Espion.
Tel était ton titre pour Sasori.

Il était donc tout naturel que tu ailles dans des contrées, aussi lointaines soient-elles, pour espionner. Avoir des informations sur les seigneurs de Cheldis, leurs actions, leurs manières de penser, ce genre de choses. Tu étais content d'avoir ce rôle. Car déjà, tu pouvais voyager partout pour un but précis. Tu pouvais aller partout à Cheldis pour cet intérêt. Mais tu pouvais satisfaire ta curiosité malsaine. Tu aimais découvrir des petites choses interdites. Des choses qui peuvent mettre dans l'embarras le plus grand des seigneurs. Une relation romantique cachée et interdite, une attaque prévue dans le dos, des trahisons... Tellement de petites choses croustillantes, tu étais si content de pouvoir y découvrir. Plus tu savais de choses, plus tu pouvais rédiger un rapport concret et précis à Sasori, et tu aimes le travail bien fait.

C'est à cause de ça que tu t'étais retrouvé dans le palais royal de Djinn. Tu avais berné les gardes, prétextant que tu étais le représentant d'une contrée qui souhaitait faire la paix avec Djinn. Bien sûr, un homme comme toi, les traits aussi fins qu'un enfant et surtout venant de Kanagawa... Cela posait de sérieux doutes. Surtout quand tu avais refusé que les gardes préviennent leur prince héritier de ta venue. Non, cela ne sert à rien ; il sait déjà que tu viens, bien évidemment. Menteur professionnel, c'est comme ça que l'on pouvait te décrire. Mais tu ne pouvais pas te permettre de trop traîner, car tu savais que l'on allait vite comprendre que tu n'étais pas un représentant, mais une simple fouine.

Crochetant la serrure du bureau du prince héritier, un sourire sur tes lèvres alors que tu refermais la porte derrière toi. Une mine d'or, une mine d'informations était face à toi. Tu ne sais pas où est le-dit prince, mais tu n'as pas le temps de chercher. Tu fouillais un peu, remettant tout à sa place derrière pour masquer ta venue . Et là, tu étais tombé sur une petite pile de lettres, écrites maladroitement ; et il était question de celui que tu voyais comme une figure paternelle.

Des pensées, très personnelles.
Des sentiments, profondément cachés.

Tu haussais un sourcil en les lisant. Est-ce que Sasori était au courant ? Certainement que non, vu que ces lettres n'ont jamais été envoyées. Tu voulais les prendre, les mettre dans ta poche, mais la porte s'était ouverte... Et c'était le prince lui-même. Une main s'était approchée de son livre tandis que toi... Tu ne faisais rien. Une main sous ton menton, ne donnant aucune attention au prince. Tu n'avais pas fini ta phrase. Quand tes yeux s'étaient posés sur le point final de la dernière lettre, tu tournais tes yeux vers le prince héritier, un sourire enfantin sur les lèvres.

« — Oh, votre altesse. »

Sarcasme, imperturbable.

« — Voyons, je ne veux pas me battre avec vous dans votre bureau, vous avez tellement de choses précieuses, de magnifiques objets... Ce serait dommage de les casser. »

Matérialiste, provocateur.

« — Hm... Vous avez l'air très proche de papa. Ou, en tout cas, vous le portez en estime. Vous êtes qui ? »

Méfiant. Qui est cet homme qui écrit pour Sasori de cette manière ? Au-delà de son titre de prince.

« — Oh pardon, je suis impoli. Je suis Ryōji. Je suis né à Kanagawa, mais je vis à Nordhal maintenant.   »

Il semblerait que tu avais perturbé le prince héritier par tes mots si simples. Tu pensais pourtant que Sasori lui avait dit que tu existais... Ou alors ils ne sont pas aussi proches que ce que tu avais cru lire. Enfin, tu te doutais que ce qu'avait écrit le prince était bien trop personnel, et que sûrement Sasori n'en savait rien... Vu que ces lettres n'ont jamais été envoyées. Tu sursautais légèrement quand le prince de Djinn t'avait retiré les lettres de tes mains, les chiffonnant tandis qu'il semblait réfléchir. Tu penchais la tête, le regardant. Tu t'interrogeais sur tout ce qu'il pensait, bien que tu avais dû retenir un rire quand tu avais entendu la prononciation de ton prénom.

Mais tu peux le comprendre,
les prénoms de Kanagawa doivent être compliqués à prononcer pour les autres peuples. Et tu comprenais aussi d'où venait son interrogation. Sasori. Bien sûr, Sasori.

Tu avais présenté le seigneur de Nordhal comme ton "papa" de manière totalement naturel et banale, comme si c'était un fait avéré et officiel. Mais le fait que tu considères Sasori comme un père est officieux et inofficiel. C'est toi qui l'a décidé ainsi, pratiquement.

