ai l’impression de comprendre, le nom que tu m’as donné n’est pas vraiment le tien ? Que sais-tu de ta réelle identité et qui est donc cette personne que tu as présenté comme étant toi ? Quant aux droits, nous pourrons faire en sort de t’en offrir… Mais déjà, explique moi pourquoi tu dis que tu n’as pas d’identité ou de nom et normalement tout le monde a un minimum de droits… Hormis pour la famille où malheureusement, cela peut être le cas, je ne vois pas pourquoi tu serais privé du reste.
Je m’éloigne ensuite de nouveau, mais mains chaudes quittant ton visage. Je me tourne et observe les barreaux de la prison avant que je ne tique sur le pendentif dont tu parles. Cela ne me parle pas, mais je peux comprendre qu’il te soit cher.
- Je vais demander à mes hommes s’ils l’ont récupéré pendant tes soins… Mais il y a un monde où il était sur le pont et que tu l’ais perdu pendant le combat. Si c’est le cas, ça sera beaucoup plus difficile de le retrouver. Il aurait pu tomber dans les interstices des planches du navire.
J’observe de nouveau la moisissure nous entourant et grimace… Les conditions ne sont vraiment pas humaines. Je sais que l’on peut nous considérer comme des barbares et que c’est la loi du plus fort et de la dure qui sont appliquées… Mais c’est un peu trop. Je me retourne et décide d’affronter ton regard, fais-je bien de faire ce genre d’entretien ?
Devrais-je laisser un homme violent me remplacer, j’aimerais interroger Akielos pour avoir son avis...
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
Le destin d'un Corbeau aux ailes brisées
Akates Moonlight • Kamelia Moore
Être moi. Mais encore fallait-il savoir qui étais-je… ? Akates Moonlight ? Le sans-nom numéro 23 ? L’enfant bâtard illégitime de la dame Lumiveil ? Ce que je savais de moi-même était bien trop maigre. Mes connaissances en terme d’Akates Moonlight, frère du chef des Corbeaux, actuel numéro deux du groupe, étaient bien plus développées. Pour être honnête, c’était même quasiment tout ce que je connaissais. Et je n’avais pas non plus eu le besoin d’en connaître plus.
Si je ne répondais pas à la foulée à sa première interrogation, j’attendais patiemment qu’elle réponde à la mienne. Je pouvais paraître insensible, d’une froideur sans précédent, une simple arme dépourvue d’émotion, mais ce n’était pas totalement le cas. Nombres étaient les sujets qui arrivaient à me froisser, à entacher ma fierté, à affecter mon cœur d’une manière ou d’une autre. Cet ornement faisait partie des pires cas. Sans l’accessoire, je sentais comme un vide, une démangeaison se portant sur toute mon essence. Mon perpétuel calme s’en retrouvait perturbé, et mon excentricité n’en faisait que se développer, se délectant de cet irritant manque.
« … Mon pendentif. Fais en sorte de le retrouver vite. »
Fis-je en fermant les yeux, essayant de démontrer une certaine flegme pour couvrir mon inquiétude. Je ne le savais pas moi-même, mais ma gestuelle me trahissait fortement. Mes poings se serraient vigoureusement tandis qu’une part de mon corps tremblait discrètement. Ma bouche s’ouvrait de temps à autre, mais perdant mes mots au milieu de l’intention, aucun son n’en ressortait avant que je ne la ferme. Finalement, après un instant de mutisme complet, je réussis à focaliser mon attention pour me permettre de continuer la conversation précédente.
« Pour parler du système des Moonlight Crows, il existe plusieurs castes, des niveaux de groupe au sein de l’organisation. Tout en bas de l’échelle sont les sans-noms, sans une identité. Simple travailleur n’ayant aucun droit, si ce n’est une protection assurée contre les forces externes, ainsi qu’un accès aux besoins vitaux de l’humain. Tu ne peux ni sortir de la troupe de ton plein gré, ni même demander quoi que ce soit. »
En soi… C’était proche de l’esclavage. L’uniquement changement était qu’il était possible de se défaire de ce bas statut de plusieurs façons.
« Pour sortir de cette caste, le moyen le plus commun est de servir la cause des Corbeaux pour une durée de vingt-cinq années. Suite à cela, on entre dans la classe des membres. Dans mon cas… Je suis passé par la condition la plus spéciale. Un sans-nom peut s’élever directement au rang de Corbeau en abattant l’un d’eux à la loyale. De cette manière, il s’approprie de son identité. Ce faisant, je suis l’unique sans-nom à m’être élevé. Le Corbeau le plus spécial procédant aux missions les plus dangereuses, prestigieuses et glorieuses. »
Il était donc évident que si je perdais mon titre de Corbeau, je n’étais plus rien. Je redevenais un sans-nom, sans aucun droit. De ce fait, il fallait que je réussisse à amadouer la princesse tout en gardant mon statut que je n’allais jamais abandonner.
« … Les soldats… Mon pendentif. »
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
.002
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
ft. Akates Moonlight
Tu sembles perdu et je ne peux rien pour toi, je ne sais ce qui se passe dans ta tête, je pensais que tu réagirais au contact de mes mains sur ton corps, mais même là aucune réaction. Tu es un enfant qui semble perdu entre ces grands murs et je ne peux t’apporter quoi que ce soit pour t’aider. Tu es ce que tu es, un criminel qui semble trempé dans une organisation affreuse pour les personnes qui la rejoignent. Alors que tu réclames ton bijou avec grossièreté, j’ai terriblement envie de t’envoyer balader avant de me reprendre. Je remarque très vite que malgré ton masque d’indifférence, ton corps te trahit et prouve ton inquiétude par rapport à ce pendentif.
Je soupire, frotte ma nuque et me rapproche de la porte avant d’élancer d’une voix vive et forte.
- Avez-vous le bijou de ce jeune homme quelque part ? Nous le cherchons, demandez à toutes les personnes entre qui il est passé.
Je me retourne ensuite vers toi, bras croisés et t’écoute enfin parler un peu plus de ton organisme et alors que les explications fusent, les bras m’en tombent. Ce qu’il me décrit m’écœure au plus haut point et je comprends que tu n’as pas conscience de tes propos. Cela m’atterre, mais je me retiens de te couper parce que je m’insurge.
Tu m’expliques comment tu as fait pour t’élever et tout ceci me dégoûte, la nausée me prend aux tripes.
Je refuse de croire en toutes ces insanités et pourtant… Pourtant je sais que me voiler la face n’y changera rien. Alors je m’endurcis, mes poings se serrent jusqu’à ce que mes jointures blanchissent. Puis je prends une puissante inspiration dans cet endroit qui sent pourtant la mort.
J’étouffe de devoir écouter ces horreurs et mener à bien cet entretien. J’ai envie de fuir, de lui dire de cesser de parler, mais je serais bien faible comme princesse à demander ceci. Qui ne peut donc pas gérer un entretien aussi tranquille ? Personne ! Alors il suffit de ressentir toutes ces émotions inutiles ! Je me drape de mon masque d’impassibilité et de dureté et reprends.
- En soit tu travailles pour un organisme qui rend esclaves les gens que vous capturez. Ils n’ont plus la possibilité d’avoir une identité, avoir des droits et sont forcés de travailler pour vous en n’étant plus personne.
