Mission - RÉCUPÉRER LES CORPS - Août 1551

Le calme après la tempête. Après la catastrophe et avant que le monde se remette en marche, Iseko eut ce sentiment d’être piégée dans une bulle de calme, de silence, de vide durant quelques secondes. Avant que le monde se remette à tourner, avant qu’il se remette en marche. Effervescence et agitation. A présent il fallait gérer les dégâts. Discrète depuis le coin dans lequel elle s’était installée, Iseko avait contemplé l’archevêque gérer la crise avec des compétences que chaque dirigeant ne pourrait que lui envier. Aurait-elle été capable d’en faire autant ? Le questionnement se perd dans l’oubli. Elle n’a nulle intention d’occuper une fonction de ce genre un jour. Soutenir son frère semble être la limite de ses capacités, malgré tout le crédit que l’on veut bien lui accorder. La répartition des tâches défile sous ses yeux, l’aide est demandée à toutes les nations et elles répondent bien évidemment présentes. La princesse impériale elle-même décide de se porter volontaire pour une mission rebutant de nombreux hommes pourtant désireux d’aider. Rechercher des survivants est un dessein bien utopique considérant l’ampleur de la catastrophe. Il semble bien plus probable que les groupes affectés à cette tâche retrouvent des cadavres, qu’on leur demande de ramener afin de pouvoir les enterrer dignement, que des survivants. C’est un premier visage, connu et apprécié, qui la rejoint dans cette aventure. « Merci, Oz. » C’est un mot bien simple pour le remercier de tant de choses, son aide, son implication dans l’aide apportée à une autre nation.

De deux volontaires, ils passent bientôt à trois. Le visage familier mais encore peu connu de Pandora sera donc celui qui les accompagnera. « Merci de vous joindre à nous. » Le remercia-t-elle avec plus de formes qu’elle ne l’avait fait pour Oz, qu’elle considérait avant tout comme un ami.  Ses talents de soigneur, dont elle avait été témoin de loin ces dernières heures, seraient d’une aide précieuse s’ils venaient à retrouver des blessés (car Iseko ne possédait aucun talent dans l’art de soigner les gens, et ce même de manière plus conventionnelle qu’avec de la magie). Sans traîner davantage, car chaque seconde pouvait compter, le groupe se mis en marche vers la zone à l’ouest de la capitale, secteur leur ayant été affecté. Le passage de la tornade avait laissé sa marque et le chemin ne fut pas aisément praticable mais le groupe parvenait malgré tout à progresser à allure honorable. Jusqu’à ce que tous s’arrêtent. Iseko se demanda un instant si elle avait rêvé ce couinement, mais un coup d’œil à ses compagnons lui démontra que ce ne fut pas le cas. Son regard glissa sur cette maison détruite qui tenait encore debout on ne savait comment. Pas de doute, le bruit venait de l’intérieur.

La bâtisse menaçait de céder à tout instant. Pour autant, ils ne pouvaient pas passer leur chemin devant la chance inespérée d’y trouver un survivant. « Nous ne pouvons pas prendre le risque d’y laisser une personne en détresse. » Acquiesça Iseko. Elle ne demanda cependant pas au lieutenant d’aller jeter un œil, s’il s’imaginait qu’elle le ferait, c’était qu’il la connaissait encore assez mal. Elle quitta le sentier pour s’approcher de la maison et en fit le tour, cherchant quelconque ouverture qui lui aurait permis de contempler l’intérieur avant d’évaluer la situation avant d’y mettre un pied. Cela aurait été trop beau cependant, elle fut incapable d’y voir quoi que ce soit. Elle s’arrêta devant la porte un instant. Nouveau couinement, qui lui sembla plus faible que le précédent. Était-ce son imagination ? « Je vais aller voir. » Déclara-t-elle. Iseko n’avait jamais eu froid aux yeux. Elle s’engouffra prudemment sur un parquet grinçant qui menaçait de céder sous ses pieds. Balayer la pièce du regard lui confirma qu’elle ne trouverait personne à cet étage. C’était logique : la population qui en avait la possibilité avait dû au moins se réfugier dans les caves. « Il y a quelqu’un ? » Un petit bruit sembla résonner depuis la cave, elle s’approcha à pas lents, tâtonnant du pied pour ne pas mettre son poids sur des planches affaiblies.