« — Oui, c'est de lui dont je parle. »

Gardant ton visage neutre, tu suivais du regard le prince héritier. Il avait l'air perdu dans ses réflexions intérieures, et toi, tu étais planté là. Tu serais bien parti, mais étonnement, tu étais sûr qu'on n'allait pas te laisser partir avec ce que tu avais découvert. Pendant que le prince réfléchissait, tu t'étais permis de faire le tour de la pièce, te penchant pour regarder tous les objets entreposés du prince. Il y avait ce tissu venant de Kanagawa, un tissu que tu connaissais assez bien. Un kimono sûrement. Sur le bureau du prince, il y avait des plans étranges... Tu ne comprenais pas trop où cela menait. Geb était un inventeur ? C'était fort probable, mais cela ne t'intéressait pas forcément. Enfin, c'est que tu voulais te faire croire, car en réalité tu étais très curieux de ce que voulaient dire ces plans... Mais tu te retenais. Surtout que ta petite exploration avait pris fin quand le prince t'avait invité à t'asseoir. Haussant les épaules, tu prenais place sur une chaise, croisant tes jambes tout en jouant avec un stylo laissé sur le bureau du prince, le faisant rouler. Un vrai enfant.

Tu relevais les yeux, entendant bien que finalement, le prince s'était trompé sur l'interprétation de tes mots. Tu venais gonfler tes joues, croisant tes bras.

« — De toute évidence oui, j'ai été conçu... Mais vous avez mal compris, ou alors l'absence d'explications de papa ne doit pas aider à comprendre qui je suis. »

Tu accompagnais tes paroles avec tes mains, faisant des gestes élégants et simples.

« — J'ai perdu mes parents quand j'étais petit... Et on va dire que Sasori m'a adopté, bien qu'il n'y ai rien d'officiel et que j'ai 22 ans... Mais je le vois comme mon papa car c'est le seul qui m'a donné cette attention quand j'en avais besoin. C'est pour ça que je suis sous ses ordres et que je suis lié à lui. »

Tu rentrais très vite dans le personnel, mais tu n'avais rien à cacher. Tu sais que Sasori ne cache pas ta présence auprès de lui, donc tu ne vois pas pourquoi tu devrais jouer les mystérieux envers quelqu'un qui, vraisemblablement, connaissait Sasori également. Bien sûr, tu n'allais pas lui dire pour l'amant de ton père et autre, tu avais promis d'emporter ça dans ta tombe, et tu t'y tiendras. Maintenant ton regard, tu venais relever ta manche pour montrer ton premier tatouage venant de Nordhal.

« — Je me suis inspiré des siens, ça doit suffire comme preuve. »

Baissant ta manche, tu venais pencher ta tête un peu en arrière avant de regarder de nouveau le prince.

« — C'est pour ça que je m'interroge sur ces lettres que vous n'avez jamais envoyé à papa... Quelque chose à lui cacher ? »

Tu le sais, oui. Ce n'est pas logique, compréhensible, de considérer un homme âgé d'à peine trois années de plus comme un père adoptif. Mais quand tu l'as rencontré, tu étais en état de faiblesse mentale. Tu n'avais plus personne à qui te raccrocher, et tu l'avais rencontré. Tu n'as jamais eu de grand frère, de cadet, tu ne sais ce que c'est que l'amour fraternel, alors l'amour paternel est directement apparu. Tu laisses généralement les autres juger, tu n'en as rien à faire de leur opinion.

« — C'est pourtant simple, ouji-sama. Enfin, si cela vous perturbe autant, retenez simplement que je suis très proche du seigneur de Nordhal, cela suffira. »

Tu esquissais ce sourire si malicieux sur ton visage. Un sourire qui, aux premiers abords, donnait un air de sincérité et de douceur à ton visage, mais tu cachais bien ton jeu. Tu savais pertinemment ce que tu faisais, où tu voulais en venir. Manipulateur, tu restes dans le fond quelqu'un de mauvais, et maintenant ta curiosité était piquée. Dommage, le prince ne savait pas qui il avait en face de lui : un jeune homme déterminé à obtenir ce qu'il veut, ou obtenir quelque chose dans tous les cas. Comme une sorte de trophée obligatoire. A ses mots, tu ne te contentais simplement de croiser les bras, tes yeux se plissèrent un peu tandis que tu t'étais mis à réfléchir.

« — Oh. En effet, cela ne vous concerne que vous deux. Du coup, vous n'y verrez aucun inconvénient si je fais passer le message à Sasori ? Cela vous évitera de faire envoyer ces lettres froissées. »

Bougeant un peu tes bras, une de tes mains se posait sur le bureau du prince, t'appuyant un peu sur ce dernier avant de te mettre à tapoter le bureau de tes doigts finement peints.

« — Je me suis dit que, peut être, le prince de Djinn aurait des informations qui me seraient utiles ; oh, je vous rassure, je ne suis pas là pour déclencher une guerre diplomatique entre Djinn et Nordhal... Non, non, c'est vraiment pas grand chose. »

Oh, non. Ce n'est pas ce que tu recherches de déclencher une guerre pour une chose aussi futile qu'une intrusion dans un bureau, puis tu n'avais rien volé, rien vu au sujet des tactiques ou des plans diplomatiques de Djinn, donc tu n'étais pas un danger... Enfin, tu supposes.