Je me laisse aller un instant, faisant des allers-retours dans la cellule comme un lion en cage et puis j’explose. Je ne peux pas rester de marbre face au malheur des gens.
- Mais réveil toi bon sang ! Tu ne vois pas la cruauté de ce que tu me racontes ?! Comment pouvez-vous faire cela et penser que vous êtes dans le bon ?! Vous réduisez des hommes à néant ! Vous leur privez de toute leur vie sous peine qu’ils vivront des choses meilleures ! Mais en quoi tuer des gens, piller et leur priver du bonheur est un acte de bonté ? Peux-tu affirmer être heureux ?! Cela me répugne de voir que tu ne t’en rends même pas comptes ! Es-tu un fou ou simplement endoctriné par leur système barbare ?! En quoi est-ce une fierté de devenir quelqu’un en prenant la vie d’autrui ?! En quoi est-ce un honneur de remplir des missions qui te mènent à la mort ?! Ne vois-tu pas qu’on cherche simplement à se débarrasser de toi ?! RÉVEILLE-TOI !
Sans prononcer un mot de plus, ma main s’abat violemment sur ta joue. Je la ramène contre ma poitrine vivement, comme si elle me brûlait. Je me rends compte de ce geste grossier que je viens de faire… Tu n’y es pour rien et j’ai laissé ma colère éclater. Je me sens minable, je ne vaux pas mieux qu’eux. Je mords ma lèvre inférieure, recule encore effarée par mon geste et laisse tomber mes bras le long de mon corps, avant de murmurer dans un souffle.
- Je… Je suis désolée pour cela, le geste a précédé ma pensée. Je n’aurai pas dû…
Je sais que ce n’est rien, que c’est même normal de brutaliser la victime pendant un entretien, mais je ne suis pas de ce genre. Je me veux être une princesse juste, je me veux être une femme que l’on observe avec admiration et non dégoût, car je me préoccupe de mon peuple. Ce peuple que je veux protéger, quitte à me mettre en danger en rejoignant cette tour.
Mais il me faut réussir, je n’ai pas le choix… Et pourquoi donc ? Car je suis trop faible pour protéger ce monde de par mes propres moyens, il me faut l’aide d’un dieu pour cela.
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
Le destin d'un Corbeau aux ailes brisées
Akates Moonlight • Kamelia Moore
Mes tremblements furtifs cessèrent lorsque la princesse finit par enfin donner les directives pour retrouver mon accessoire. Un léger soupir s’échappa tandis que je remarquais mes subtiles mouvements de disgrâce. Détournant le regard vers le côté, je pris une discrète inspiration avant de recentrer mon regard vers la princesse, le calme regagnant mon essence.
« Je ne capture personne. Je leur donne le choix de nous suivre. »
Je savais bien qu’elle parlait du groupe en général, et qu’il était sans doute vrai que la plupart des sans-noms n’étaient point en nos rangs de leur plein gré. Mais, moi, j’avais toujours réglé les choses à ma manière tout en gardant les principes d’un Corbeau.
La gifle fut soudaine. Si j’étais encore dans le brouillard, j’en étais définitivement sorti avec ce geste. Je me retins de riposter, mon regard scrutant négativement la jouvencelle.
« … C’est cruel… ? C’est ce que j’ai toujours connu, princesse. Je suis baigné dans ces doctrines depuis ma naissance. Je n’ai jamais vu un système différent. Je n’ai jamais perçu la moindre assistance de la part de quiconque, si ce n’est les Moonlight Crows après m’être élevé. Tu me demandes de me réveiller, et je le suis totalement. Tuer, piller, survivre. C’est le monde dans lequel je vis. »
Le bonheur. J’avais déjà pu entendre cela plus tôt, mais je n’étais pas certain de comprendre, ni de savoir ce que c’est. Ne devraient-ils pas être heureux de pouvoir survivre, même en devant rejoindre la bannière des Corbeaux ? Mère m’avait dit autrefois qu’être en vie était tout ce qui compter, et que le futur réservait des surprises tant que l’on ne rejoignait pas inutilement l’au-delà.
« En quoi tout cela est mal ? Je ne comprends pas. »
Au vu de son intonation, il semblait nous étions véritablement en tort. Peut-être était-ce pour cela que l’ancien sous-chef cherchait absolument à quitter ce statut de criminel qui nous guettait.
« Devrais-je plutôt ignorer mes comparses souffrant de famine ? Devrais-je abandonner mes camarades nous ayant rejoint sous prétexte que piller est une activité mal perçue ? Qu’en est-il alors de ma parole de protection ? Les sans-noms nous rejoignent si nous garantissons logis et nourriture, mais pour cela nous nous devons de voler les marchands, ou nous pourrons pas nous sustenter. »
Au plus j’y pensais, au plus je trouvais cela ridicule. Je ne faisais rien de mal. Non, c’était tout à fait normal de pratiquer ce genre de labeur pour permettre à tout le monde d’avancer.
« Devrais-je laisser vivre ces perfides personnages cherchant à violenter nos membres ? Ces chasseurs de trésor souhaitant kidnapper nos sans-noms féminins pour je ne sais quelle raison ? Ou encore ces pirates venu pour brûler des villages ? »
C’étaient tous des proies que je devais chasser. J’embellissais, ou plutôt, j’extrapolais peut-être légèrement, mais c’était la pure vérité.
Quoi qu’il en soit. J’étais certain que l’on ne cherchait pas à se débarrasser de moi. J’avais quelques doutes plus tôt, mais j’étais conscient de mon importance au sein des Moonlight Crows. Et je savais que mon frère supportait faiblement l’idée de son défunt frère. Étant donné que j’avais récupéré son identité, et donc aussi ses rêves… Il devait sans aucun doute profiter de cette situation pour me permettre une rencontre avec la famille royale. C’était sûrement ça.
« Princesse. Comprends-tu seulement quel genre de misère peut causer une noirceur camouflée sous des traits de luminosité ? L’hypocrisie des nobles me laissera toujours perplexe. »
J’admets. J’avais commis une erreur par fierté. La claque que je m’étais prise m’avait fait sortir de mes gonds, et au lieu de manipuler la conversation comme je l’avais fait, j’avais laissé parlé mes émotions.
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
.002
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
ft. Akates Moonlight
Nous continuons d’arguer, mais je n’ai plus aucune sympathie pour toi, monstre. Je suis ici pour rendre justice et la justice ne ploie jamais sous les injonctions et les mensonges d’autrui. Tu es sincère, car tu penses réellement faire le bien, mais tout ceci est faux, tu es enfermé dans ton monde imaginaire merveilleux, à penser que les personnes sont heureuses de devenir néant.
Je croise les mains sous ma poitrine et ricane condescendante.
- Et ils sont conscients qu’ils deviendront ensuite des déchets ? De la chair à canon. Tu leur as expliqué tout ceci en amont au lieu de leur faire miroiter espoir et protection ? À moins que tu ne sois toi-même persuadé que votre mouvement équivaut à une certaine rédemption. Vous êtes des barbares et vous n’avez pas cherché une seule fois à nous contacter pour nous demander de l’aide… Cela est la différence entre les criminels de ton genre et les repentis.
