07/04/1518 Jodie est née dans une famille des plus simples à Nordahl, en Althéa. Dans cette région, sa famille est tout à fait normale, bien que pour le reste du monde, elle soit plutôt atypique. Sa mère, qui travaillait dans la fabrication de bateaux, était douée de ses petites mains, ne laissait pas deviner, avec son allure fragile, qu'elle n'était pas une simple petite femme. Elle avait un caractère bien trempé, qu'elle a d'ailleurs transmis à sa fille. Son père, quant à lui, était un excellent guerrier qui rêvait d'avoir un garçon, comme beaucoup d'hommes en réalité. Mais finalement, il n'avait eu que Jodie. Cela ne l'empêcha pas de lui apprendre à se battre et à manier une arme dès son plus jeune âge. Il voulait qu'elle soit parfaite... Peut-être même un peu trop.

10/1528 L'enseignement religieux est obligatoire à Ios, une pratique qui n'a jamais vraiment attiré Jodie. Ce n'est pas du tout son truc, mais elle s'efforce d'y assister régulièrement pour rendre fiers ses parents. Elle se force à participer aux cours et à accomplir les tâches requises, même si son cœur n'y est pas. Pour ne pas attirer l'attention, elle maintient un équilibre délicat, veillant à rester dans le groupe des élèves qui ne sont ni particulièrement bons ni particulièrement mauvais. Ainsi, elle parvient à passer inaperçue, tout en honorant les attentes de sa famille, sans pour autant s'investir profondément dans quelque chose qui ne la passionne pas.

01/1533 Le service militaire obligatoire fut une période de sa vie où Jodie se sentait presque comme chez elle. La possibilité de se battre la rendait extrêmement heureuse. Toutefois, elle éprouvait parfois des difficultés avec l'obéissance, surtout lorsque quelqu'un lui tenait tête. Elle reçut plusieurs corrections pour ses écarts, mais cela ne fit que renforcer son caractère. Peu à peu, elle devint moins fragile et moins empathique envers les autres. Cette expérience militaire façonna profondément la personne qu'elle est devenue, lui inculquant une résilience et une dureté accrues.

08/1537 Tout allait bien dans la vie de Jodie, jusqu'à ce qu'elle rencontre et passe du temps avec des personnes mal intentionnées, celles qui allaient la faire sombrer et devenir la honte de sa famille. Peu à peu, elle devint rebelle, n'en faisant qu'à sa tête. Elle cherchait à s'amuser, à boire, et bien plus encore. Pourquoi ? Après la fin de son service militaire, c'était comme si une partie d'elle lui manquait. Elle se sentait vide. Ne pas obéir aux lois comblait ce vide, temporairement.

Cependant, en se liant à des parias, Jodie découvrit quelque chose qu'elle regretterait profondément. Ce qui commença comme un simple vol dégénéra rapidement en meurtre. Abandonnée par ses "amis", Jodie fut arrêtée et accusée d'un crime qu'elle n'avait pas commis. Elle allait passer les dix prochaines années en "prison" sur l'île de Thuléa. Elle en avait entendu parler plus d'une fois et, en sachant qu'elle allait y passer tant de temps, une peur sourde l'envahissait. Elle se demandait même si elle reviendrait un jour de ce séjour où la survie était très difficile.

1541 Au final, ce n'était pas la survie qui était difficile pour Jodie, mais le fait de devoir obéir, d'être considérée comme un larbin. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait été envoyée en bagne sur l'île maudite a cause de son comportement. Combien de fois s'était elle dit qu'elle allait mourir ici ? Malgré tout, elle réussit, tant bien que mal, à survivre et à revenir à chaque fois, mais pas en un seul morceaux. Les marques sur son corps pouvaient attester de l'enfer qu'elle avait vécu là-bas, des cicatrices profondes dont elle gardait le secret.