« — Papa m'a rien demandé. Enfin, il ne m'a pas demandé précisément de venir dans votre bureau. Non, en vérité je recherche des tableaux, pour lui, dans tout Cheldis. C'est un grand amateur d'art, vous savez. »

Menteur.

Mais tu avais promis de garder sous silence le fait que le peintre que cherchait Sasori, c'était son amant. Personne n'est censé savoir le passé de ton seigneur, sauf toi, et Kiseki. Tu avais juré à Sasori que tu n'en parlerais jamais. Tu emporteras ces savoirs dans ta tombe, quitte à mourir pour maintenir le secret. Tu haussais doucement les épaules, regardant tes ongles avec précision, reportant ton regard violacé sur le visage du prince.

« — Enfin... Il semblerait que vous n'ayez rien de tout ça. Je ne vais pas vous importunez plus que ça ouji-sama. Comptez sur moi pour retranscrire vos mots à papa avec la plus grande des précisions. »

Bien sûr, tu pressentais très bien que le prince ne voulait pas que ces mots se sachent, sinon les lettres seraient déjà envoyées, non ?

Qu'est-ce que tu cherches, précisément, Ryoji ?

L'âge d'un adulte, mais l'innocence d'un enfant. Ce serait mentir de dire que tu étais totalement sain d'esprit. Confronter la mort, si jeune, cela traumatisait, et tu en étais la preuve vivante. Tu n'as pas eu une enfance simple, bercé dans la pauvreté, les voyages pour service, puis le décès de tes parents, la solitude, la peur de l'abandon, l'attachement, la peur de voir Sasori partir comme si il ne t'avait connu... Tout cela fait que tu prends avec très peu de sérieux les situations qui sont pourtant importantes et méritent l'attention d'un adulte.

Tu parlais en faisant croire que tu ne réfléchissais pas, mais tout était pourtant prévu et réfléchis. Chaque respiration était contrôlée, chaque haussement d'épaule ou mouvements de main étaient réfléchis... Tu sais que tu es enfantin, que tu as du mal à percuter que tu possèdes un cruel manque de maturité, mais tu t'en moques. Tes interlocuteurs devaient faire avec, tu n'allais pas changer pour eux.

Tu suivais du regard le prince, qui frôlait ta chaise avant de passer derrière toi. Tu ne prenais pas la peine de tourner la tête, te contentant de croiser les bras tout en fermant les yeux, te concentrant sur les pas du prince. Comme si tu regardais sans rien faire un serpent qui s'enroulait autour de toi, jusqu'à ta gorge, pour t'empêcher de parler. Puis le bruit métallique d'une clé qui scelle les lieux.

Il veut jouer à ça ?
Tu n'as pas peur des serpents.
Ils s'enroulent, mais tu n'as pas peur de les prendre de tes deux mains, histoire de te libérer de leur emprise, comme si ces derniers n'étaient que de misérables insectes. Une personne fascinante, toi ? Peut être. Oui, sûrement.

Peu d'orphelins comme toi ont réussi à s'attirer les faveurs d'un seigneur, et d'être aussi proche de lui au point d'être missionné pour ce même seigneur.

Personne n'a obligé Sasori à te garder sous son aile.
Et pourtant il l'a fait.
Fascinant, n'est-ce pas ?

Puis il parle. Il utilise des mots comme un professionnel, à qui on a rabâché sans cesse que les paroles sont importantes, surtout pour un prince, surtout pour un futur roi. Tu te contentais de rester muet. Tu le regardais, comme il semblait vouloir maintenir un contact visuel avec ta personne. Les mots, on peut les entendre, les utiliser, les écouter, les lire, les aimer, mais surtout en avoir peur. Tu le sais, à force d'être auprès d'un noble, tu as pris conscience de l'importance de savoir parler, et le prince en face de toi savait le faire. Il utilisait des mots compliqués, couplés à des gestes et des phrases qui démontraient une richesse; une prestance. Chose que tu ne possèdes pas encore. Tu es trop franc, trop honnête, trop spontané. Tu parles avant que ton cerveau réfléchisse à une syntaxe parfaite. Même si généralement, tes mots irréfléchis ne sont jamais sortis de manière innocente, il y a toujours quelque chose derrière.

De nombreuses lettres éparpillées sous tes yeux, des mots qui te font soupirer intérieurement. Une tirade qui ne t'intéressait pas, comme il semblerait qu'il ait compris totalement de travers ce que tu disais. Tu avais simplement dit que tu ne voulais déclarer aucune guerre, mais à l'écouter parler, on dirait qu'il avait entendu l'inverse. Quand il avait posé sa dernière question, tu te contentais de regarder tes ongles, avant de plisser tes yeux en voyant ces dessins étranges sur sa main. Beaucoup de monde à Djinn possède ces étranges dessins, cela t'intrigue...