Je suis écœurée par tout ceci et encore plus au vu de ton regard sincère et honnête. Tu penses ainsi et rien ne te fera changer d’avis. Je désire actuellement ardemment te défier à pleine puissance, te faire comprendre que tu te fourvoies grandement et que je te montre le chemin.
La force ne fait pas tout, la discussion est aussi primordiale, mais tu n’es devenu qu’un simplet qui ne sait désormais que taper. La rage me consume, car les innocents sont mêlés à vos combines. Ce sentiment d’injustice qui croie en moi ne fait que me brûler de plus belle.
Bien que mes gestes se mêlent à ce tourbillon qui s’empare de mon être, tu me scrutes avec toute ta haine et dardes me répondre. Je ne suis normalement pas contre la conversation, mais le sot que tu es devenu semble incapable de comprendre ses torts. Je saisis ton col et te soulève quelque peu de ton siège.
- Oui, c’est cruel et comme je t’ai déjà rétorqué, je n’ai jamais vu une missive nous demandant de l’aide ! Cela te surprendra sûrement, mais je ne vous aurais pas tourné le dos ! Vous faites partie des personnes que je considère en droit d’être protégées ! Mais non, l’option de facilité été préférable n’est-ce pas ? Massacrer les innocents pour survivre, voilà ce que tu as préféré faire toi et ton armada ! Vous ne méritaient ni pitié ni d’être sauvé lorsque l’on sait tout ceci… Je pardonne aux personnes désireuses de changer et de chercher à se repentir… Mais toi, je ne vois rien de tout cela dans ton regard. De plus, il n’est pas forcément évident de m’envoyer des missives au château, mais je pense voyager assez pour être joignable à un autre moment ! Vous avez vous aussi des vaisseaux !
Mon regard est ardent, il montre à quel point je suis folle de voir pareil comportement. Folle de voir que la raison t’a quittée depuis bien longtemps. Mais je sais qu’il ne sert à rien de t'offrir toute cette haine que je voue… La personne la plus détestable présentement, c’est moi.
Je n’ai pas réussi à m’en rendre compte à temps et de ce fait, des gens se sont retrouvés dans des postures bien délicates. Je me mords la lèvre et me retiens d’aller plus loin…
Je ne suis qu’une princesse, je n’ai pas accès à ce privilège qui est d’agir pour le peuple… Je n’ai pas l’argent ni les ressources nécessaire pour le faire…
Mais je suis certaine que ma mère m’aurait aidée, nous aurions pu raisonner père et…
Tu me demandes sincèrement en quoi est-ce mal et cela me fend le cœur… Je te relâche en douceur, me redresse et pose une main sur mon front.
- Tu ne comprends pas ?… Je ne demande pas d’ignorer les démunis, loin de là.
Je soupire et m’assieds de nouveau face à toi. Je te confronte, comme je le ferais face à un enfant, vu qu’apparemment, cela n’ira pas plus haut.
- Vous étiez nombreux, vous auriez pu vendre vos services. Vous êtes de bons navigateurs et ainsi permettre des transactions. Vous savez vous battre, vous auriez pu aider des marchands qui justement sont sans défense. Vous auriez pu choisir qui selon vous méritez votre aide et votre protection au lieu de tuer sans distinction pour piller des honnêtes gens qui se tuent à la tâche pour satisfaire lui et sa famille. Vous auriez aussi pu créer un camp d’entraînement et une éducation aux personnes les plus démunis. Un village était possible, vous aviez un nom… Je n’ai jamais dit que tu ne devais pas tuer ces cruels et abjects monstres qui détruisent la psyché et le corps de votre entourage, loin de là… Mais au vu de votre survie, je ne pense pas que vous ne vous en êtes pris qu’à des bandits.
J’hésite à continuer, mais je pense qu’il est bien que tu l’entendes jusqu’au bout, alors je poursuis.
- Ne penses-tu pas en plus que toutes ces atrocités, tes camarades ne les ont pas faites quand tu avais le dos tourné ? Tu n’as jamais vu des personnes blessées sans aucune raison, tomber enceinte où j’en passe ? Tu le sais au plus profond de ton cœur que vous leur avez fait subir vous aussi les pires atrocités sous prétexte que vous leur aviez retiré leur identité et donc qu’ils n’étaient plus rien… Et pour moi, ce sont ces mêmes personnes perfides qui t’ont dit avec un grand sourire, de partir la semaine dernière pour que tu tombes sur nous… Si vous cherchiez vraiment à communiquer pour changer les choses avec nous, les chefs de clans se seraient présenté et nous aurions pu discuter autour d’une réunion, comme des personnes civilisées… Mais tu étais seul, corbeau. Seul et abandonné.
Je veux que tu te rendes compte, que ce n’était pas une mission que l’on te donnait. Sans ma clémence, tu n’étais plus rien. Je décide même de saisir cette opportunité pour te faire comprendre un peu plus ta position.
- Nous ne sommes pas connus pour notre pitié quand l’on nous attaque ou nous provoque. Ce voyage, personne ne savait que je serais de la partie… J’y suis venue à leur insu, sans avertir personne… Si je n’avais pas été clémente, tu aurais été mort. Dis-moi, qui sont les monstres selon toi ? Ceux qui t’ont envoyé mourir ou ceux qui t’ont épargné ? Médite là-dessus… Ils savaient en t’envoyant en mission, que tu n’avais aucune chance contre nous et que tu y passerais.
Certes, c’est un sacré coup de bluff, je ne suis pas même certaine d’avoir bien saisi toutes les subtilités… Mais j’ai assemblé, tout ce que je pensais avoir compris de par tes propos parlant de missions dangereuses. Ils ont dû faire passer ceci pour une excuse, mais tu n’en as pas conscience… Mais si je joue bien, je pourrai insinuer le doute en toi et te faire retourner ta veste.
Nous devons punir ceux qui vous rendent ainsi.
- Enfin pour te répondre avec honnêteté…
Mes iris plongent dans tes rubis et t’observent avec toute l’honnêteté d’un homme.
- Non. Je ne peux te comprendre. Je ne peux saisir toute la misère que tu as traversée, car j’ai eu la chance d’être épargnée sur ce point. Je ne pourrais donc assimiler tout ce dont tu me fais part avec la même émotion que toi… Je suis peut-être hypocrite, tu es en droit de le penser, je ne le réfuterais pas. Mais je veux faire changer les choses, pour vous notamment. Et vous, qu’avez vous tenté de faire pour modifier vos conditions de vie avant de t’envoyer te suicider ?
Je rigole avec amertume, tu es un esprit libre et moi, j’ai toujours vécu dans un carcan. J’ai connu les tentatives d’assassinat, les poisons, les trahisons. J’en ai vu des sourires devant moi, mais ils dissimulaient une bien sombre vérité derrière tout ceci. Mon monde n’a pas été tout rose et dès l'enfance, j’ai dû apprendre à cesser de faire confiance. J’ai dû agir comme une adulte, j’ai dû apprendre à être parfaite, pour ne pas commettre de vague et rester en vie. Mon regard se fait blessé et peiné.
