Plus le temps passait sans nouvelle de ta jumelle, plus l'inquiétude te rongeait de jour en jour. Tu avais beau envoyer ce fidèle Théron ça et là dans tout Akielos, aucune information sur ce qu'est devenue Lycoris ne te parvenait. Cela te frustrait, cela t'effrayait. Malheureusement tu ne pouvais pas te morfondre, car à cause de la hausse des plus soudaines de la population d'Akielos avec les réfugiés des divers autres pays, tu étais devenue bien occupée. Encore cette fichue Noblesse Oblige, mais bon...

...Cela te restait profitable dans un sens.

Là où tous les autres Nobles se marchaient sur les pieds pour avoir les bonnes grâces des autres dirigeants ou des autres Noblesses, toi tu continuais de jouer sur la carte du bas peuple. Jouant la sage Vicomtesse qui se préoccupait de la quiétude des habitants d'Uzuri.

Tu proposais de financer de la main d'œuvre temporaire après des réfugiés, pour les rendre utile et qu'ils ne soient pas de simple parasite profitant des ressources des vos terres. Mais sans pour autant que cela vienne dérober l'honnête travail que procurait déjà les locaux, c'était un véritable casse-tête à la longue... Mais bien assez vite un nouveau problème survient. Le banditisme.

Tu aurais dû t'en douter aussi...

▬  Quelle est votre misère, mon cher comparse ?

Demandes-tu à un vieux collègue marchand, suffisamment vieux pour l'avoir déjà connu à l'époque où il faisait du commerce avec ton père. Vous êtes assis tous les deux autour d'une table et d'un verre, l'ancien était désemparé.

▬  Jeune Vicomtesse, pourriez-vous apporter une forme d'aide à ce vieil homme ? Voyez-vous, malgré mon grand âge... Je tenais à apporter mon aide avec tous ces pauvres gens toujours en difficulté. Cependant sur mon chemin, des vils individus m'ont dérobé mon chariot en m'y faisant sortir de force et ils se sont enfuit avec ! Les marchandises ne sont que secondaires pour moi, mais dans la cariole se trouvait un objet très important pour moi. Un coffret...

Tu n'avais pas besoin d'écouter plus, du peu que tu te souviens de l'ancêtre, cela devait être sans doute un objet en lien avec sa défunte femme. Pas que cela te touchait particulièrement, mais bon, tu savais comment exploiter la faiblesse des autres et surtout extorquer le moindre signe de reconnaissance envers toi. C'était une opportunité.

▬  ...Je vais faire en sorte que votre soucis ne soit plus que de l'histoire ancienne. Avez-vous de quoi financer les personnes que je pourrais quémander leur aide pour aller à l'encontre de ces potentiels bandits ? Si ce n'est pas le cas, je peux le faire pour vous, cher comparse.

Demandes-tu avec ton sourire habituel. L'argent n'est pas un problème - pour l'instant en tout cas, Akielos n'est jamais à l'abri d'une potentielle crise de l'écu avec ce genre de situation avec autant de monde dans une même nation.

Mais bon, si le vieil homme ne pouvait pas payer pour sa demande, cela ne le rendra que plus endetté envers toi... Mais bon cela ne semble pas le cas, ce dernier te rassurant qu'il avait bel et bien de quoi payer ceux qui participeront à lui rendre son objet précieux.

Tu observais votre tout nouvel interlocuteur avec un long regard, tes yeux dorés évaluant silencieusement le jeune homme qui vous faisait face. En même temps, pourquoi ne le ferais-tu pas ? Il n'avait clairement pas la carrure d'un mercenaire au premier coup d'œil, d'une allure plutôt frêle - Même si tu étais extrêmement mal placée pour juger de l'apparence fragile de quelqu'un. Mais pour en revenir au jeune homme, tu pouvais clairement voir plusieurs formes de marques et d'usure sur ses mains. Preuve qu'il utilisait fréquemment ses mains et pas pour de simples tâches du quotidien... Après un certain silence de ta part, tu finis par lui offrir ton sourire habituel, cryptique mais polis.

▬  Oh, mais comment pourrions-nous refuser ton sens des affaires, mais aussi de ton altruisme ?

