Nos aventures

Chapitre 01
Chapitre 02
Chrono des RP
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Périple d'Akielos
La naissance du culte

Il est une histoire que l’on réserve pour les grandes occasions, les réceptions solennelles et les moments charnières qui marquent une vie. Une histoire, qui en un sens nous appartient à toutes et tous. Une histoire qui retrace un voyage bercé de découvertes et de mystères : celle de la vie d’une des plus grandes légendes de notre bonne terre.

Cette histoire, j’aimerais vous la raconter aujourd’hui.

Akielos n’était pas comme tout le monde. Il se dégageait de sa personne une aura étrange, qui donnait l’impression qu’elle était parfois une envoyée divine auréolée de mystères, et que nous, pauvres hères, avions simplement la chance d’arpenter le même chemin qu’elle, de respirer le même air. C’était quelqu’un de remarquable, doté d’une sagesse admirable et d’un esprit affuté, qui semblait avoir à cœur de lever le voile sur tous les secrets historiques perdus entre les racines de notre monde. Plus que cela, elle voulait ramener les civilisations sous l'œil des Dieux, les empêcher de céder à cette rancœur qui les éloignait des enseignements divins.

Naguère déjà, elle marqua l’histoire, en se démarquant, ralliant l’humanité, stoppant des guerres. Elle était devenue l’incarnation de la paix, une force tranquille muselant au travers de sa simple présence nos plus belliqueux instincts.

Mais lorsque la paix s’installa enfin, il fallut trouver une autre quête à mener. Une mission plus personnelle, que seule elle pouvait mener à bien.

Dans ses songes et rêveries, elle reçut la visite d’une chouette. Un oiseau au plumage immaculé qui se mit à occuper ses pensées, signifier sa présence de plus en plus régulièrement. D’abord curieuse, puis fascinée, il fallut que la chouette passe du monde des rêves à la réalité pour achever de la convaincre que quelque chose de plus grand était à l'œuvre.

Et ainsi, lorsque la chouette s’envola vers le lointain, Akielos s’élança à sa suite, entamant un long périple vers la transcendance. Une fresque initiatique, qu’elle comptait réaliser en faisant de chaque Tour Divine s’érigeant sur son chemin une étape vers le succès de sa quête.

Des onze épreuves qui ponctuèrent son chemin vers l’illumination, la première fut pour le moins singulière. Après avoir traversé le pays, et profité des forêts et de l’air frais, elle arriva à l’orée d’un bosquet où l’on entendit des chants et des flûtes. S’approchant des festivités, Akielos remarqua une ronde de convives dansant pieds nus dans l’herbe, bras dessus bras dessous. Un mariage se tenait là, face à la forêt et ses curieux locataires. Akielos rejoint les tourtereaux, bénit leur union, et leur fit grâce d’une danse magnifique à la chorégraphie unique, qui émerveilla tous les invités alors enivrés par la félicité et l’admiration. Ils dansèrent ainsi de longues heures, échangeant des paroles et rendant grâce à la propension naturelle de l’homme au bonheur et au plaisir. Lorsque vint le moment pour la mariée de jeter en arrière sa couronne de fleur, c’est une biche qui passait là qui se retrouva coiffée de l’accessoire. Tous observèrent l’animal, mais Akielos savait qu’il y avait plus à voir qu’une heureuse coïncidence : cette biche était sacrée, la confirmation que son entreprise se déroulait sous les regards divins, et que les Dieux eux-mêmes incarneraient les pavés de sa longue promenade.