- Par contre, en ce qui concerne la mort, je connais aussi… Je ne sais combien de soit disant ami ont tenté de me tuer pour se débarrasser de la Princesse que j’étais. J’ai dû grandir vite, trop vite, pour ne pas mourir sous le coup de la naïveté. Ma première leçon fut de ne faire confiance à personne. Les nobles sont des traîtres à leur race, mais sache une chose… Ceci est propre à l’humain et non au rang. Une personne convoitant quelque chose, serait prête à tous les crimes pour l’obtenir, même empoisonner une enfant… Simplement parce que son titre le justifie. Nos situations sont différentes, mais je pense que nos difficultés face à la vie ont été similaires. Les amis trahissent Corbeau… Surtout les forts, ce sont eux les sacrifiés car ils en ont peur. Peur de mourir de leurs mains s’ils retournent leur veste, alors avant que cela ne soit fait, ils s’en débarrassent.
Je ne te lâche pas du regard, je désire ardemment que tu saisisses une bonne fois pour toutes le message, tout en flattant ton égo en te rappelant que tu es fort.
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
Le destin d'un Corbeau aux ailes brisées
Akates Moonlight • Kamelia Moore
« Ils ne sont pas de la chair à canon. »
Une voix mangée, de peur que la rage ne se laisse éclater. Une phrase à peine perceptible, mais suffisamment pour qu’elle puisse l’entendre d’un ton froissé par ces propos. Je tenais toujours les promesses que je faisais. Je n’y mettais pas que ma fierté à tenir parole, mais aussi une part de mon essence dans mes mots. Ce n’étaient pas des actes sans fondement, hypocrites et sans valeurs. Les êtres que je protégeais, que je sauvais. Je tenais réellement à les aider.
« Sois franche, princesse. Si jamais vous recevez une missive de la part de réputés scélérats, allez-vous considérer les mots qui sont écrits sur ces lettres ? D’autant plus… Tu oublies que nous ne sommes guère des nobles. Lire et écrire est une faculté qui se fait rare chez les roturiers, et encore plus chez personnes qui sont reniées par la société. Se mêler à la famille royale est plus difficile qu’il n’y paraît, jeune princesse. »
Passage chez les nobles en premier lieu, être méprisé par ces derniers et finalement se confronter à une armée à la solde des aristocrates. Qui pouvait reprocher ces grandioses hommes de pouvoir de chasser de vulgaires bandits incapables de vivre sans octroyer un minimum de malheurs dans le monde ? Même si j’étais l’unique individu capable de transcrire les mots sur une feuille, j’avais abandonné l’idée de le faire au vu de la répression de certaines figures qui s’opposaient à nous.
C’était pourquoi il nous fallait une solution drastique, quitte à y laisser la vie. Pas vrai, frère ?
« Je peux affirmer avec certitude que nous avons jamais commis un seul massacre auprès d’innocents. Tu te méprends grandement sur nous. Nous avons des vaisseaux, certes. Des vaisseaux qui se font aborder à vue. »
N’importe quel navire pirate arborant nos drapeaux étaient généralement coulés lorsqu’il était possible de le faire. Rares étaient les interactions directes avec nos assaillants, et seuls le sang parlait pour eux, comme pour nous.
« Nous sommes habitués à la brutalité et à la méprise des nobles. Comment pouvions-nous faire confiance à ceux qui les dirigent ? »
Avions-nous essayé de perdre notre statut de criminels sans foi ni loi par le passé ? De nombreuses fois. Avant même que je ne devienne Corbeau, c’était mon objectif. Il était normal pour moi de perdurer cet envie après m’être élevé. Maintes fois avais-je terrorisé mes comparses au jour de l’aurore afin d’instaurer mes principes. Les règlements internes étaient simples à arranger. La force primait, et je me trouvais toujours comme l’un des meilleurs de notre groupe. Malgré moi, des compatriotes suivaient mes idéaux, me propulsant comme une figure d’autorité au sein des Moonlight Crows, un nouveau leader à suivre.
Je ne savais pas si tout était préparé par mon frère, mais grâce à cela, j’avais pu agir plus librement qu’il n’y paraît. Mes dangereuses missions, mes honneurs, tout cela… Tout cela n’était audacieux que par les possibles interactions avec les vassaux les plus noirs de la royauté. Ces hypocrites souriant et se prosternant face à leurs supérieurs, mais crachant et maltraitant tout être qu’ils considéraient inférieurs. Un venin dissimulé sous leur sourire d’innocence.
« Je suis responsable de la gestion des sans-noms. Et absolument personne n’a droit de les maltraiter malgré leur titre peu flatteur. Je ne me présente pas sous les traits d’un héros. Je suis loin de cela. Mais. Aucun énergumène ne peut toucher les personnes qui m’ont juré fidélité, qui ont supplié pour ma protection, ou qui ont choisi de me suivre de leur plein gré. Que ce soit pour passer les nerfs, ou pour des missions de reproduction, ces âmes innocentes n’ont aucune obligation de les subir. »
Évidemment, cela ne concernait uniquement les êtres sous ma protection. Même si j’étais considéré comme étant le sous-chef de la troupe par beaucoup, je n’avais pas le plein pouvoir sur les membres. Même mon frère qui était l’homme d’importance du clan ne pouvait proclamer suprématie envers ses confrères.
Il était vrai ceci dit que je remettais en question de nombreux propos par rapport aux agissements de ce frère. La raison de ma présence en ce putride cachot était l’une d’entre elle. Même si j’essayais de me persuader que la cause était bonne, que sa clairvoyance avait pu se projeter jusqu’à cette situation, je pressentais qu’une part de cette vérité était plus mystérieuse que cela.
« C’est vrai. J’aurai perdu la vie si ce n’est pour ta clémence. Et pour être franc, j’en suis encore légèrement surpris. Je ne sais pas ce que voulait mon frère en m’envoyant ici. J’ai tout d’abord cru qu’il me demandait de me débarrasser de la famille royale vu nos litiges avec les nobles, mais après avoir perçu la flotte qui s’est percuté à ma pauvre frégate… Je n’en étais plus certain. »
Même maintenant, j’avais trouvé un prétexte sur sa demande, mais je pouvais être sûr que ce soit l’objectif qu’il m’avait demandé d’accomplir. Cela paraissait logique, mais le procédé était quelque peu farfelu. Qu’importe. Maintenant que l’occasion se présentait, je devais suivre ce dont je m’étais battu autrefois, avant d’en perdre peu à peu la motivation.
« La claque que je me suis prise en percevant que mes dons n’étaient pas suffisants pour vaincre ne serait-ce qu’une escouade fut bien plus douloureuse que la délicate gifle que je me suis prise. »
Dis-je d’un murmure, avant de reprendre.
« Et qu’avions-nous essayé pour sortir des rangs des criminels ? Trop de choses pour que je puisse tous les citer. Mercenariat. Demande de rédemption. Plus d’une fois. Sais-tu ce qui en a résulté, princesse ? Une énième bataille. Une énième cicatrice. De nouvelles pertes. Rien que le nom des Moonlight Crows est un prétexte pour décider que nous sommes mauvais. »
Puis, fermant les yeux, je vins citer les quelques mots que j’avais pu entendre de la part de nos opposants au sang qui semblent presque plus sacré que le nôtre.