Au bout d'un moment, elle qui était autrefois si pétillante était devenue un pantin sans vie, obéissant, ne disant rien, ne ressentant rien. C'était sa seule façon de survivre et de maintenir l'espoir de rentrer un jour chez elle. Cette transformation lui permettait de supporter l'insupportable, de continuer à avancer malgré tout, avec l'unique objectif de retrouver un jour sa terre natale. Elle ne parlait à personne, développant de plus en plus son côté solitaire. La confiance qu'elle avait jadis en les autres s'était évanouie, remplacée par une méfiance constante. Si elle ne pouvait plus faire confiance à qui que ce soit, comment aura-t-elle pu espérer le faire envers des criminels ? Jodie s'enfermait dans sa solitude, son seul refuge dans cet abîme.

1547 Thuléa avait changé Jodie, mais elle avait aussi engendré des rumeurs qui s'étaient développées au fil des années. Certaines d'entre elles étaient bien évidemment vraies, mais d'autres étaient totalement fausses, comme si on cherchait à la détruire encore plus qu'elle ne l'était déjà. Plus personne n'avait confiance en elle, et personne ne voulait lui adresser la parole. Pour gagner sa croûte, elle devait se contenter de petits boulots illégaux, n'ayant pas vraiment d'autre choix. Elle devait maintenant vivre avec cette étiquette, cette image qui lui collait à la peau, et chaque jour était une lutte pour survivre dans un monde qui l'avait rejetée.

1550  Jodie était quelqu'un qui se méfiait énormément des autres, à cause de son passé. Alors, lorsque des étrangers sont arrivés de nulle part, elle ne put s'empêcher de garder ses distances et de ne pas les côtoyer. Tant qu'elle n'en savait pas plus sur eux, elle ne leur accorderait pas sa confiance. Sa prudence était une armure forgée par des années de trahisons et de désillusions. Chaque interaction était soigneusement pesée, chaque regard analysé. Les nouveaux venus, avec leurs motivations inconnues et leurs visages étrangers, représentaient une menace potentielle. Jodie préférait observer de loin, attendre et écouter, avant de décider si ces étrangers méritaient de franchir la barrière de sa méfiance. Elle savait que, dans un monde où tout pouvait basculer en un instant, la confiance était un luxe qu'elle ne pouvait plus se permettre de donner à la légère.

Jodie était fascinée par la tour d'Argos et ce qu'elle offrait une fois son sommet atteint. L'idée de pouvoir obtenir un vœu, quel qu'il soit, la tentait énormément. Elle avait tant de désirs, tant pour elle que pour sa famille. L'attrait de la tour d'Argos devenait une obsession pour Jodie. Chaque nuit, elle rêvait de gravir ses marches, de surmonter les épreuves, et de formuler ce vœu ultime. Le désir de réparer les erreurs du passé la hantait. Pour la première fois depuis longtemps, elle avait un but clair, une lueur d'espoir au bout de l'obscurité qui l'entourait. Elle se jura de faire tout ce qui était en son pouvoir pour atteindre le sommet de la tour, peu importe les sacrifices nécessaires.

AOÛT 1551 C'était sûrement l'un des pires mois de sa vie. Même si elle n'avait plus vraiment de contact avec ses parents à cause de ce qu'elle avait fait par le passé, elle leur restait profondément attachée. Après tout, ils étaient sa famille, et elle savait qu'elle méritait en grande partie ce qu'elle vivait. C'est pourquoi, lorsque la catastrophe frappa la ville pendant le festival, ravageant une grande partie de celle-ci, cela dévasta aussi son cœur. Elle perdit les êtres les plus chers à son cœur : ses parents.

Combien de fois avait-elle crié sa douleur à son dieu, le suppliant de lui expliquer pourquoi elle méritait une telle perte. Elle aurait tellement voulu prendre leur place, que ce soit son corps sans vie qu'on retrouve et non les leurs. La douleur était si intense qu'elle ne put se résoudre à assister à la veillée funéraire. Elle n'y arrivait simplement pas. Elle n'a jamais fait son deuil, n'a jamais visité les tombes de ses parents. Au lieu de cela, elle choisit d'oublier ce moment douloureux en se noyant dans l'alcool.