Elle reprit son chemin au petit matin, le cœur gros d’empathie et d’amour. Son voyage l’amena au-delà des frontières de son pays, vers la nation de l’Est nommée Kanagawa. Le pas léger, elle arpenta les vallons et collines jusqu’à ce qu’un hennissement lointain n’attire son attention. Un cheval à la robe blanche et au galbe soigné fit son apparition, boitant de malheur à cause d’une blessure à son flanc qui ne cessait de battre. Akielos s’approcha d’un hameau peuplé de locaux, et demanda pourquoi personne ne soignait cette majestueuse créature, mais on lui répondit qu’il s’agissait d’un esprit frappeur qui n’apportait que le malheur dans la vallée. Akielos refusa d’y croire. Aussi, elle monta au sommet de la plus haute colline, et y cueillit des fleurs blanches comme neige. De ses fleurs elle fabriqua un onguent, qu’elle appliqua derechef sur la plaie du cheval, qui se surprit de la compassion qu’on pouvait lui témoigner. Le sang cessa de couler, et le souffle de l’animal fut allégé du poids qui l’accablait. Il se remit à galoper crinière au vent, le martèlement de ses sabots sur le sol sonnant le rythme d’un hymne de liberté que les hommes écoutèrent avec émotion. Le cheval devint alors un protecteur pour le peuple de la vallée, un animal sacré qui plus jamais n’eut à souffrir du rejet et de la suspicion. Pour remercier Akielos de sa bienveillance et de sa guérison, le cheval l’autorisa à grimper sur son dos, et faire un bout de chemin en sa compagnie. La seconde étape toucha à sa fin.

Elle laissa son cheval après quelques heures de pérégrination aux abords d’un champ de fleurs cotonneuses où l’air était délicat. Au-devant s’érigeait la silhouette d’une cité bâtie par un peuple esthète, où s’amassaient derrière des toiles encore vierges de nombreux artistes. Akielos comprit qu’il s’agissait d’un concours, ou plutôt d’un défi qu’avait lancé la première impératrice de ces terres. « Dessinez Kanagawa. » avait-elle demandé. Alors on se massa, agrémentant sa tenue de quelques tâches de pigments colorés, et de nombreux audacieux tentèrent de relever le défi. Hélas, aucun ne parvint réellement à saisir l’âme et susciter l’euphorie. La plupart des dessinateurs rendirent hommage à l’impératrice en personne en tirant d’elle un portrait flatteur, mais quelque chose manquait. Observant les tentatives se succéder, Akielos détourna son regard vers les alentours et aperçut un lapin qui captiva son regard. Elle lit dans sa présence un autre signe numineux, et alors l’inspiration lui vint comme d’un éclair de génie. Akielos s’installa derrière une toile, excusa les regards qui s’amassaient derrière son épaule, et se mit à peindre. Plutôt que de représenter une personne, fusse-t-elle souveraine, elle choisit de rendre hommage à la beauté du paysage si typique de Kanagawa. Son œuvre était simple, mais le message était fort : ce que Kanagawa avait de plus beau, c’était ce panorama si particulier, cette beauté naturelle et poétique. L’impératrice fut réceptive à la leçon proposée, tant qu’il n’y eut pas de doutes sur la réussite d’Akielos, cette troisième interaction cristallisant sa créativité, et son sens artistique certain.

Hélas, elle avait encore beaucoup de lieux à visiter, et de sanctuaire à gratifier de sa présence. C’est vers le Nord qu’elle jeta son dévolu. Le Nord et ses territoires indomptables, le Nord et son océan impitoyable. Elle s’élança à l’aventure sur une embarcation menée par un équipage. Par-delà la houle et la brume, elle chevaucha la mer d’huile, jusqu’à ce que cette dernière se mit à bouillonner. De gros nuages s’amoncelèrent au-dessus d’elle, et une tempête terrible retentit dans le ciel grondant. Un véritable cataclysme, comme dans les légendes d’antan ! Son navire fut malmené, bousculé par des vagues de plus en plus colériques. Dans ce chaos incontrôlable, Akielos vit des hommes passer par-dessus bord, se cogner contre le bois, et disparaître vers l’abîme de la mer déchaînée. Son cœur se serra de douleur, tandis qu’elle observa le ciel pour y chercher de l’aide, là où la plupart d’entre nous aurait abandonné. Frappée par la tristesse et la solitude, le deuil et l’effort, elle demeura forte et vaillante, jusqu’à ce qu’elle l’aperçut. Entre deux nuages charbonneux, le scintillement d’une étoile, puis d’une autre. Bien vite, c’est un renard qui se dessina le long de la voûte céleste. Là ! C’était la direction à suivre, qu’elle s’exclama. Une responsabilité qu’elle assuma seule, l’équipage occupé à dompter la tempête et à subir une défaite sonnante. Le navire fendit de nouveau l’air comme un oiseau, guidé par les étoiles du renard rieur. Et alors que tout semblait perdu, Akielos évita le désastre que cette quatrième épreuve manqua d’être.