« Il n’y a pas besoin d’informer quiconque si l’on décide d’éliminer la pourriture qui ronge Althéa. Le peuple nous considérera comme des héros. »
Il est simple de dire que l’on pouvait quémander de l’aide… Mais il nous était impossible de le faire lorsque nos têtes étaient connus et considérés comme des malfaiteurs atroces, bourreaux sans cœur ne causant que la destruction.
« Alors. Nous n’avions d’autres choix que de devenir des monstres pour survivre... Selon les dires de mon frère. Mais ce n’est pas comme cela que je visionne les Moonlight Crows. »
Mon objectif… Pour être franc. Je n’y avais pas pensé. Je ne le considérais pas réellement comme tel. C’était la raison pour laquelle je me battais, pour laquelle je vivais même. Mais ces idéaux correspondaient partiellement au défunt porteur de mon actuelle identité.
Ne perds pas de vue qui tu es. Tu n’es pas comme ton père. Tu n’es pas ignoble. Si tu en as l’occasion, réforme-toi. Réforme ce monde corrompu, en commençant par ces enfoirés qui ont osé… !
Le reste de ma mémoire était flou. Certaines doctrines avaient remplacé les ordres et les demandes de ma mère, mais je n’avais pas oublié l’essentiel.
« ...Princesse. Comme j’ai pu le dire… Je ne comprends pas en quoi j’ai fauté. L’unique système que je connais est celui des Moonlight Crows. La doctrine de mon groupe est la vérité, elle l’a toujours été depuis que je suis né. Cependant. Elle ne me correspond pas totalement, j’en ai conscience. Si tu me l’accordes, peux-tu m’en apprendre davantage ? »
J’étais à la fois sincère et calculateur dans mes propos. J’avais réussi à jouer un jeu dangereux en manipulant le flux de la conversation jusqu’à ce point précis, mais je n’avais pas menti une seule fois. Mes désirs de changer le statut de mon groupe animaient cette escobarderie.
« Si la princesse affirme avec autant de véhémence que je suis fautif. J’aimerais comprendre pourquoi. J’aimerais découvrir les faces du monde qui me sont méconnus. J’ose plaidoyer pour pouvoir comprendre ton point de vue, princesse, et corriger mes tirs. »
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
.002
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
ft. Akates Moonlight
Le discours de sourd s’instaure. L’un est persuadé que ses convictions sont bonnes, alors que la seconde personne que ce n’est rien de tout ceci. Tu es persuadé d’avoir raison et je ne désire pas plus longtemps arguer avec toi. Tu es un cas désespéré, alors je t’observe longuement, soupirant, puis massant ma nuque.
- N’est-ce pas ce que je viens de dire que j’aurai fait ? Vous restez la voix du peuple et peut-être que si vous l’aviez fait en amont, vous n’auriez pas eu à vous appeler scélérat, mais à quoi bon continuer d’arguer ? J’ai vu ta compréhension dans chacun de mes mots, tu es donc je pense capable de lire ou écrire, car sinon tu aurais dû tiquer bien plus souvent au vu d’un langage que j’ai adopté pour te faire tester… Mais vous avez choisi la passivité, je ne peux rien pour vous.
La migraine pointe le bout de son nez, si tu es trop buté pour entendre raison et si tu es si certain de tes convictions, alors pourquoi m’embêter avec toi ? Pourquoi ne pas te laisser croupir ici ? J’ai essayé de te tendre une main bienveillante, mais au vu de tes propos, tu préfères penser que vous êtes les bons samaritains qui sauvent la vie de chaque être qu’ils croisent. On sait que c’est faux, mais à quoi ça sert donc d’argumenter avec un être buté sans aucune remise en question. Je suis las des hypocrites et tu en fais partie.
- Oui aucun massacre auprès d’innocents, bien sûr… C’est pour ceci que vous êtes connu des autorités en fait ! Nous avons dû nous tromper, nous devons vous offrir une médaille d’honneur. Vrai que vous ne vous en êtes pris qu’à des bandits, éternellement pour survivre…
Je ne peux retenir un rire sarcastique, il m’a prise pour la dernière des niaises ? Bien sûr qu’ils n’auraient pas pu survivre tous autant qu’ils sont en n'attaquant que des malfrats… Cela n’aurait jamais été assez pour les faire survivre, et je sais pertinemment qu’ils n’ont cultivé aucun lopin de terre pour essayer de vivre honnêtement. De plus, au vu de la chasse aux pirates déjà effectuée par la famille royale, il n’y en aurait jamais eu assez pour les faire survivre quotidiennement, c’est statistiquement impossible. Mais si le bougre s’amuse à le penser, pourquoi essayer de changer sa psyché.
- C’est vrai comment ? Et vu que l’on ne peut nous faire confiance, je ne vois pas ce que je fais ici à avoir essayé de t’aider. La discussion est close, reste avec tes convictions. Reste le bon samaritain que tu es et continue de calomnier cette famille impériale si monstrueuse… Mais tu sais ce qui me fait rire ? Si j’avais été seule à vous tous, pas l’un ne m’aurait épargné en échange d’une servitude éternelle et une vie d’esclavage. Vous n’auriez même pas pris la peine de négocier. J’ai vu tout ce qu’il y avait à voir.
Tu essayes de reprendre, mais je ne vois plus rien d’autre qu’un cafard voulant se faire passer pour une héros, sans remise en question et où le monde entier est contre eux et ils ne sont que les gentils dans cette partie d’échecs où il devient l’unique pion restant. Je masse mes tempes, tu ne veux pas lâcher l’affaire… Et tu me parles de ce que tu fais pour tous ces sans nom qui supplie pour leur survie… Rien que là, tu n’as normalement pas besoin de supplier une personne pour vivre. Rien que ce point-là est corrompu et mauvais, mais tu ne vois en aucun le souci. Tu continues de déblatérer ton héroïsme, alors je croise mes bras et j’attends que tu termines tes tirades… Mais rien que tes mots reproduction me répugnent… Je revois ce système de nobliaux où la femme n’est qu’un outil pour procréer pour certains… Mais n’y a-t-il plus aucun respect nulle part ?
Tu continues ensuite de parler de ce « frère » qui t’a envoyé périr à travers nos mains et tu commences enfin à douter. J’ai l’impression que l’on va peut-être enfin pouvoir jouer cartes sur table ! Que l’on va enfin pouvoir avoir une discussion à minima constructive ! Mais voilà que tu redeviens médisant et sarcastique… Comment as-tu simplement pu penser que tu pourrais battre une flotte entière à toi seul et ne pas y voir le souci ou même le suicide proposé sur un plateau d’argent ?
Mon regard observe les murs de ce cachot, plus intéressant qu’un enfant endoctriné, qui ne sait apparemment répéter sagement que les propos qu’on lui a inculqué depuis son enfance, avant d’avoir un regain d’intérêt. Les propos de ces nobles sont plus qu’intéressants et je replonge alors mes iris aux pigmentations si particulières dans tes rubis.
- Selon qui ? Selon qui l’un est la pourriture et l’autre les héros ? Pour que vous soyez considéré comme tel, il faut au moins s’en prendre à des innocents… Mais de ce que je sais, ce n’est pas votre cas ? Donc pourquoi on oserait vous qualifier de pourriture ?