« — Hm... »

Tu ne répondais tout d'abord que cela. Une longue tirade, un long monologue, il fallait bien que tu remettes tes idées en place. Que tu cherches quoi dire, quoi rétorquer. Non, tu savais très bien que tu ne menaçais pas le prince, aucune once de volonté de le nuire dans ton regard. Et pourtant, il l'avait pris ainsi, pensant croire que tu n'y connaissais rien à la géopolitique ou à la hiérarchie de la région où tu vis. Tu sais qu'il a compris de travers ce que tu voulais dire, ou laisser penser. Cela t'énerve intérieurement, car tu as la sensation d'être pris pour un enfant idiot, alors que tu sais au fond de toi que tu vaux plus que ça.

Qu'est-ce qu'aurait fait Sasori à ta place ?
Comment agir, alors que tu te sens clairement sous-estimer ?

Réflexion.

Tu venais lever tes mains en l'air en face du prince, un doux sourire sur tes lèvres.

« — Comme je l'ai dit, je ne souhaite pas  être la cause d'un quelconque soucis entre papa et vous, votre altesse. »

Mais tu retiens que le prince sent clairement une menace si tu daignes parler du contenu de ces "lettres idiotes" à l'un des concerné. C'est une chose utile à savoir. Tu retiens.

« — Papa m'a bien demandé de mener à bien cette mission qu'il m'a confié, sans entacher ou mettre en péril les relations de Nordhal avec d'autres régions, et je compte bien m'y tenir, soyez-en rassuré. Ce n'était pas une menace... Juste de la curiosité mal formulée. »

Tu te levais, remettant en place une de tes mèche, qui te gênait dans ta vision. Tu formulais tout bien, car tu voulais titiller les émotions du prince, comprendre pourquoi ces lettres existes.

« — Bien que maintenant, je suis curieux de savoir pourquoi vous ne voulez pas que papa sache ce que vous avez écrit. Vous savez, les enfants sont protecteurs envers leurs parents, on peut dire que c'est pareil avec moi... J'ai pas envie que papa ait des ennuis, ou qu'il y ait des cachoteries à son égard, vous comprenez ? »

C'est bien parce que tu voyais Sasori comme une personne paternelle,
sinon tu sais très bien que tu aurais foncé tête baissée dans la provocation, quitte à y laisser la vie. La supériorité d'un roi ne te fait rien.

« — Oh, et, c'est quoi ces dessins sur vos mains? »

Provocation.

Tu avais pris certains risques à te faufiler ici, dans ce palais, puis dans ce bureau. Tu t'attendais déjà à quelques remarques de la part de Sasori quand il l'apprendra, car bien évidemment, tu ne comptais pas lui cacher ta présence à Djinn. Il le saura tôt ou tard de toute façon, donc autant jouer la carte de l'honnêteté. Bien que tu ne savais pas encore si tu allais lui parler de ces lettres. Si tu en parles, tu vas mettre Sasori dans une situation dangereuse, car le prince saura que ça vient de toi. Tu réfléchissais encore, ne sachant pas quoi faire à cet instant.

Si tu n'en parles pas à Sasori, et qu'un jour il apprends par tu-ne-sais-quelle manière que tu étais au courant... Vas-tu perdre sa confiance ? Vas-tu perdre celui que tu considères comme un père ?
Et si tu en parles à Sasori, vas-tu réellement risquer de le perdre dans un affrontement direct avec Djinn ?

Te voilà bien embêté.

« — J'irais y faire un tour. L'artiste que cherche Sasori n'est pas originaire de Djinn, mais ses oeuvres sont dispersées partout, peut être que j'aurais de la chance dans les lieux que vous m'indiquez. Et je passerais le mot à papa, je ne sais guère si il viendra un jour à Djinn ; le climat chaud n'est pas celui qui nous sied le mieux, enfin, je lui dirais quand même. »

Tes yeux furent happés par le feu. Des bouts de papier "sans importance" qui brûlaient sous tes yeux. Ils disparaissaient en cendre alors que le prince ne semblait pas perturbé par son action, comme hypnotisé par ce qu'il faisait. Tu ne disais rien, te contentant de regarder alors que le futur roi parlait. Il connaissait Sasori depuis longtemps, très longtemps, bien qu'ils ont convenu de ne plus se parler, de prendre leurs distances, pendant une dizaine d'année. La raison de cela était masquée dans ces lettres qui partaient désormais en fumée ? Peut être. Tout semblait coller, sûrement. Cela expliquait peut être aussi pourquoi Sasori ne t'avait jamais parlé du prince de Djinn avant. Du moins, du fait qu'ils se connaissaient depuis tellement longtemps.

Tu as l'impression de déterrer un passé qui était bien enfoui et qu'il n'aurait pas fallu remettre au goût du jour.