Atteindre les escaliers fut la première victoire. Elle garda la même prudence en descendant à la cave, mais les marches craquèrent sous ses pieds. Elle réussit à atterrir sur ses pieds mais resta un instant immobile, grimace dessinée sur son visage, face à la crainte d’entendre la maison craquer davantage. Il n’en fut rien. Les Dieux leur accordent un léger sursis pour le moment. Inspirant un bon coup, elle balaya à son tour cette pièce du regard. Et s’arrêta sur une jeune femme blessée qui couina une nouvelle fois. Elle se précipita vers elle. « Ça va aller, nous, sommes ici pour vous aider. » Tenta-t-elle de la rassurer. Elle-même n’était pas certaine de ce qu’elle pourrait faire cependant. Un morceau de débris s’était planté dans son torse, et les dégâts étaient tels qu’elle semblait même être incapable de parler.  « Je reviens tout de suite. » Lui murmura-t-elle. Elle revint au bas des escaliers devenus difficilement praticables, incapable de dire si on pouvait encore emprunter les marches encore présentes. Elle haussa la voix, espérant qu’on l’entende de là-haut. « Pandora, Oz ? Je ne vais pas pouvoir la déplacer…J’ai besoin de votre aide en bas. » Dans l’hypothèse ou Pandora pouvait soigner ces blessures, ils ne seraient pas trop de trois pour la transporter à l’extérieur. Le tout avant que la maison s’écroule sur leurs têtes…

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Nulle autre solution que celle de demander de l’aide face à une telle situation. Iseko n’a pas les moyens de soigner la blessée, ni la force suffisante pour la déplacer seule (même si j’ai réalisé grâce à Pandora qu’Iseko était celle avec le plus de force dans la team). Heureusement, à peine l’appel à l’aide est-elle lancée vers l’extérieur que ses compagnons la rejoignent malgré les risques. Risques bien plus présents qu’elle ne l’aurait cru, car même si elle sentait la bâtisse affaiblie, elle ne s’était pas imaginée que celle-ci leur tomberait littéralement sur la tête. Du moins, pas avant d’entendre ces craquements de plus en plus forts et de plus en plus réguliers.

Il suffit d’un battement de cil pour que tout dérape. Iseko met de temps à comprendre, à réaliser. Il y a le choc, le bruit, la poussière, tous ces éléments qui s’entremêlent. Elle a mal, mais juste un peu. Pas comme quelqu’un qui vient de se prendre une maison dans le coin de la figure. « Ça va, je crois… » Qu’elle marmonne, encore un peu sonnée.  Trop pour constater l’ampleur des dégâts autour d’elle. Pas étonnant, une douleur aigue au crane lui fait dire qu’elle a dû se prendre une chute de débris ou deux à cet endroit précis. Elle se redressa, pris appuie contre une paroi. Sa tête lui tournait un peu, mais ce n’était pas insurmontable. Aussi, Oz avait raison, Il fallait sortir d’ici, mais avant cela la blessée devait être stabilisée pour que l’on puisse la bouger.

Elle inspira profondément pour retrouver lentement ses esprits alors que le lieutenant commençait à s’occuper de la blessée en lui expliquant (ou alors était-il en train d’expliquer à Pandora et Iseko ?) la marche à suivre. Désormais torse nu, il était impossible qu’elle ne remarque pas la blessure de son ami (à sens unique, rip mais elle ne baisse pas les bras tkt). « Avec cette blessure ? C’est à toi de ne pas forcer, Oz. » C’était une recommandation, mais connaissant le Yuzhu, il n’était pas impossible que cela sonne comme un ordre à ses oreilles. D’autant qu’Iseko s’était également approchée de la blessée pour s’assurer de sa condition (qui n’avait pas empirée suite à la dernière catastrophe). Elle n’attrapa le haut d’Ozora que pour l’appliquer sur sa blessure. Il fallait l’empêcher de perdre trop de sang. « Maintient la pression pour stopper le saignement. » Et ça, c’était un ordre sans équivoque. Hors de question de le perdre en le laissant se vider de son sang.