Je baisse la tête, mes épaules tressautant d’un rire nerveux. Je n’en peux plus de ses mensonges plus visibles les uns que les autres, qu’il réfute quand ça l’arrange et oublie de couvrir lorsqu’il relâche son attention… Je secoue la tête et reprends mon rire plus fort.
- Jeune homme, je te supplie d’accorder tes violons quand tu désires mentir. Tu me dis n’avoir jamais blessé un innocent, mais maintenant tu déclares que tu n’avais pas le choix que de devenir un monstre pour que vous puissiez survivre… Tu vois ce qui est malheureux dans ta malhonnêteté ? C’est que tu as perdu toute ma compassion et l’aide que j’étais prête à te proposer. Je n’ai pas besoin d’un menteur de plus dans mes rangs. J’ai essayé de te sortir d’ici tu n’as pas eu la clémence d’accepter d’être sincère et de te remettre en question… Je n’ai plus rien à faire ici, autant demander à un bourreau de prendre le relais, qu’en penses tu ? Au moins en te prenant des coups tu pourras ainsi continuer de calomnier la famille royale et répéter à quel point elle est horrible ! Vu que tes convictions font que tu avances sans jamais te remettre en question, je m’en voudrais que tu sois dans une position délicate si l’on agissait à l’inverse de tes attentes. Continue de suivre cette unique doctrine qui est la vérité, continue de te conforter dans ce système qui est si bon à tes yeux… Je ne désire plus rien t’accorder, je sais déjà que cela ne servira plus à rien.
La déception se lit sur mon visage, mais peu à peu elle s’efface, pour m’emmitoufler dans ce manteau de dureté et de sévérité… Je me lève, prête à partir et te tourne le dos, avant d’être retenue par tes derniers mots, je rétorque.
- Cela ne sert à rien de continuer cette discussion aujourd’hui. Je te laisse réfléchir à tout notre échange avant… Mais sache une chose… On ne peut rien corriger et faire évoluer lorsque le représentant même de cet organisme n’est pas prêt à reconnaître ses torts, ses mensonges et faire une énorme remise en question. J’en ai assez vu pour la journée… Je ne pensais pas être plus déçue que cet échange. J’avais au moins l’espoir que tu aurais pu être plus honnête que ces nobliaux qui m’entourent, vu que c’est ce que tu leur reproches… Mais tu n’es en rien mieux qu’eux, à croire que ce n’est pas l’argent qui corrompt, c’est simplement l’humain qui est déjà corrompu à la racine dès la naissance, peu importe son titre, son rang ou encore sa richesse…
Je continue de m’éloigner en me dirigeant vers la porte… J’aurais aimé être une meilleure princesse et réussir un peu mieux ce premier échange que l’on vient d’avoir. J’ai un goût d’amertume et d’échec qui reste collé à mon palais. À moins que ce ne soit le fait que j’avais des attentes irréalisables pour un être qui semblait se battre avec détermination et sincérité.
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
Le destin d'un Corbeau aux ailes brisées
Akates Moonlight • Kamelia Moore
Donc la voix du peuple était en proie à des attaques nobles, mais pas de la famille royale ? L’aristocratie était vraiment compliqué à concevoir. Il est plus simple de comprendre les principes des divers groupes bandits qui répondent au plus fort, ou qui adoptent les méthodes des individus qui ont des principes identiques au leur tout en dégageant un charisme qui poussent autrui à se soumettre.
Même mon frère écoutait davantage avec soin mes propos. La passivité ? Vraiment ? Si tous nos actes visant à ne plus devoir commettre des délits étaient considérés comme une simple passivité, je ne pense pas que je pourrais comprendre l’idiosyncrasie de cette princesse. J’aurais dû prendre en compte les mots de mon frère au lieu de les ignorer. Les nobles sont tous les mêmes. Aucun n’arrive à comprendre les besoins des êtres étant forcés à basculer dans le camp des scélérats pour survivre. Jouer la carte de la raison était un mauvais mouvement de ma part. Je pensais qu’elle serait plus compréhensive, mais elle était aussi fallacieuse que les autres. Pour elle, nous ne sommes que des barbares assoiffés de sang. J’avais compris.
« Eh. Calomnier la famille royale, hein. »
Je la coupais un instant d’une expiration presque moqueuse. Elle comprenait uniquement ce qu’elle aimait comprendre. Il fallait que je change de tactique. Cette gamine n’avait clairement jamais connu la pauvreté pour se rendre compte que les nobles méprisent naturellement tout ceux qui n’ont pas un statut identique ou plus élevés que les leurs.
« J’aurais pu prendre ta vie lorsque l’on était sur mon navire. Mais je ne l’ai pas fait. Si la situation était inversée, et que tu aurais été l’unique personnage prise en tenaille par mes subordonnés, je ne t’aurais toujours pas tué. Vois ce que tu veux voir, princesse. Haïs-nous, méprise-nous, et tout ce que tu veux. Si tu ne crois en mes propos, je ne peux rien y faire. »
Elle défendait les nobles comme si c’était sa propre vie. J’aurais dû le voir à des kilomètres. Maintenant, il m’est difficile de retourner la situation. Étais-je obligé de faire ça ? Quelle plaie.
« Je ne mens pas. Je te l’ai déjà dit. Je n’ai jamais menti, et je ne le ferai jamais, même si cela pouvait me sortir d’une mort certaine. Je n’ai jamais causé un massacre d’innocents, mais pour vivre, il nous fallait évidemment en blesser certains. Majoritairement des marchands. Mais les Moonlight Crows ne sont pas du genre à piller des villages comme certains autres groupes. Notre réputation de vils scélérats provient des nobles qui ne supportent pas qu’un peu de leurs biens leur soit enlevé. Un peu de propagande, et le peuple devient effrayé par l’émergence d’une organisation maléfique. Et cette réputation grandit, et avec une telle célébrité qui nous guette, la lutte continue jusqu’à ce qu’une chasse à l’homme s’effectue. »
Je pense avoir bien résumé la situation, mais j’étais certain que la princesse allait encore renier mes dires. Je ne savais même pas pourquoi je prenais la peine de parler. J’envisageais déjà ma présence en salle des tortures pour me forcer à révéler les diverses bases que l’on aurait pu créer, ou indiquer la position exacte du reste du groupe. Et tout cela résulterait uniquement en ma mort vu que je n’avais pas connaissance de cela. Comment pourrais-je m’excuser à mère ? J’avais perdu son pendentif. Je n’avais pas réformé les Moonlight Crows en ce qu’elle souhaitait. Je n’avais pas créé le paradis qu’elle envisageait de former. Mère avait peut-être raison de me détester.
« J’ai compris. Tu ne me crois pas, ni mes paroles, ni mes désirs de comprendre ce que j’aurais pu faire de mal, et comment j’aurais pu faire autrement pour ne pas froisser quiconque. »
Une remarque restait constamment dans mes esprits. Mais pour une quelconque raison, je me retenais de la sortir alors que l’envie me mordait pas moment. Peut-être avais-je conscience que tout serait complètement fini si je venais à prononcer ces mots. Cela voulait aussi dire qu’il restait des moyens de sortir de cette impasse.