« — Je vois, je n'en savais rien. Sasori ne m'en a jamais parlé. »

Une preuve d'honnêteté, sans mensonge. Tu n'étais réellement pas au courant de cela, et de toute façon, tu sais très bien qu'il y a certaines choses sur Sasori que tu ne savais pas, et que tu ne sauras concrètement jamais. Tu étais au courant pour son amant, car tu le connaissais. Mais ce qu'il s'est passé avant tout ça ? Tout ce qu'il a vécu avant de croiser ta misérable route ? Aucune idée, puis de toute manière, tu t'en fiches pas mal.

Tu voyais sa main se poser sur son bureau alors qu'il t'expliquait qu'est-ce que c'était que ces dessins sur sa main. Du henné. Tu observais de tes yeux violacés toutes les arabesques, les courbes, la finesse des traits sur cette main royale. Tu trouvais le concept magnifique, bien qu'un peu déçu que cela soit que temporaire, contrairement aux tatouages de Nordhal qui sont marqués sur la peau, à vie.

« — Intéressant. »

Un sourire se dessinait sur tes lèvres. Ce n'était pas un de ces nombreux sourires faux que tu esquissais en temps normal : ce sourire était brillant de sincérité. Un visage juvénile brillait alors que des étincelles étaient imaginables dans ces yeux qui étaient pourtant si ternes depuis longtemps.

« — Vous seriez d'accord de m'en faire aussi? »

Toi, avoir honte ?
Toi, être dans l'abus ?

Pas du tout.

Un silence de marbre.

Comme si tu avais coupé court aux paroles et aux pensées. Balayant d'un revers de main les discussions passées pour parler d'une chose aussi "banale" que du henné. Cet art venant de Djinn dont tu ne connaissais rien, mais ton cerveau souhaiter y posséder. En avoir sur ta main ; pour aucune raison apparente. Tu aimais simplement les belles choses, et encore une fois, malgré ton âge, malgré ta vingtaine, tu possèdes un certain... Ecart, mental, avec les personnes de ton âge. Là où des jeunes personnes faisaient déjà preuve de grande maturité, toi, tu n'étais qu'un enfant sous les traits d'un homme de vingt-deux ans.

Peut être cette cicatrice, ce manque d'éducation avec tes parents, qui t'a forgé ainsi. Tu as connu tes parents, oui, mais pendant à peine dix années, avant de les perdre tragiquement. Livré à toi-même à un âge où on se cherche encore, forcément que tu n'allais pas devenir le plus respectable des adultes. Tu cherches de l'attention, tu cherches une raison de vivre pour t'y accrocher, t'empêcher de succomber. C'est pour ça que tu étais autant attaché à Sasori. Il t'a donné l'attention que tu n'avais jamais eu, la présence que tu n'as plus jamais connu depuis tes dix ans.

Quand il rentre d'un long voyage, tu le prends dans tes bras, même si tu sais qu'il n'est pas le plus tactile des hommes.
Tu t'es même endormi une fois à ses côtés quand vous rentriez d'une visite où ta présence était nécessaire.
Comment être insensible à cette chaleur humaine ?
Alors que quand tu te regardes dans une glace, tu n'as pas l'impression d'être vivant ?
Tu ne ressens rien...
Alors on ne peut pas vraiment te blâmer quand on te connait un peu plus. Dans le fond, tu ne penses pas vraiment à mal quand tu demandes des petites choses insignifiantes.

Tu regardais le reflet du prince, dont un sourire trahissait son visage de marbre, son visage princier. Tu ne sais pas vraiment quoi penser de sa réaction, mais tu te contentes de croiser tes bras en attendant que vos regards se croisent de nouveau.

Puis il se tournait.

Tu haussais un sourcil à sa proposition. Chantage ? Dilemme ? Ultimatum ? Tu menais une main sous ton menton. Tu réfléchissais alors qu'il argumentait sur pourquoi cette proposition. Tu pesais le pour et le contre. Oui, tu étais un enfant, mais tu n'étais pas idiot pour autant, enfin, pas totalement.

« — Si... »

Soupire, tes pensées fulminent, tu réfléchis, encore.

« — Si Papa venait à être au courant de ces lettres. D'une manière qui m'échappe ; vous en avez parlé ou je ne sais guère, et qu'il sait que j'étais au courant... J'espère pouvoir compter sur vous pour dire que vous m'avez demandé de garder le silence, par respect envers vos deux nations, et vous deux. Ce n'est pas pour que cela se retourne contre vous, loin de là. Je ne veux juste pas que... »

Regard baissé. Des yeux presque humides. Confession ?
Preuve d'une empathie, légère, mais présente.

« — Je ne veux pas que papa pense qu'il ne peut pas avoir confiance en moi, alors que j'ai gardé le silence pour lui, pour vous. »

Tu secouais ta tête.
Oh boy, it's you that I lie with..

Tu venais poser ta main sur ton coeur.

« — Vous avez ma parole. »

Puis, sans dire quoi que ce soit, tes yeux avaient effacé cet instant de faiblesse pour redevenir brillant de malice.