15/09/1551 Quoi rêver de mieux pour Jodie qu'un tournoi où elle pourrait faire ce qu'elle aime le plus : se bagarrer. Elle pourrait y passer ses nerfs en frappant de toutes ses forces. Cependant, elle ne s'attendait pas à se faire rétamer aussi rapidement. Cet échec blessa profondément son ego, et elle alla réfléchir dans un coin, loin de la foule. Elle se disait que, avec tous les événements qu'elle avait vécus et subis, elle avait perdu beaucoup de choses, y compris une partie de sa force. Elle devait à tout prix changer cela, pour ne pas sombrer davantage. Grâce à cet événement, elle décida de mettre de côté ses véritables sentiments, de ne plus rien ressentir, et de s'entraîner avec acharnement pour devenir la meilleure.

10/1551 Jodie ne pouvait pas nier ce qu'elle avait vu ce jour-là, même si elle était ivre, une bouteille à la main. Même avec quelques grammes d'alcool dans le sang, elle avait remarqué cette chose étrange dans le ciel, cette lumière qui se détachait de la toile noire et se rapprochait peu à peu d'elle, éclairant et aveuglant tout autour. Elle ferma à peine les yeux, juste quelques secondes, avant que la lumière ne disparaisse, se demandant si elle avait rêvé ou si l'alcool lui avait joué un tour. Elle ne s'inquiéta pas davantage à ce sujet.

Ce n'est que lorsqu'elle apprit la vérité, complètement sobre, qu'une légère panique commença à s'emparer d'elle. Cette lumière dans le ciel n'était pas une simple illusion, mais le présage d'une autre catastrophe. Pire encore, cela semblait toucher les dieux eux-mêmes. Elle se demandait ce qui se passait dans le monde, pourquoi tout cela arrivait. Se demandant ce qu'ils avaient fait pour mériter cela... Car pour elle, rien n'arrivait sans raison.

Les inquiétudes de Jodie grandissaient de jour en jour. Ne voulant pas assister à l'audience à cause de sa réputation et des problèmes qu'elle avait eus par le passé, elle préférait rester discrète. Elle comptait donc sur les rumeurs et les discussions dans les rues pour comprendre ce qui s'était passé. Elle avait du mal à croire que le roi avait attaqué la reine sans raison apparente, mais elle resta bouche bée en apprenant la disparition de celui-ci.

L'idée de partir pour un autre pays, où les gens ne commençaient pas à perdre la tête et à disparaître, lui traversa l'esprit, se sentant de moins en moins en sécurité. Pourtant, malgré ses nombreuses tentatives de départ, elle n'y parvenait pas. Elle était trop attachée à ses souvenirs, à ce pays qu'elle aimait tant. Le lien avec son passé, aussi douloureux soit-il, la retenait ici, prisonnière de ses émotions et de son histoire.

01/1552 Le ciel s’éclaira soudainement, juste pour quelques secondes, avant de redevenir noir. Jodie, intriguée par tout ce qui se passait depuis si longtemps, se sentait de plus en plus perplexe. Une inquiétude persistante l’obsédait : allait-il y avoir une autre catastrophe ou bien le monde allait-il enfin pouvoir vivre normalement ? Tout cela lui semblait illogique, voire trop beau pour être vrai. Au fond d'elle, elle pressentait que les choses n'allaient peut-être pas s'arranger, même si une petite part d'elle osait encore y croire. Pourtant, cette lueur d'espoir s'éteignit rapidement, balayée par le flot des préoccupations quotidiennes et une bonne dose d’alcool. Elle ne pouvait pas imaginer ce qui l’attendait dans les jours à venir… le traumatisme profond qui allait naître en elle, bouleversant sa vie à jamais.