Toujours à ta table, le vieux marchand ne peut s'empêcher de douter légèrement. Il faut dire que le jeune inconnu avait plus l'air d'un gentil garçon que d'un mercenaire, il se permet donc de marmonner - même si c'était clairement à la portée des oreilles du plus jeune :

▬  ...Êtes-vous certaine, Vicomtesse ? ...Je ne voudrais pas envoyer un jeunot bien trop gentil dans une fosse aux lions et devoir garder les conséquences sur ma conscience.

▬  Voyons, mon cher ami. Nous savons qu'il n'est jamais bon de se baser uniquement sur les apparence.

Dis-tu d'un ton énigmatique en gardant tes yeux rivés sur le mercenaire, avant de reprendre la conversation.

▬  Je serais plus que ravie de profiter de tes compétences de terrain et bien évidemment tu seras gracieusement récompensé pour toute ta contribution une fois le travail accompli. Je peux m'occuper de localiser les malfrats et tu te chargeras de ceux-ci en priorité. Bien évidemment je contribuerais aussi si c'est nécessaire.

Ton âme de commerçante parlait pour toi, établissant des termes assez précis. De toute manière, si ce jeune homme est bel et bien un mercenaire, il devrait être un minimum habitué. Tu finis par te relever doucement de ta chaise, laissant suffisamment d'écus pour payer ta boisson et celle du vieux marchand. Après tout il est toujours bon de l'avoir de plus en plus à tes pieds, même si pour l'instant tu vas être obligée de mettre ta main à la pâte...

▬  Je me prénomme Alstroemeria. Sous quel nom je dois te connaître, Mercenaire ? ...Oh et je vais sûrement avoir besoin d'une petite heure maximum pour me renseigner sur la position de ces bandits, cela te laissera le temps pour t'équiper du nécessaire. Nous nous retrouverons à la sortie sud de la ville d'ici là, si cela te convient.

Il ne t'as fallu que très peu de temps pour obtenir les informations qui t'étaient nécessaires. Il suffisait juste de tomber sur les bonnes personnes... Et surtout avoir de quoi leurs faire rapidement délier leur langue. Et dans ce cas-ci, encore et toujours la même panacée pour répondre aux maux de ce genre d'individus : L'argent. Tu avais de quoi dépenser ta fortune sans être trop regardante, de toute manière il faut dire que cette vente d'informations faisait presque partie intégrante de l'économie récente d'Uzuri.

Mais bon, tu savais dorénavant que où était localisé le groupe de bandits... Ainsi que d'autres petits détails plus gratifiants lorsqu'on sait comment les exploiter.

Néanmoins cela dépendra de comment se débrouillera ce Slaine devant les truands, tu t'adapteras au moins pour optimiser tes intérêts. Après tout l'intérêt principal restait de consolider le soutien et les faveurs du marchand envers tes projets futurs. Avoir le support d'un nom vétéran et réputé du milieu des commerces n'est jamais de trop.

Tu finis par te rendre au lieu de rendez-vous. Le jeune garçon semblait déjà t'attendre à la sortie sud de la ville, ayant eu des préparations plutôt rapide - voir efficace.

...Reste à voir ce que cela donnera sur le terrain. Tu le salues d'un bref signe de tête, préférant aller à l'essentiel.

▬  Il s'agirait d'un ancien groupe de bandits qui étaient connus pour sévir sur les chemins dans la forêt de l'ouest. Mais avec la forte fréquence d'apparition des monstres dans les bois, ils auraient délogé leur repaire au niveau des sentiers montagneux vers le sud d'Uzuri, sûrement dans les nombreuses cavités rocheuses. Et aussi...

Ton regard doré se pose quelques instants sur l'arc et les flèches du plus jeune, toujours avec ce sourire désagréable aux lèvres. Avant de continuer, toujours avec ce rictus :

▬  ...Ils auraient récemment eu d'étroits liens avec des revendeurs de montures volantes. Il faut dire qu'avec autant de réfugier, pas étonnant que les Pégases et les Wyvernes commencent à proliférer ça et là... Oh, enfin tout cela pour dire que tu devras t'attendre à devoir souvent faire mouche. Ce serait dommage qu'ils puissent s'enfuir en prenant la fuite dans les airs...