« Pandora, vous êtes en état de m’aider ? » Lui demanda-t-elle en ôtant sa veste – il leur fallait toujours de quoi faire un garrot pour éviter de perdre la personne qu’ils étaient venus aider. Elle mit le tissu en place, de sorte à ce qu’ils n’aient plus qu’à le serrer et à faire un nœud pour le garder en place lorsque le débris serait ôté. C’est d’ailleurs à Pandora qu’elle songea pour cela. « Vous pouvez l’enlever ? » Pour sa part, elle se plaça de sorte à tenir la blessée en place. La garder immobile permettrait que sa blessure ne s’aggrave pas en lui ôtant le débris. Elle serrerait ensuite le garrot. Et après…Plus qu’à trouver une façon de sortir. Mieux valait positiver et se dire que la situation n’était pas si désespérée.

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Pas de dés pour moi, je trouve qu'on s'est tiré assez de balles dans le pied pour l'instant  

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Hochement de tête pour répondre aux mots de Pandora. Il retire le morceau de débris que la victime avait dans le corps et, comme demandé, Iseko s’assure durant les soins qu’elle ne perd pas trop de sang. Lorsque le soigneur annonce qu’elle est stabilisée, c’est un soulagement. Un problème en moins dans la pile de problèmes qui se présente à eux. Ils se retrouvent tous dans un état qui pourrait être pire, certes, mais ne sont pas au mieux de leur forme pour autant. Oz avait raison, après ses exploits, le danseur devrait au moins se reposer un peu le temps qu’ils trouvent un moyen de sortir d’ici. Tout comme son camarade, elle fait le tour des lieux à la recherche d’une issue pour s’extraire des ruines de la maison. Elle secoue la tête de gauche à droite lorsqu’Oz se manifeste. « Rien de mon côté. » L’informe-t-elle en se rapprochant de lui pour se faire une idée du trou dont il parle. « Je pense que c’est faisable. » Marmonne-t-elle tout en y réfléchissant. Ont-ils un autre choix qui s’offre à eux, de toute façon ?

Malgré le ton calme qui rythme la suite, Iseko a l’impression d’être une petite fille qui se fait grondée. Jamais elle n’avait été du genre à laisser les autres agir à sa place, ni à fuir les risques en se cachant derrière le prétexte de son rang. Elle n’avait pas cette fragilité que l’on essayait de voir chez elle parfois. Elle était intrépide, elle n’avait pas froid aux yeux, elle agissait. Elle avait pris des risques en connaissance de cause, mais ne regrettait pas. Sans leur action, sans leur présence ici, cette femme serait morte ou proche de l’être en cet instant. Au lieu de cela, elle était désormais stabilisée et ils feraient tout ce qu’ils pourraient pour qu’elle ait accès aux soins qui permettraient de la mettre entièrement hors de danger. « Je comprends. » Dit-elle simplement. C’était un fait, une vérité. Elle comprenait réellement. Bien qu’elle aurait préféré qu’il se soucie d’elle comme le ferait un ami plutôt que de se soucier avant tout de faire face à l’impératrice ou au prince impérial s’il était porteur de mauvaise nouvelle.

« Ne t’excuse jamais d’avoir et d’exprimer un point de vue qui est le tient. » Ajouta-t-elle avec plus de douceur. Elle n’aimait pas la retenue qu’imposait l’étiquette. Elle préférait l’authenticité et la sincérité. « Je te laisse essayer. » La princesse recula de quelques pas pour revenir près de la blessée et observa son état. Stable ne voulait pas dire qu’il n’y avait pas de risques de rechute, mais cela avait l’air d’aller pour l’instant. Elle lui adressa un sourire qui se voulait rassurant. Mais pouvait-on vraiment se sentir un tant soit peur rassurée dans ce genre de situation ? « Nous devrions nous dépêcher avant de subir encore plus de dégâts. » Adressa-t-elle à ses camarades. Elle se tourna vers Pandora. « J’aimerai que nous nous tenions prêts à la sortir d’ici lorsque le passage sera dégagé. Je ne sais pas si je vais être capable de la transporter hors d’ici toute seule. Etes-vous en état de m’aider à la déplacer ? » Dans le cas contraire, elle prendrait sur elle et essayerait de l’extraire ici par elle-même. Si les blessures avaient été moins graves, elle n’aurait pas douté de ses capacités. Mais là il ne s’agissait pas juste de la transporter, mais de le faire tout en s’assurant de ne pas aggraver ses blessures.