16/01/1552 Que dire, que ressentir lorsque vous voyez la ville de votre enfance, le berceau de vos souvenirs les plus chers, réduite en miettes par un tremblement de terre. Les rues où elle avait grandi, les maisons familières, tout était détruit. Elle avait eu la chance d'échapper aux événements tragiques du festival, mais pas à cette catastrophe. Elle était en plein cœur du désastre. Ce jour-là, elle avait failli mourir noyée, et depuis, l'eau était devenue sa phobie, son cauchemar récurrent. Lorsqu'elle revint quelques jours plus tard sur les ruines de sa ville natale, la douleur l'envahit. Chaque pas parmi les débris ravivait des souvenirs et des émotions. Les larmes commencèrent à couler, silencieuses, le long de ses joues. C'était comme si une partie d'elle-même avait été brisée, irréparablement. Elle s'accroupit parmi les décombres, sentant le poids de la perte et de la tristesse l'envahir. C'était plus qu'un lieu détruit ; c'était son passé, ses rêves, son innocence. La douleur était presque insupportable, un vide immense creusé en elle, laissant une cicatrice profonde et permanente.

14/2/1552 Même si la politique n'était pas son fort, Jodie accepta les choix de la reine d'Althéa. Elle savait que, même en étant opposée, elle n'aurait rien pu changer. Alors, autant accepter les décisions. De plus, elle supposait que la reine devait avoir ses raisons, et Jodie ne la jugea pas. Au contraire, elle écouta attentivement l'annonce et la cérémonie. Lorsqu'elle vit le nouveau dirigeant, Sasori, un sourire se dessina sur son visage. Elle connaissait bien cet homme, l'ayant croisé plus d'une fois en ville. Qui ne connaissait pas la famille Jötunheim, après tout ? Grâce au travail de sa mère, elle avait pu le côtoyer de temps en temps. Elle savait donc qu'il ferait un excellent seigneur. Proche de son peuple, il ne les regardait jamais de haut. C'était ce qu'elle aimait chez lui : malgré sa noblesse, il restait simple et accessible. Jodie lui faisait totalement confiance, certaine que le pays était entre de bonnes mains. C'est pourquoi, et aussi pour redorer sa réputation, elle n'hésita pas à s'impliquer pour améliorer la situation d'Althéa et de Cheldis. Sa détermination à soutenir Sasori et à contribuer au bien-être de son peuple la poussa à s'engager pleinement.

Lorsqu'elle apprit que des monstres envahissaient Cheldis, Jodie n'hésita pas un instant et se proposa immédiatement pour aider à défendre les habitants qui se dirigeaient vers les navires. Elle était prête à faire des allers-retours incessants, sachant que la vie de ces personnes était ce qui comptait le plus. Elle était déterminée à sauver le maximum de personnes, quitte à y laisser sa propre vie. Cependant, ce jour-là ne serait pas celui de sa mort. Bien que blessée, elle finit par rejoindre l'un des navires, mais elle ignora ses propres douleurs, refusant de se plaindre. Elle observa les gens autour d'elle, les blessés en bien pire état qu'elle. Ce spectacle raviva en elle une détermination farouche, la poussant à continuer à se battre pour protéger les autres, peu importe les sacrifices qu'elle devait faire.

04/1552 Depuis que la guerre avait ravagé Varenne, Jodie se trouvait "prisonnière" à Akielos. Certes, elle y était en sécurité, du moins en apparence. Mais rapidement, le mal du pays s'était emparé d'elle, la poussant à vouloir à tout prix retrouver sa ville natale. Malgré la présence de ses quelques amis, également exilés, un profond sentiment de manque l'envahissait chaque jour un peu plus. Tout lui manquait, vraiment tout. Souvent, elle fixait la mer, perdue dans ses pensées, se rappelant de ses parents. Elle songeait qu'un jour, peut-être, elle devrait se rendre sur leurs tombes. Tant de choses l'attendaient à Nordhal, tant de promesses à tenir, tant de rêves à réaliser. C'est ainsi qu'elle se mit à chercher désespérément un moyen de retourner chez elle, définitivement.