La valeureuse n’était cependant pas au bout de ses peines, car la cinquième plaie ne tarda pas à frapper. Contrainte de traverser la toundra givrée d’Helsinki, c’est un véritable enfer qui s’imposa à elle et aux quelques partisans l’accompagnant. Imaginez, de la neige éternelle au-delà de toute mesure, des crevasses mortelles, un blizzard retentissant. Il n’y avait rien pour elle autre que la damnation et le froid mordant, mais la flamme qui brûlait dans sa poitrine était plus forte que la plus maléfique des catastrophes. La douleur ne vint alors cette fois ni de son corps ni des éléments, mais du reste du groupe. Esseulés, délavés, démoralisés, les hommes se mirent à douter d’Akielos, et refusèrent de suivre son pèlerinage plus en avant. Un à un, ils l’abandonnèrent tous jusqu’à ce que seulement une poignée d’entre eux ne reste. Elle, qui venait de subir le deuil et la caresse de la mort, devait maintenant composer avec l’abandon. Le désespoir. Simples points noirs sur cette grande toile blanche immaculée qu’était Helsinki, le groupe avançait à tâton, de la neige jusqu’aux rotules. Ils trainèrent leurs carcasses givrées jusqu’à l’orée d’un bois de pins sombres, où attendait une meute de loups. Les bêtes les regardèrent avec avidité, se pourléchant les babines à la vue de leur futur repas. La crainte s’enroula autour du cœur des hommes, mais Akielos se redressa. C’était comme si l’air lui-même s’était mis à vibrer, tandis que l’on sentit de l’autorité émaner de sa silhouette. Une puissance retorse, couronnée d’un regard qui ne lâchait rien. Elle dévisagea les loups affamés, laissant échapper un peu de la colère et de la frustration qu’elle avait accumulé jusque là. Et alors les loups se détournèrent, intimidés, et prirent la fuite en glapissant. Ce jour-là, tous purent voir l’esprit combatif de Sainte Akielos, cette force et ce potentiel qui dormait en elle, mais ne se tenait jamais loin.

Ils délaissèrent quelques jours plus tard l’enfer blanc, pour l’humidité nauséabonde d’un marécage. Pile à temps pour l’épreuve qui les attendait, il fallut survivre à la tourbe et aux landes, aux dangers qui sommeillaient dans l’ombre et sous l’eau vaseuse et opaque. Pour se chauffer l’âme, la compagnie se mit à jouer de la musique, chacun composant avec un instrument venant de sa terre natale. Une musique entraînante, qui rendit moins pénible la promenade, mais qui attira en échange de nombreux dangers. Car, là ! Alors que le groupe traversait un maigre passage entouré d’eau stagnante et boueuse, des bulles se mirent à apparaître à la surface ! Un crocodile, gigantesque, pourvu d’une mâchoire assez solide pour fendre une bûche en deux ! Étourdis par la stupeur, ils reculèrent, alors qu’il fallait avancer pour échapper aux crocs acérés du prédateur. Akielos guida ses partisans, mais oublia de prêter attention à sa propre sécurité, lorsqu’un animal s’éleva de la vase pour l’attaquer. Elle dut son salut à la bravoure d’un homme, avec qui elle avait partagé des mois de voyage. L’honorable protecteur évita à Akielos de rencontrer la morsure du crocodile en l’accueillant à sa place. Il l’avait sauvé, mais ce fut au prix de sa vie que le groupe arriva enfin à s’échapper. A la sortie du marécage, Akielos était chamboulée, les jambes frêles et le souffle court. Pour sûr, elle était émue, et se promit de rendre honneur à cet homme viril et brave qui n’avait pas hésité à se mettre entre elle et la mort.

