1524 - 1535
Akira n'était pas destiné à voir le jour. Son petit corps fébrile passe d'une main d'une mère déséquilibrée, dont la vie d'un petit être ne valait rien de plus qu'un supplice supplémentaire dans son activité dépravée, à celle du Temple Usagi à Ama, Avant qu'elle ne puisse vendre son petit corps tout chaud à plus offrant pour une poignée de survie, il est recueilli parmi les autres enfants du temple, élevé et éduqué dans l'espoir de leur apporter les meilleures chances possibles auprès d'une autre famille.

Durant cette période prolongée, le temple se charge de lui inculquer les valeurs d'Akielos et de s'occuper de son éducation spirituelle (en l'envoyant à Ios pour l'enseignement obligatoire) et scolaire.

Certains enfants évitaient Akira ; il était stigmatisé pour son regard trop perçant. On le juge timide, mais les enfants savent que quelque chose cloche chez lui. Akira est un enfant silencieux. Un peu trop sans doute.

Si à première vue il était perçu comme un enfant comme les autres, les rumeurs autour de l'enfant turbulent et de ses origines n'aidaient pas à le rendre sympathique aux yeux des futurs parents souhaitant adopter. On le plaint, on lui tend la main, mais son attitude déplaisait bien vite : Akira est perçu comme un enfant inadapté, lent, étrange, un défi trop important à surmonter comparé aux autres.

Alors qu'en réalité ce n'est que par jeu qu'il faisait fuir ses futurs adoptants : il lui arrivait de dire les pires attrocités qui lui passait par la tête pour simplement voir leur visage se décomposer. Akira comprenait que les gens qui venaient pour lui n'agissaient que par "sacrifice" en accord avec le culte d'Akielos, cela ne lui plaisait pas.

Quand les prêtresses ont découvert son petit jeu, les menaces d'être envoyé dans un autre temple ou bien d'être sévèrement puni pour son comportement avait suffi à le calmer. En apparence.

1535 - 1537
La personne qui a posé son dévolu sur Akira était particulière. Elle lui ressemblait en tout point, ses yeux plissés lui donnant un regard perçant trahissait de sa filiation.

Il était son père biologique. Qu'il disait.
Peu importe comment il l'a retrouvé ou pourquoi.
Il était là, c'était là le plus important.

Et si tous n'étaient pas en accord avec ce soudain retour, sur le futur qu'il réservait à Akira, que pouvaient-ils faire ?
Il était son père, ils n'étaient pas en droit de l'en empêcher.
L'enfant était d'accord, il était difficile de le lui refuser.
Ils pouvaient enfin se débarrasser d'Akira, un enfant qui malgré tout leur amour et leurs efforts n'est jamais parvenu à s'appaiser, voilà la pensée qui traversait l'esprit des prêtresses.

Mais le père avait d'autres ambitions que lui offrir une vie décente. Homme négligé, il n'avait pas grand chose pour subvenir à la vie d'un enfant. Mais il avait des projets et de quoi lui rapporter énormément d'argent pour un déchet comme on l'entend si bien.

Mercenaire en vadrouille, on payait cher ses services pour se salir les mains. Il agissait pour le bien commun, alors il n'était pas grave d'avoir les mains souillées et l'argent venait ensuite et bien plus grassement que dans un métier "socialement acceptable" pour ces chiens d'impériaux. Mais en attendant que l'événement le plus important de sa vie ne vienne, il avait besoin d'un assistant docile et serviable pour subvenir à ses besoins.

Et qui mieux qu'un enfant en manque d'amour et en quête de reconnaissance qu'une pauvre catin dont il a oublié le nom était incapable d'élever pour l'aider sans rien demander en retour ?

1537 - 1540
Depuis son adoption, jusqu'en 1540, Akira a été envoyé à son service militaire. Comment son père avait-il récupéré le nécessaire pour l'y envoyer ? Il l'ignore. Mais le fait est qu'entre les périodes de son entraînement, son père attendait de lui une compensation. Jusqu'alors il n'avait jamais totalement évoqué ce qu'il lui réservait, il se contentait de lui inculquer des doctrines qui, à présent, se mélangent parfaitement à celles de la rebellion. Akira savait que son entraînement et les discussions avec son père entraient en décallage avec la pensée pieuse, et qu'elle le guiderait vers une voie qu'il n'avait pas encore soupçonné.

Et il adorait ça.

1540  Peu après sa sortie du service militaire, Akira est chargé de surveiller les prisonniers capturés par son père. Juste ça. Il n'avait pas besoin de les voir, simplement de laisser entrer ceux qu'il connaissait pour faire leur sale besogne. Mais les troupes impériales parviennent à les retrouver, et son père somme de tuer les enfants avant de s'enfuir.

Ce n'est pas l'envie qui lui manque.

Mais en comprenant que le mercenaire s'apprêtait à utiliser son fils comme bouc émissaire pour s'en tirer, Akira a changé ses plans. Il laissa les enfants à leur propre sort et, sous l'effet de l'urgence et de la surprise, il parvient à assommer son père pour l'utiliser comme appât dans sa propre fuite. Akira ne se laissera pas bien longtemps dévoré par la culpabilité de laisser son géniteur là-bas.

