L'épaule endolorie, Vangelis soupire en regardant la file indienne qui s'approche petit à petit d'eux. Leurs yeux sont vides comme si leur âme n'existait plus pour les guider - c'était une vision tout aussi familière qu'étrangère. Il fronce les sourcils. Il les voit se jeter en pâture, l'un après l'autre, et il se sent comme le prédateur dans cette histoire. Ces soldats ne savent plus ce qu'ils font, ça le désole au plus profond de son cœur et il en oublie rapidement sa propre souffrance.

Le premier de la ligne tombe devant ses yeux et c'est un haut-le-cœur qui le prend violemment ; ça n'est pas supposé être. Toute cette situation… Tout est incompréhensible. Lorsqu'il en eut vent la première fois, lors de son passage à Thuléa, il n'en croyait pas ses oreilles. Vangelis s'y est intéressé de près et, la mission de la Reine lui est parvenue.  

C'était exactement ce qu'il lui fallait – ensuite, il déciderait d'en parler directement à l'Archevêque. Ce devait forcément être quelque chose qui pourrait l'intéresser alors il espérait obtenir des infos supplémentaires – il était ainsi de l'avis des autres à l'idée d'en capturer un en vie. Mais serait-ce seulement une possibilité ?

La résignation s'infiltre dans ses veines, renforçant sa conviction de ne pas laisser ce drame se répéter ailleurs. Dès que le premier de la file tombe sous les coups de ses alliés, Vangelis s'avance pour se tenir proche d'eux et les soutenir. Un tome entre les mains, il se positionne juste derrière l'un de ses camarades. Dès que le prochain soldat s'avancera vers eux - puisqu'il le ferait forcément -, il serait prêt à faire ce qu'il est venu faire.

Remettre de l'ordre dans ce monde.

En un instant, les feux de l’enfer s’étaient déchaînés sur le pont leur faisant face – il pleuvait des flèches d’un côté, et des étincelles dansaient sur le tranchant des épées s’entrechoquant. Dès que l’un des soldats possédés s’était mis à porter de tir, le combat avait démarré et s’enchaînait à une vitesse folle que, sans l’expérience derrière lui, Vangelis aurait pu avoir du mal à suivre.
Ses orbes rouges se baladaient sur le champ de bataille avec calme et sagesse, visualisant les mouvements de ses alliés afin de ne pas les gêner lors de ses propres mouvements et, surtout, de leur apporter le soutien dont ils avaient besoin. Si celui qui leur apportait le soin leur permettant de poursuivre le combat venait à tomber, ou à devoir recevoir lui-même des soins, Vangelis était prêt à partager son fardeau à tout instant. Il gardait alors chacun des alliés dans son champ de vision.

Aux mots du jeune homme à la tête de leur petit groupe insolite, le chevalier saint remarqua une certaine crainte et un manque d’assurance ; il se dit que ce ne devait pas être une habitude pour lui de mener la barque. Tout du moins, d’être responsable de la vie d’autres personnes, au-delà de la sienne. Vangelis ne pouvait que compatir. Ses lèvres esquissèrent un sourire, il encourageait silencieusement ce jeune guerrier dans son cœur - il s’en sortait très bien et, si le besoin s’en faisait sentir, le vieil homme qu’il était se chargerait de garder toutes ces personnes en un seul morceau.

Se retournant ainsi vers l'adversaire se tenant proche de son allié, Vangelis suivit la directive du blond à quelques pas de lui et se tint proche afin de s’assurer qu’aucune broutille ne lui arrivait. Pour l'aider à poursuivre sa lancée et mettre fin à cette escarmouche, il se munit de son tome et mit fin aux jours du soldat s'étant pris une flèche, mettant ainsi le jeune archer à l'abri. Si ce dernier soldat venait à s’approcher - et c’était quasiment une certitude à ce moment-là - ils seraient prêts à le cueillir comme il se le devait. Il ne s’inquiétait cependant pas outre mesure, car la petite troupe à ses côtés semblait plus qu'apte à terminer cette bataille rapidement. Il nourrissait cependant encore un vague espoir de ramener celui-ci vivant – inconscient peut-être, mais vivant.

Vangelis

28 /28
08 dégâts

05 FOR
16 MAG
04 VIT

08 DEF
07 RES
10 TEC

Tome Nosferatu

Soldat 1

00 / 30
00 dégâts/soin

12 FOR
05 MAG
10 VIT

09 DEF
08 RES
08 TEC

Épée de fer

Vangelis expire un souffle de soulagement qui détend instantanément ses muscles douloureux. Ils s’en sont sortis, sans blessure majeure et surtout sans aucune perte, ça lui met du baume au cœur de constater que, malgré l’impression d’avoir le monde entier reposant sur ses épaules et décidant de tester sa foi, il était encore capable de terminer ses missions avec brio. Une main glissée entre ses mèches blanches, il vérifie d’un coup d’oeil que chacun se porte au mieux – il en a déjà vu par le passé qui cachait leurs blessures jusqu’au dernier instant, et ça ne passait pas avec lui.

Seulement, un cri à sa gauche le fait sursauter et tourner la tête en urgence vers le blond près de lui. Tout du moins, il lui avait semblé qu’il l’était ; à présent, un nouvel ennemi se présente à lui, l’empêchant de protéger son allié. Il cligne des yeux. Ça n’est pas un nouvel ennemi. Qu’est-ce que c’est que ces histoires ? Comment pouvaient-ils se relever comme si de rien était ? Choqué par la folie sous son nez, il observe plus qu’autre chose le nouveau déclin de ces soldats – il n’y comprend rien, comme on peut faire preuve d’aussi peu d’humanité. Ils avaient été dérobés de leur âme, et à présent leurs corps étaient profanés.

Les poings serrés, Vangelis cherche à calmer la colère qui menace de gronder en lui et lui embrouiller l’esprit. Il se tourne vers l’un des mages, à la robe bleue, jaugeant ses chances de pouvoir aider ses alliés à en venir à bout. Puis il porte son attention sur la robe rouge, et le prêtre à l’origine de ces profanations. Il plisse les yeux. Le chemin vers la victoire lui semble se dessiner devant ses yeux. Il évalue la distance entre lui et chacun de ses alliés, la trajectoire qu’ils devraient entreprendre et il prend une décision.

« Il risque de les relever encore une fois. Achevez les mages, je m’occupe de garder vos arrières si l’un d’eux venait à se relever ! » Les informe-t-il, plantant ses pieds dans la neige qui gèle petit à petit ses jambes – seulement, la chaleur émanant de sa nouvelle rage l’aide à survivre à ce climat qu’il exècre. Il se devait de rester, juste là, parfaitement à la jonction entre les deux parties de son équipe. S’il restait à cet endroit, il pouvait rapidement réagir aux aléas du champ de bataille et vite venir en aide aux autres, que ça soit pour mettre fin à l’existence d’un de ces soldats, ou soigner les blessures d’un de ses alliés.