Les choses changèrent alors à l’approche de la septième étape, et le périple ne fut plus jamais le même. La Sainte se faisait plus discrète qu’à l’accoutumée, même lorsque - de retour sur une embarcation - elle dut traverser un océan de brouillard. Le groupe était terrorisé, ils voyaient sans cesse les silhouettes inquiétantes de requins tournant autour du bateau. Là, Akielos fit une rencontre énigmatique. Si énigmatique que, même-moi, votre digne serviteur, ne peut en révéler la teneur. Tout ce que l’on sait, c’est qu’elle demanda à partir seule en barque pendant quelques heures, au mépris des requins et de l’équipage qui tenta de la dissuader. Elle disparut après quelques coups de rame, et ne revint que de longues heures plus tard. Différente. Assombrie, peut-être ? Nul ne sait vraiment. Ni ce qu’elle a vu, ni ce qu’elle a vécu, ni les leçons qu’elle en a tiré. Lorsqu’elle reparut sur le navire, que de plus en plus de requins s’aggloméraient autour de la proue, elle annonça simplement d’une voix calme : « N’ayez crainte. Car ils ne nous feront pas de mal. »

C’est le cœur lourd, que la compagnie quitta l’océan pour mettre le pied à Djinn, dans un huitième temps. Akielos enfonça ses bottes dans le sable, le visage terne et la mine rabougrie. Les dernières semaines s’étaient montrées trop rudes à son égard, et qui pouvait bien la blâmer de se sentir perdue ? Le territoire aride offrit cependant aux malheureux un peu de calme, ce qui était le bienvenu. Ils se réunirent au bord d’une plage, armés de rasades d’alcool, échangeant des regards mélancoliques avec l’horizon, jusqu’à ce que les partisans qui accompagnaient la Sainte prirent la parole. Un à un, ils mirent de côté leurs différences pour parler à coeur ouvert, du bienfait qu’Akielos avait invoqué dans leurs vies. Où ils en étaient avant sa présence, et à quel point ils avaient grandi depuis. Ils tentèrent de lui remonter le moral, de faire preuve de camaraderie à l’égard de celle qui était considérée comme une sauveuse, et ce à bien des égards comme vous le savez si bien. L’intéressée les écouta, avec respect et sincérité, et attendit sur la berge que la nuit tombe pour profiter d’un moment d’intimité, bercée entre le crépitement du feu et l’écume mousseuse qui se retirait de la grève. Le champ de vision embué par l’alcool et l’émotion, elle ne remarqua que trop tardivement que, là, un petit enfant s’était installé à côté d’elle. L’enfant était coiffé d’un masque en bois arborant tous les traits caractéristiques d’un ours, et il regardait Akielos avec un sourire, les yeux cachés par le relief du masque ornemental. Alors, ce fut au tour d’Akielos de parler avec cette énigmatique figure, à qui elle eut le sentiment de pouvoir se confier, comme si elle se confiait à elle-même. L’enfant l’écouta, accompagna ses pensées avec délicatesse, et ce jusqu’à ce que la Sainte retrouve son sourire et sa motivation. Elle se rappela de l’importance de sa mission, de la vertu qu’elle devait exercer, et de l’impact qu’elle avait désormais sur les fidèles. Alors elle se releva d’un bond, puis baissa le regard pour voir que l’enfant masqué avait disparu, et que les braises du feu s’étaient rallumées.

