La nuit recouvre une nouvelle fois d’un voile obscur les terres de Nordahl. Le Prince a veillé encore une fois plus qu’à l’accoutumé, manquant quelques précieuses heures dans les bras protecteurs de la triade Divine en Djinn. Pourtant Geb ne s’en souci pas, ce ne sont pas les angoisses nocturnes qui le dévorent, mais l’exaltation de l’inventivité et des machinations pour concevoir un objet digne de sa reconnaissance.
La conception prend forme, elle est même parvenue à arracher un sourire à cette jeune adolescente qui venait parfois lui apporter de quoi se réchauffer tout en scrutant avec curiosité ses inventions. Cela contribuait à lui apporter un peu de réconfort à défaut de pouvoir la consoler de l’attitude du Seigneur qu’elle sert.
Sasori ne quitte que rarement son bureau, il s’enferme avec pour seule compagnie une paperasse interminable. Geb le croise par moment, partage un repas avec lui et sa famille, le surprend dehors à faire quelques exercices ou à rapidement passer d’un endroit à un autre, perdu dans ses pensées. Les dernières conversations ont permis au Prince de s’apaiser, s’offrir le luxe d’une occupation stimulante… Mais qu’en était-il du Seigneur de Nordahl ?
Ses pensées sont pour lui tandis qu’il déambule dans les couloirs pour rejoindre sa chambre, il se détend, prépare son corps à un repos réparateur à l’idée de se recouvrir de ces immenses fourrures pour une énième nuit.
Mais la faible lueur qu’il croit voir sous la porte du bureau de Sasori le retient. Pourquoi est-ce que cette pièce est toujours éclairée au beau milieu de la nuit ? Voilà sans doute l’une des raisons de l’inquiétude de l’adolescente. Il passait suffisamment d’heures à s’enfermer dans son bureau, comptait-il en faire également son lieu de repos ?
Voilà une chose qu’il a expérimentée pendant des années sans que jamais qui que ce soit ne vienne le tirer jusqu’à son lit.
Mais cela sera différent pour cette tête de pioche.
Parce que Geb n’autorisera pas qu’un autre que lui se tue à la tâche.
Il frappe à la porte vaguement, attend, puis finalement ouvre la porte sans attendre son reste. L’espace d’une seconde, il prie pour ne pas tomber sur une situation gênante, mais il était bien là.
À faire son “Geb Ramses”.
Peu importe le sens que l’on puisse donner à cette expression dans la bouche de certains Nordahlois.
- “Sasori. Au lit, immédiatement.” lui sert-il avec autorité et les yeux plissés. Nul besoin de tourner autour du pot avec lui, et ils se connaissent finalement assez pour ne plus s’offusquer de quelques raccourcis.