« — Par où commençons nous ? »

Tu avais obtenu ce que tu voulais, malgré le fait que ce soit très particulier comme demande. Surtout une demande envers un prince héritier, et toi... Simple vassal d'un petit seigneur d'une contrée lointaine. Mais tu étais comme ça, très particulier, très excentrique avec des demandes qui sortent de l'ordinaire. Tu te plaisais bien dans cette différence, tu n'as pas forcément envie de changer.

Tu regardais le prince revenir avec plein de choses inconnues dans les bras. Tu penchais doucement la tête sans dire un quelconque mot. Tu observais simplement, comme si tu étais fasciné par ce qu'il se passait. Même si tu étais mentalement un enfant qui n'avait pas grandi depuis des années, tu n'étais pas idiot... Et tu sentais que le prince n'était peut être pas... Confiance ? Sur ce qu'il voulait entreprendre. Surtout quand une personne lui précisait de nettoyer la peau avant de commencer le henné... Mais ce n'est pas parce qu'il semble être un débutant que tu allais annuler ce que tu avais demandé.

Tu hochais la tête, commençant à te laver les bras avec minutie. Tu prenais bien quelques minutes pour que tout soit parfait, frottant ta peau doucement jusqu'à ce que tu juges le tout correct pour que le prince se mette à travailler sur tes mains. Tu relevais le regard alors que tu séchais un peu le surplus d'eau. Tu haussais doucement les épaules.

« — Une demande excentrique, oui je veux bien vous croire... Après, je ne suis pas un négociateur, à la base. Je n'étais pas venu pour tenter une négociation, alors... »

Tu venais doucement soupirer avant de reprendre, comme si tu avais besoin de marquer une pause pour réfléchir à tout cela.

« — J'aime bien les belles choses, et les signes de beauté comme votre henné... J'aime bien, j'y trouve joli, comme le tatouage que m'a fait papa. Donc bon, j'ai osé demander, et vous m'avez dit oui, donc j'ai bien fait de demander. »

Puis tu te taisais. Le prince t'avait après tout dit de ne pas bouger, de ne pas t'agiter pour ne pas gêner le travail. De toute façon tu étais de nature très calme quand tu n'étais pas travaillé par quelque chose, donc le prince n'allait pas être dérangé par ton surplus d'énergie, cela ne fait aucun doute. Tu relevais cependant le menton à sa parole soupirée, un murmure brisé par le vent, la brise légère de la pièce.

« — Je lui ressemble ? »

Puis une autre question. Certains pourraient y comparer à un interrogatoire, mais ce n'était pas comme ça que tu le recevais. Il se renseignait simplement, sur une personne qu'il semblait avoir connu dans le passé, mais qui avait énormément changé. Tu ne faisais que des suppositions, mais tu penses avoir visé assez juste.

« — Papa se porte très bien. En pleine forme. C'est un bon seigneur, et malgré les messes basses des aigris de Nordhal, cela reste une bonne personne. Il a toujours veillé sur son frère et moi. »

Tu regardais avec admiration les mouvements de Geb, les dessins sur ta main, silencieusement, avant de briser ce silence, assez rapidement.

« — J'aurais pensé que vous vous seriez revus assez souvent, vous savez, dans ces rencontres mondaines avec des personnes de haut rang... Papa ne m'a jamais parlé de vous, et j'en suis fortement étonné maintenant en sachant que vous aviez un lien, dans le passé. »

« — Ce genre de messes basses que l'on peut entendre dans n'importe quelle contrée dirigée par une personne difficilement oubliable. »

Tu haussais les épaules en y réfléchissant. Quand tu entendais des personnes mal parler de Sasori, tu te contentais de lever le menton pour faire comprendre qu'ils avaient tort. Tu étais peut être aveuglé dû à ta proximité avec le seigneur de Nordhal, donc tu ne vois pas le mal, si mal il y avait. Au pire, tu t'en fiches. Tu les laisses parler, et puis ils arrêteront quand leur salive aura disparu. Tu opinais du chef aux paroles de Geb, c'était ce que tu pensais.

Plus le rang que l'on possède est important, plus les commérages seront présents. Cela ne sert à rien de se pencher dessus plus que de mesure, cela ne donnerait que plus d'importance à ces messes basses inutiles. Il est vrai que Sasori ne donnait que peu d'importance à ces commérages, semblant même content que l'on parle de lui, donc tu ne pouvais qu'approuver les paroles du prince héritier. Malgré tout, il connaissait Sasori, du moins sa surface.

Tu ne sais pas jusqu'où s'étendaient leurs connaissances mutuelles.
Tu devrais faire attention à ce que tu dis au sujet de ton seigneur.
Ton père. A tes yeux, tout du moins.

« — Papa m'a amené à quelques unes de ces soirées mondaines. Je ne m'y sens pas forcément à l'aise ; je n'ai pas l'habitude d'être entouré d'autant de monde de haut rang. »

Sincérité.