S’en suivit une traversée du désert. Le genre d’où vous et moi n’aurions pas reparu. Car cette dernière tenait plus du voyage intérieur et de l’allégorie qu’une véritable promenade entre les dunes. Un sentier spirituel, aux contours flous, où Akielos dut grandir sans boussole morale pour la guider, se perdant des heures et des heures dans la tempête qui bousculait ses songes, où chaque idée, semblable à un grain de sable, était volatile et perdue dans la masse informe. A termes, c’est avec le moral revigoré et le cœur gros qu’Akielos avançait maintenant en tête de file, guidant ses acolytes comme un berger guiderait son troupeau. Malgré la chaleur, le manque d’eau et les muscles engourdis, ils avancèrent, dans une bonne humeur cultivée par la sainte. Après des jours passés dans le désert, tandis que la nuit se faisait grande, ils firent la rencontre d’un peuple nomade réuni autour de carrioles. Ces derniers refusèrent de leur parler, préférant d’abord s’assurer de leur innocence en les présentant à un chat, qui s’avéra être le protecteur des voyageurs. Les nomades amenèrent le chat à Akielos et ses confrères, attendant de voir si le félin feulait ou repérait la moindre animosité. Mais plutôt, il alla se réfugier et frotta sa tête sur le mollet de la sainte. Moins méfiants malgré leur pudeur, les nomades échangèrent avec le groupe, rendus curieux par l’étrange détachement qu’ils formaient. Akielos, qui sentait encore du doute chez les voyageurs, se hissa sur une petite caisse de bois, et tint un discours. Un discours rempli de solennité, de calme et de logique. Elle sut parler à la méfiance des nomades, dénouer délicatement le nœud qui enserrait leurs cœurs. Ses talents d’oratrice furent tels, que non content de proposer des vivres à la Sainte, la majorité des nomades demandèrent à faire route à ses côtés, suivre ses enseignements, et partager un peu de son voyage. Le doute s’était dissipé, et avec lui la neuvième étape.

Le voyage touchait presque à sa fin, et si Akielos était partie seule, elle était maintenant entourée de plusieurs dizaines de partisans. Et bien sûr, de la fidèle chouette qui continua de la guider. Certains admiraient son charisme, d’autres voulaient simplement la remercier, d’autres se sentaient fascinés par elle, sensibles à son message d’unité et de dévotion. Visualisez le tableau, celui d’une assemblée d’hommes et de femmes venus des quatre coins du monde, roturiers, nobles, combattants, pêcheurs et artisans, fédérés sous une seule bannière. C’était là un grand moment, oh que oui. Il ne leur restait plus qu’à accomplir de grandes choses, et c’est ce qu’ils firent bien vite ! La fin du désert commençait à apparaître derrière une énième dune, lorsqu’un chien fit son apparition. Il coura vers Akielos, la queue basse et les oreilles dressées. Il semblait appeler à l’aide, et sa présence dégagea quelque chose d’assez spécial pour que la Sainte n’y voit un signe et accepte de le suivre. Le groupe s’élança naturellement à sa suite, certains sourirent déjà à l’approche de ce qui allait être une dixième aventure ! Hélas, les sourires disparurent lorsqu’on se rendit compte que le chien les avait menés à un village frappé d’une malédiction. Ses habitants semblaient en proie à une folie de l’âme, qui les faisait cauchemarder. Certains criaient d’épouvante dans leur sommeil, d’autres ne pouvaient plus se réveiller, la situation faisait peine à voir. Le fidèle chien, témoignant d’une loyauté parfaite, amena Akielos au chevet de son maître. L’on réfléchit à quoi faire. Fallait-il les guérir ? Tenter de les réveiller de force ? Leur jeter un seau d’eau, peut-être ? Là, une des acolytes de la sainte se détacha des rangs d’épaule pour proposer son aide. C’était une dame de Kanagawa, dotée de solides connaissances théologiques et magiques. Bien sûr, on ne le savait pas encore, mais cette demoiselle était amenée à devenir la première exorciste de l’histoire. Sous les yeux d’Akielos, elle s’évertua à donner quelques rites et, quelques heures plus tard, d’un commun effort : tout le village était guéri. Un grand festin fut donné ce soir-là, et l’on remercia la troupe de son aide et de sa gentillesse. Ils trinquèrent ensemble, une pointe de tristesse ternissant toutefois le tableau, car il fallait maintenant quitter Djinn et sa ferveur, son hospitalité.