« Comment reconnaître mes torts quand je ne comprends pas de quelle façon j’aurai dû agir initialement. »
Murmurais-je alors, avant de reprendre aussitôt.
« Avant de me laisser croupir dans cette geôle, je vous en supplie. Permettez-moi d’indiquer un point sur une carte… Et envoyez des hommes là-bas pour sauver les captifs d’esclavagistes. »
Dénué de toute fierté, je m’étais abaissé pour appuyer mes propos avec un langage bien plus adapté. Même si je devais moisir ici, il fallait au moins que je respecte mes promesses. Et peut-être que ce geste serait suffisant pour montrer que j’étais honnête. Eh. Impossible. Il fallait vraiment que je réfléchisse à quoi dire mais cela semblait peine perdue avec elle. Je m’attendais même à ce qu’elle piétine atrocement ce qu’il me restait d’orgueil. Dame Elizabeth aurait dû m’apprendre comment agir dans des situations comme celle-ci…
Peut-être avais-je réussi à capter son attention de nouveau avec cet acte vu qu’elle semblait s’immobiliser un instant. Devais-je en ajouter ? Ou était-ce mieux si je la laissais partir pour qu’elle aille se calmer quelques jours ? Mais je ne pouvais être certain qu’une nouvelle chance me soit accordée, même si ses paroles l’indiquaient subtilement.
« … Princesse. Dites-moi. Comment suis-je sensé me remettre en question, et comprendre mes torts… Quand absolument tout ce que je connais sont ces torts que vous pointez du doigt ? Dois-je tout bonnement inventer de nouveaux principes ? Et si ceux-là sont encore plus horribles et rejeté de votre société ? Que dois-je méditer ? Que dois-je comprendre ? »
Mère… Vous m’aviez laissé un bien lourd fardeau. Ma dextre se dirigea naturellement vers ma poitrine, là où se trouvait habituellement le pendentif que je portais constamment, serrant le poing sur mes habits pour remarquer de nouveau que l’accessoire n’était pas sur moi. Quelques respirations irrégulières s’ensuivirent avant que je ne bascule ma tête en arrière, fermant les paupières.
Un Corbeau n’abandonne jamais. Un Corbeau n’abandonne jamais. Un Corbeau n’abandonne jamais… Pourquoi mère m’avait-elle interdit de mourir… ?
« … Si les autres membres des Moonlight Crows ont causé des torts. Je m’excuse de leur comportement, de leur agissement, de leurs méfaits. En tant que Corbeau, je ne vais pas nier ma responsabilité. Si vous m’accordez une chance de prouver mes valeurs, je m’occuperais personnellement de mon groupe. Toutes les têtes qui ont fauté suffisamment fort pour que ce soit irrécupérables… Je suis prêt à vous offrir toutes ces têtes. En revanche, je vous en conjure… Ne mettez pas l’entièreté des membres dans le même panier. Permettez aux innocents de garder leur tête. »
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
.002
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
Le destin d’un corbeau aux ailes brisées
ft. Akates Moonlight
Un débat stérile, un affrontement qui n’a pas lieu d’être et enfin, l’attente que l’un ploie sous les propos de l’autre. Aucune logique, aucune discussion cohérente, simplement les accusations de l’un et de l’autre. J’ai en effet raison de vouloir partir, cela ne sert plus à rien de désirer rester dans cet endroit miteux… Car il n’y a plus aucun intérêt et plus personne à sauver. C’est la fin d’une vie, la fin d’un échange qui sera mue par des regrets et de la déception… Celui de voir en l’autre un infime espoir.
Tu restes hargneux, persuadé que tu es la clé de tout un peuple… Que ta force impose plus que n’importe qui et donc qu’en écrasant les autres, tu peux instaurer tout ce que tu désires, mais tu te fourvoies tellement… À force d’aller à l’encontre des idéaux d’un même et seul groupe, tu vas attiser leur frustration, leur colère et leur amertume. Ne penses-tu pas que je sais déjà que c’est ce qu’il arrive et c’est là cette raison qui te conduit entre les barreaux ? Je vois que tu continues d’arguer et je tourne ma tête dans ta direction.
- Tu parles de ces marchants qui sont venus nous voir, car par votre faute ils ont tout perdu ? Vu que vous avez volé des denrées importantes, la confiance qui reposait sur eux a été détruite… On a donc arrêté de les solliciter, car ils n’ont pas réussi à mener à bien leur mission. Ils ont perdu par moment un membre fondamental, ils sont revenus vers leur famille pour leur confier la déchéance future qui arrivait. Ils ont fini à la rue, eux et leur famille… Simplement parce qu’un groupe trouve cela plus facile de piller plutôt que de vivre honorablement. Je ne défends pas les nobles qui vous ont taillé cette réputation… Je constate simplement le nombre de vie et de foyers que vous avez brisé par égoïsme… Tellement plus aisée de voler quand le besoin se fait ressentir, plutôt que de travailler durement toute votre vie, comme ces hommes, pour survivre… Mais cela, je pense, ne t’a jamais effleuré l’esprit, tant que c’était bénéfique pour toi, n’est-ce pas ?
Je reprends ma route avant de m’arrêter et de soupirer. Mais je sais que c’est ce moment où je vais pouvoir enfin discuter sérieusement avec toi, même si je n’en ai plus la force, tu décides enfin de cesser de te montrer hargneux et tu sembles prêt à accepter un semblant de remise en question. Je frotte ma nuque douloureuse et la fait craquer avant de soupirer et de rétorquer, las.
- Tu sais, je ne veux pas de mal à mon peuple… Mais parfois, vous êtes vraiment épuisant à répondre dans la violence et je perds patience. J’étais convaincue que l’on ne pouvait plus rien pour toi, mais je perçois enfin ta vulnérabilité et ton envie de changer les choses.
Je t’offre un petit sourire compatissant et sors de ta geôle un instant. Je me mets à discuter avec un des gardes du cachot et une fois les échanges effectués, je retourne dans ta prison miteuse.
- Une carte te sera apportée pour sauver ceux qui sont dans le besoin, soit rassuré. J’ai aussi demandé à fouiller partout pour ton bijou, tu peux donc respirer calmement.
Je m’appuie sur le bord de la porte, les bras croisés, te jaugeant réellement de mon regard si particulier et perçant, et je reprends les propos.
- Je vais tenter de te faire confiance, dès ce soir tu seras établi dans une autre prison, plus chaude et plus confortable pour ne pas que tu attrapes la mort… Quant à l’enseignement des valeurs, moi ou une tierce personne viendront te les enseigner chaque jour. Le but ne sera pas de te faire un lavage de cerveau de par la propagande, comme tu as déjà subi… Mais d’essayer de te montrer divers points de vue, pour te laisser penser par toi-même ce que l’on peut réellement considérer comme le bien ou le mal… Mais pour aujourd’hui, je pense que c’est suffisant… Tu as fait déjà un pas qui te sauve de la mort et ce, par le biais de ta sincérité… Je te laisse méditer dessus… Qu’est-ce qui a provoqué mon changement d’avis et donc ma clémence selon toi ?