« — Je suis né comme un roturier sans valeur, donc cela va sans dire qu'être entouré de nobles, de princes, de seigneurs, pendant des heures, ce n'est pas dans mes habitudes. Donc la plupart du temps, je restais à proximité de papa, rien de plus. »

Honnêteté.

Voir autant de nouvelles cultures, de nouvelles personnes, t'intriguait oui. Mais dans un autre sens, il s'agit de ces soirées mondaines où chaque personne a une réputation collée sur le front. La tienne, c'est celle du vassal de Sasori. Et tu ne veux pas lui faire honte juste en face de lui, donc généralement tu as un peu peur de prendre la parole dans ce genre de situation, car à tout moment, un simple mot mal utilisé peut faire beaucoup de dégâts. Enfin.

Toi qui pensait être le seul à ne pas apprécier ces soirées, le prince avouait qu'il n'y était pas le plus à l'aise. Des personnes voulant avoir des faveurs de sa part, bien se faire voir pour obtenir quelque chose en retour. Ces bals masqués où certains profitent de leurs identités secrètes pour jouer des rôles comme des acteurs.

Ah, oui...
Ces festivals d'hypocrisie.

Tu observais les dessins que te faisait le prince sur tes mains, ton avant bras. On pouvait s'imaginer un ciel étoilé dans ce regard améthyste alors que tu voyais ces élégantes arabesques décorer ton bras.

Oui, il t'en faut peu, très peu, pour être fasciné.
Pour être heureux.
Imiter la joie.

« — Elle n'est pas réjouissante, mais elle est honnête, c'est le plus important j'ai envie de dire. Je ne cache pas que je n'apprécie pas forcément ces moments, mais j'aime accompagner papa quand il y va, je me sens important pour lui dans ces situations. »

Se sentir important pour quelqu'un. Voilà un sentiment que tu n'avais pas ressenti depuis longtemps, très longtemps.

« — Ces dessins que vous faîtes... Ont - ils des significations particulières ? »

Un regard détourné, des joues légèrement rosés.

« — Ils sont bien exécutés... »

Un compliment.

Les soirées mondaines. C'était un endroit où on pouvait espérer obtenir des faveurs de personnes de haut rang. Tout du moins, les personnes dans les plus basses estimes imaginaient cela de ces soirées, parfois très privées et remplies de mystère. C'est ce que tu pensais aussi, avant d'en connaître des véritables.

Tout le monde danse.
Tout le monde esquisse des sourires faux pour prétendre être une bonne personne.
Tout le monde devient aimable avec tout le monde pour prétendre être parfait.
Danse de l'hypocrisie.
Tu détestes cela.
Alors que tu es le pire des menteurs dans tes jours les plus sombres, mais ici, cela avait une saveur différente.

Durant ces soirées où Sasori t'emmenait, tu te contentais de te cacher derrière lui. Ne pas le lâcher et rester toujours à ses côtés, sauf quand il doit s'entretenir avec quelqu'un d'important. Mais dans ces cas là, tu cherches la compagnie de Kiseki, et si il n'est pas là, tu te met dans un coin en attendant. Si certaines personnes viennent te parler, tu essayes de maintenir la conversation du mieux que tu le pouvais pour éviter de froisser la réputation de Sasori.

« — Papa a un fort caractère, oui. Rares sont les personnes qui veulent oser le contrarier. »

Et heureusement que personne ne s'amusait à aller contre les principes de ton seigneur.

Tu l'observais de nouveau, faire ces dessins, ces symboles que tu ne connaissais pas. Il faisait parfois quelques essais sur du papier avant de revenir sur ton bras. Tu penchais ta tête, complètement happé par ce que tu voyais. Encore une fois, tu apprécies réellement les belles choses. Des symboles avec une esthétique qui te plaît, qui est jolie à tes yeux.

Tu écoutais le prince et ses explications sur les symboles qu'il dessinait. Comme quoi une simple fleur ou un simple astre peut représenter tellement de choses pour une nation, une contrée, une personne.

« — C'est intéressant, je ne pensais pas qu'il y avait autant de significations dans ces dessins. »

Même si tu pouvais t'en douter. Comme l'avait dit le prince, vous aviez la même sorte de tradition à Nordhal, bien que ces symboles sont gravés à vie sur vos peaux. Toi, tu te souviens que c'est Sasori qui t'a fait ce tatouage sur ton bras. Tu n'y connaissais rien aux traditions de Nordhal quand tu es arrivé sur ces terres, alors tu lui as donné toute ta confiance pour ça.

« — Oui, on peut dire ça. Sauf que ces dessins, à Nordhal, ne sont pas éphémères, on les garde à vie, il faut donc bien réfléchir à ce qu'on veut se graver sur la peau. »

Alors qu'il continuait de dessiner sur ta peau, tu continuais ;

« — Ces tatouages symbolisent la force, l'ardeur. La robustesse. Enfin, ça, c'est pour la signification la plus vaste. Car il y a beaucoup plus de symbole que ça. »

Tu réfléchissais. Sasori t'avait raconté l'importance de certains symboles à Nordhal, et comme bon élève que tu étais, tu avais tenté de tout retenir.