Le malheur ne dura cependant pas bien longtemps, car voilà qu’Akielos était de retour chez elle, trois ans après son départ, et le début de ses péripéties. Elle avait grandi, n’était plus seule, avait été témoin d’interventions divines, de signes et de présages. Son entreprise était couronnée de succès, elle avait rencontré des individus sensibles à son message, et s’impatientait maintenant de partager ses connaissances et raconter son histoire. L’âme en fête, la troupe traversa les anciennes jungles de la région, lorsque alors ! Tandis que tout le monde se pensait à l'abri, une épreuve finale apparut, et un groupe de bandits s’imposa à leur trajectoire ! L’on craignait que le combat s’engage, que cette magnifique épopée ne se termine par un bain de sang. Mais alors, un lion fit son apparition, sortant d’entre deux fourrés, illuminé par les rayons aveuglants du soleil. Oui ! Un lion, majestueux, souverain. Il marcha lentement et avec grâce, montrant ses crocs aux bandits et à leurs lames affûtées. Si Akielos eut peur au début, elle affina son regard sur la silhouette de l’animal, et se mit à sourire. Elle sut qui l’envoya, et qu’il s’agissait du dernier signe divin rendant grâce à sa légende. Le lion fit déguerpir les bandits d’un rugissement, puis s’éloigna du sentier pour que le groupe puisse rentrer en sécurité à Ios, où Akielos comptait se reposer quelques temps. Après avoir fait le tour du monde, n’était-il pas normal de vouloir profiter un peu de chez soi ? Elle se souvint toutefois d’ériger quelques semaines plus tard une statue de lion protecteur à l’endroit de leur dernière mésaventure.

Ainsi s’acheva le périple d’Akielos. Trois ans, trois mois, et trois jours plus tard. Le voyage initiatique ayant forgé sa légende, et ayant ramené une partie de l’humanité dans la chaleur et le respect des Dieux. Akielos, notre sauveuse, nous a encore une fois gracié de sa sagesse. Notre symbole de la paix, qui chassa la guerre, chassa l’obscurantisme, chassa le manque de foi, et chassa l’intolérance. Elle nous légua ce monde, celui que nous arpentons aujourd’hui, où il fait bon vivre, et où il y aura toujours une place pour la curiosité, et la noblesse d’âme.

L’on raconte qu’après son voyage, la Sainte déploya de nombreux efforts envers la construction de refuges où toutes les personnes en quête de spiritualité pourraient venir loger. Lors de l’inauguration du premier refuge, une chorale s’installa face à la porte de l’édifice qui fit face à la mer. Les chants des vertueux furent accompagnés par des sons lointains et envoûtants: ceux d’un banc de baleines donnant également de leur voix, comme pour bénir une fois encore l’initiative qu’était à l'œuvre. La ville prospéra, et avec elle la réputation d’Akielos, qui devint progressivement une figure emblématique de notre histoire, et un modèle de vertu. De plus en plus de gens s’amassèrent ici-bas, reçurent les enseignements d’Akielos, découvrirent la sagesse et la spiritualité. Les acolytes ayant partagé son voyage devinrent des scribes, des archivistes ayant à cœur de rendre éternel le récit épique dont ils eurent la chance d’être témoins.

De son côté, Akielos se faisait humble, parfois même discrète. Elle observait son jardin fleurir, et les pandas roux investir les cours et balcons, mais ne resta pas longtemps à Ios. Elle voyagea, et voyagea encore, aussi longtemps que son corps le lui permit, en vérité. Elle n’accepta de revenir et d’adopter une vie plus sédentaire que lors de ses dernières années, où elle acheva ses jours en partageant son savoir et son expérience aux plus jeunes esprits. D’aucuns racontent même que, alors qu’elle enseignait à un groupe d’enfants, une petite fille se démarqua du lot de par une maturité exceptionnelle. Un enfant. Qui deviendrait plus tard le successeur d’Akielos : L'Archevêque.

La suite ... Hé bien, vous la connaissez déjà, non ?