Après tout, il leur a livré le responsable, non ?
N'est-ce pas là un acte généreux méritant miséricorde ?

1540 - 1543
La rébellion se poursuit et Akira se doit de faire profil bas. La famine et la fuite sont son quotidien. Il n'a plus d'endroit où vivre et il se contente parfois de restes avariés ou des ordures pour survivre. Il évite les lieux de conflits autant qu'il lui est possible.

Mais un jour, c'est une prêtresse de passage non loin d'un petit autel de prière qui lui accorde son aide. Voyant son état, elle lui offre à manger alors qu'elle tente d'appaiser son âme assombrie par la peur et la détresse. Ses paroles concernant le sens du sacrifice et des valeurs pieuses et de la joie purifiante dans la souffrance le rend malade.

Lui qui est né rejeté.
Qui a subi toute sa vie.
Et qui subit encore aujourd'hui malgré ses efforts.

Il devait encore demander pardon et remercier Akielos et les Dieux pour cette leçon ?

Cette hypocrisie mérite d'être punie.
Il perd le contrôle. La prêtresse est sacrifiée au profit de sa propre survie.

Avec les événements troubles de la guerre, Akira réalise que personne n'a le temps ou ne parvient à faire le lien entre lui et la mort de cette prêtresse. L'exaltation de ce sentiment de puissance et de contrôle le rend vivant pour la première fois.

Il veut recommencer.

Peu avant que la rebellion ne se calme, lorsque le chemin des prêtresses trouvent le sien et qu'elles sont seules, isolées, il se présente à elle, prétend chercher la rédemption et la bonne parole de ces dernières pour finalement les achever.

Certaines sont laissées à l'abandon sur les petits temples en bois conçu pour la prière, d'autres sont comme volatilisées dans la nature. En deux ans, jusqu'en 1943, Akira a multiplié les actes meurtriers à intervalle irrégulière, laissant sur son passage des traces des rebelles, par jeu, pour brouiller les pistes. Combien de fois avait-il répété l'opération ? 5 fois, à vue de nez, peut-être plus.

Entre temps, il prenait les petits boulots qu'on voulait bien lui offrir, pour feindre une bonne vie. Il a apprit à se montrer plus aimable, plus sociable pour couvrir les apparences. Bientôt, avec le retour à la normal, tuer devient plus difficile, ou trop risqué pour Akira. Et s'il continue, le rapprochement pourra se faire plus aisément. Il doit renoncer à son activité. Calmer ses ardeurs. Laisser ses pulsions de côtés.

Jusqu'à ce que l'occasion parfaite se présente à nouveau.

1544 - 1549
Avec le temps, les relations et l'expérience, Akira est parvenu à rejoindre un petit groupe de mercenaires provenant d'Akielos. Une occasion inespérée pour faire profil bas à Kanagawa. Enfin, il lui est possible de retrouver l'exaltation d'oter la vie et en plus, on le paierait pour cela. Pour son jeune âge par rapport au groupe, on le trouve étonnemment calme face à la mort malgré sa pauvre expérience. Avec le temps, les mercenaires l'ont surnommés dans le métier Scavenger (Nekrofágos |スカベンジャー) en raison de sa fourberie : il profite de la moindre faiblesse ou d'astuces disgracieuses à la dague et laisse aller sa rage sur eux alors qu'ils sont déjà morts.

Akira était satisfait, et ses pulsions trouvaient un semblant de contrôle.

1550
Il fallait pourtant voir plus loin que de simples pulsions animales, plus loin que simplement satisfaire sa frustration du moment.

C'est ce qu'on lui a dit.

Il devait voir plus loin, plus grand. Les Beasts semblaient être un simple groupe de Mercenaire d'Akielos, plus sanguinaire que les autres, plus terribles dans les exécutions, mais qui dans le fond ne rêvait qu'à une chose, une fin digne des plus grands mélodrames de leurs temps.

Il n'était plus simplement question d'assouvir sur l'instant des pulsions, mais de se satisfaire pleinement, une bonne fois pour toute.
Mettre un terme à tout ce qui les rongeait depuis tant d'années. Les nobles étaient leur cible, Akira s'en moquait, car on avait laissé planer le fait que la Latreia ne serait pas non plus en reste...

Tout n'était qu'une question de temps.

1551
La mort de leur camarade lors du Festival d'Ios en Août a suffit à mettre un coup au moral des Beasts, mais Akira s'en moquait. A la suite des événements du Colisée de Kesus où certains de leurs poulains ont sû briller aux yeux des plus puissants en Septembre, Akira a été envoyé à Kanagawa pour y faire quelques missions de reconnaissance autour de la Noblesse.

La chute de l'étoile, l'apparition soudaine de Galdred ont rapidement convaincu le Kanagawais de rester plus longtemps sur place en quête de la moindre information pour les Beasts.

1552
Encore aujourd'hui à Kanagawa, Akira partage des échanges épistolaires codés avec les Beasts concernant ses avancées autour du pays. Il sait pourtant, que prochainement, on l'appellera à repasser en Akielos.

On a besoin de son "expertise", semble-t-il.