« — Il y a les runes. Chacune a sa propre signification. Certains se dessinent l'Yggdrasil, un arbre contenant neuf mondes mythologiques. Le Valknut, des triangles entrelacés, cela veut dire "noeud des tombés". C'est en hommage aux soldats morts au combat. Le compas de Vegvisir, les corbeaux d'Odin... Bref. Beaucoup de significations aussi. »

Tu te redressais sur place.

« — Enfin... Je divague, je ne sais pas si cela vous intéressait réellement de savoir ça, navré si cela vous ennuie. »

Les yeux au ciel, tu réfléchissais, avant de reprendre.

« — Comptez vous venir à Nordhal, dans un futur proche ? »

Kanagawa. Tu étais né là bas. C'est une évidence. C'est là que tu trouves tes origines, pour le peu que tu en ais. Mais c'est comme si tu voulais les renier, les oublier. Tu as tout perdu à Kanagawa. Tes parents, une partie de ta vie, un père qui t'avait "adopté". Chiaki était ce père, avec Sasori, qui comblait ce manque d'affection que tu avais eu depuis tes dix ans. Puis du genre au lendemain, la vie a décidé de le retirer de cette terre.

Tu détestes Kanagawa. Tout ce qu'elle représente pour toi, ce ne sont que des mauvais souvenirs. C'est pour ça que tu essayais d'apprendre tout ce qui concernait Nordhal. Toute son esthétique, son histoire. Ses légendes, ses coutumes. Tu avais laissé Sasori marquer ta peau avec ton tatouage, le laissant choisir le motif, tant qu'il ressemblait un peu à celui qu'il possédait déjà. Puis tu portais parfois des manteau en fourrure, apprenait les runes... Tu essayais d'oublier tes origines kanagawanaises.

Mais tu ne pouvais pas tromper qui que ce soit. Tu aimais quand même encore les kimonos et les desserts venant de là bas. Tes yeux en amandes et ta peau laiteuse n'aidaient pas ta volonté de renier ton côté de Kanagawa.

Et pourtant.
Tu connaissais certaines choses sur Nordhal.

Tu écoutais le prince, comme quoi il n'y a pratiquement aucune chance qu'il ne pose son doux regard princier à Nordhal. Tu haussais doucement les épaules à cela, il ne sait pas ce qu'il rate. Néanmoins, tu avais l'impression d'avoir piqué sa curiosité. Tu plantais ton regard améthyste dans ses yeux, alors qu'il posait toutes ses questions. Certaines étaient de véritables clichés, pourtant, cela ne veut pas dire qu'elles étaient dénuées de vérité.

« — Je vois que certaines "coutumes" sont arrivées à vos oreilles, et que j'ai piqué votre curiosité sur cette contrée. »

Tu esquissais un fin sourire, le laissant toujours dessiner sur ton bras, bien que toute ton attention était bloquée sur son côté très curieux. Une aura presque candide l'entourait à cet instant. Tu le regardais tout de même, de haut en bas, à sa première question. Un peu perturbé. Imaginait-il Nordhal comme une contrée de sauvages ?

« — L'Yggdrasil n'existe pas. Du moins, avec une forme matérielle, une forme réelle. C'est qu'une légende, qui s'efface au fur et à mesure du temps. Pour les ours... Pour être honnête, je n'en ai pas tué à mains nues, personnellement... Après, je pense que mon beau manteau en fourrure offert par papa ne vient pas de nul part. »

Tu haussais un sourcil. Tu ne nies pas, tu ne confirmes pas. En fait, tu constates que ce prince, qui semblait si déterminé à te menacer en disant qu'il pouvait détruire ce qu'a bâti ton seigneur d'un claquement de doigt, ne savait même pas la manière de vivre de cette contrée.

« — Vous avez lu tout ça dans des livres... ? Pour le sang... Je pense que j'ai encore beaucoup de choses à apprendre, je ne suis pas né à Nordhal, donc ça doit m'échapper... Je demanderais à papa. Après, je trouve que le teint de peau à Nordhal est sublime. Peut être à cause de ce rite avec le sang.... »

Bien sûr que non vous ne faisiez pas ça. Tu le savais parfaitement. Tu t'es renseigné sur Nordhal, mais tu ne sais pas pourquoi tu avais envie de faire douter le prince. Qu'il ne sache rien de Nordhal jusqu'à ce qu'il y pose ses pieds. Juste pour voir l'étendue de ses connaissances faussées, cela peut être assez marrant.

« — Vous avez d'autres questions ? Oh, après, je ne suis pas sûr d'avoir la science infuse sur Nordhal. Comme dit, je suis né à Kanagawa, à la base. Je ne connais pas tout... Même si papa s'efforce de m'apprendre des choses essentielles pour se faire bien voir là bas quand on est un étranger. »