Je t’adresse un sourire sincère et chaleureux, avant de définitivement te tourner le dos, pour remonter à la surface et respirer… Cet échange aura été des plus pénibles et m’aura épuisée.
Icon
Invité
Phrase
Messages
Messages
Joueur Joueur
Feat Feat
Crédits Crédits
Invité
Le destin d'un Corbeau aux ailes brisées
Akates Moonlight • Kamelia Moore
Je ne pouvais affirmer si l’on parlait des mêmes marchands, mais sans doute était-ce le cas. Je n’avais pas connaissance de leur situation après nos attaques sur leurs biens, mais il était fort probable que ce n’était pas non plus une partie de plaisir. M’enfin, je ne peux affirmer regretter mes actes étant donné que nous avions survécu grâce à leur sacrifice, et qu’à ce que je sache, leur vie avait été épargné. S’ils avaient à blâmer quelqu’un, ils peuvent très bien nous reprocher d’être sans scrupule, mais la base de tous ces maux revient aux personnes qui nous traquent sans chercher à négocier.
Avec la conversation que j’avais pu avoir avec la princesse, j’étais désormais certain que tous les nobles n’étaient pas unis sous une même bannière, ou alors cela n’était qu’en surface. En profondeur, lorsque la royauté portait un regard vers un autre point, la mesquinerie de l’aristocratie fait irruption et les individus osant se mêler de leur ô bonne grâce causant des tragédies finissent par trouver une fin encore plus horrible. Et bien qu’il était probable que le roi ou la reine ne soit pas dupe par cette terrible exiguïté, leur progéniture n’était peut-être pas autant impliqué dans la politique que je ne le pensais. Autrement, pourquoi cette demoiselle resterait-elle dans son propre monde, niant ma version pour la distordre à sa guise ?
Après avoir repris mes respirations, mon flegme m’avait permis d’y voir plus clair sur l’échange précédent. Si elle ne pouvait concevoir le fléau qui ronge son royaume de l’intérieur, mais en avalant ma fierté, j’avais enfin réussi à établir un semblant de contact au lieu d’un dialogue entre deux sourds. Au final, son sang restait celui d’un noble. Qu’importe. Du moment que j’arrivais à mes fins, j’étais prêt à baisser les yeux un court instant.
« Un lavage de cerveau signifie que ma condition était différente dans le passé… Or, je vous l’ai déjà expliqué. Je n’ai jamais connu autre chose que la doctrine des Corbeaux. Le bien, le mal, ce ne sont pas des choses qui nous ont été expliqué, aux sans-noms, aux membres et aux futurs leaders. Diverge de ce dogme, et tu es chassé. Tu perds tout ce que tu as. Identité, ressources, subordonnés, famille. Ta place dans ce monde corrompu. »
Je marquais un temps de pause avant de reprendre sur le même ton, calme sans être affligeant et dépréciateur. Une prise de parole qui pourrait très bien annoncer le temps extérieur, mais qui pourtant traitait d’un sujet bien plus grave.
« Je le répète. Je ne me vois aucunement comme un héros. Je suis un pirate. Un brigand, un scélérat, et toutes les appellations que vous nous octroyez. Mais. Si vous attendez à ce que je m’excuse pour mes actes, je ne le ferai pas. Je peux le faire au nom des Moonlight Crows, mais cela ne serait pas sincère de leur part. Quant à moi, je n’ai jamais une seule chose dont j’ai des remords. Que ce soit de potentiels méfaits, ou des actes héroïques. Si mes exactions me mènent à la mort, qu’il en soit ainsi. Mais… Ce sentiment de regret. Je ne veux plus jamais le ressentir. »
Était-ce une tentative de regagner la fierté que j’avais balancé puis écrasé de moi-même plus tôt ? Possible. Avais-je de nouveau laisser la chance de rester en vie m’échapper ? Possible. Mais pour une certaine raison, je préférais être honnête sur le moment. Certes, je ne mentais jamais. Absolument jamais. Mais, cela ne voulait pas pour autant dire que mon honnêteté était total. J’étais bien plus hypocrite que je n’en avais l’air, l’art de la manipulation m’ayant été gravé dans la tête par mon éducatrice. Cependant, à cette heure, je déblatérais ces idioties qui reflétaient mon réel état d’esprit. Peut-être que mère me manquait un peu trop, j’entendais ses sermons depuis que j’avais réalisé que mon pendentif n’était pas sur moi. Peut-être que cela m’affectait un peu, je l’admets.
« Et. Je le répète encore. Chacune de mes paroles sont vérités. Je ne mens jamais. Je vais prendre responsabilité sur mon organisation, faire un nettoyage pour qu’une harmonie entre nos deux groupes puissent se créer. Ensuite, permettez aux Moonlight Crows de subsister, je vous prie. Pour beaucoup, les Corbeaux sont leur seule famille. Et beaucoup compte sur eux pour survivre, grandir. Peut-être que mes derniers mots vous ont encore fait changer d’avis, et que votre clémence n’en serait donc que passagère. Toutefois… Je préfère vous prévenir. Même si je serais sous votre ordre, je resterai un Corbeau. »
J’étais conscient d’être un symbole d’espoir pour nombres de mes hommes, et même parmi les nouveaux venus de la troupe. Je savais même que certains d’entre eux arrivaient à tenir debout face à la situation qui les encombraient parce que j’osais alléger leur souffrance quand je le pouvais. La réforme du groupe de pirate connu sous la bannière des Moonlight Crows vers un destin plus édénique que souhaitait ma mère n’était pas encore accompli, mais j’avais déjà commencé à œuvrer. Depuis que je suis à la tête d’un régiment, la cruauté du groupe n’était plus qu’un maigre écho de ce qu’il se faisait jadis. Ceci dit, il était vrai que je n’avais en aucun cas un contrôle total sur les divers équipages qui constituent la bande entière.
« Je ne vous trahirai pas. Je respecterai vos décisions. Je vous le garantie. Si mon attitude résignée emplie d’humilité vous octroie ce sourire factice, et par la même occasion votre clémence, qu’il en soit ainsi. Je réprimerais mon orgueil au possible. J'apprendrai ce que j'ai fait de mal pour éviter de reproduire ces actes. Je suis sincère. Je veux évoluer vers un avenir meilleur. Mais si vous décidez d’annihiler mon groupe dans sa totalité. Nous ne pourrons trouver de terrain d’entente. »
Qu’importe si elle avait raison, et que mon frère avait décidé de me sacrifier pour leur survie. Je ne suis pas mon frère. Je protège ce que j’ai envie de protéger. Et j’avais décidé de protéger le rêve de ma défunte mère. C’était l’unique raison pour laquelle je vivais.
Simple sourire réitérant presque l'attitude finalement positive de la jouvencelle quant à ma position, sans pour autant l'affirmer réellement. Ceci étant, un salut amical malgré le litige permettait d'avoir une conclusion simple à comprendre, avant qu'elle ne finit sa marche pour quitter les lieux sans que je ne l'interrompe une énième fois. Même si je n'avais pas fait la remarque à l'instant même de son affirmation, il était vrai que je préférais moisir dans une cellule un peu moins putride avant que les démarches ne soient finalisées... Sigh. Quelle plaie.
Page 1 sur 1
|
|