Finis-tu dans un ton faussement pensif. On pouvait sentir dans ta voix que tu ne comptais pas laisser les brigands s'en sortir, après difficile à dire si c'est par pure cruauté ou par simple praticité personnelle. Des truands morts sont des truands ne pouvant pas récidiver, ce sont des truands qui ne peuvent pas vouloir se venger. Et surtout... Ce sont des truands sur lesquels on peut incriminer de n'importe quoi, la parole des morts ne vaut rien après tout...

Tu comptes bien exploiter au maximum la situation.

▬  Je nous ai préparé une carriole.

Dis-tu simplement alors que tu te diriges vers le transport tiré à cheval. Après tout cela vous prendrait des heures et des heures à vous rendre vers la chaîne de montagnes si vous veniez à faire le trajet à pieds. Et clairement, tu n'avais pas ce temps à perdre pour de vulgaires bandits. Mais aussi... Un trajet aussi long aurait finit par révéler ton handicap à la jambe. Impossible de laisser ça.

Une fois arrivée sur le territoire des brigands, tu t'es permise un instant pour observer les actions et l'efficacité du plus jeune. Tu devais t'assurer qu'il était vraiment compétent pour se charger des criminels, pour ainsi te laisser tout le temps de faire tes propres manœuvres derrière. Certes, tu n'étais pas totalement sauve de la possibilité que l'on vienne te prendre pour cible, mais tu avais ton Tome en main au cas où. Les très rares bandits qui fonçaient en ta direction finissaient brûlés sur place.

Tu n'avais pas de temps à perdre avec eux.

Tes yeux ne démontraient aucune crainte, seulement une satisfaction de voir les individus autour de toi flamber. C'est d'un pas confiant - comme si l'endroit t'appartenait, que tu t'avances vers les cargaisons tombées des pégases abattus ou laissées involontairement sans surveillance par la fuite des malfrats. Tu cherches bien évidemment en priorité le coffre du vieux marchand, mais tu ne sais jamais rater une bonne opportunité quand elle se présente à toi...

Tu pouvais voir certaines armoiries sur certaines caisses, preuves qu'elles appartenaient à certaines familles Nobles (ou aurait dû les appartenir à un moment). Peut-être d'autres expéditions marchandes qui ont elles aussi été attaquées par le groupe de brigands. Enfin bon, tu finis après de longues minutes de recherches à trouver l'objet de votre quête. L'agitation autour de toi se faisait de plus en plus calme d'ailleurs, preuve que ce Slaine semblait gérer parfaitement sa position et son rôle... Intéressant.

▬  ..J'ai trouvé le coffret.

Dis-tu donc au mercenaire une fois que le calme plat s'est fait, ne laissant derrière vous que des cadavres cramés ou se vidant de leur sang. Tu étais clairement indifférente de ce carnage, semblant plus observer de manière analytique ce qui pouvait rester encore tout autour... Il faudra que tu envoies des personnes enquêter plus en profondeur une fois que tu seras de retour à Uzuri, tu n'as pas le temps (et surtout l'envie) de le faire toi-même là maintenant.

Tu as pu voir des biens dérobés.
Mais aussi... des détails plus questionnables.

Certains bandits étaient bien trop entretenu pour la vie qu'ils devraient normalement mener ici et ils ont été spécifiquement les premiers à avoir été évacuer lorsque vous aviez débuter l'attaque sur leur repaire. Comme s'ils étaient plus des collaborateurs que des membres à part entière... Mais aussi, les équipements présents sur les pégases étaient d'excellentes factures. Possiblement que leurs revendeurs n'étaient pas de simples éleveurs...

Mais bon, tu devras enquêter ça plus tard.

Le jeune Slaine n'était après tout payé que pour récupérer le coffret et rien d'autre. Et tu n'allais pas bafouer ainsi un premier contrat après tout...

Vous finissez par rentrer à la ville, vers le début de la tombée de la nuit. Le vieux marchand vous attendait toujours au même endroit, à la même table. Sans doute inquiet pour votre devenir et celui de son précieux objet.

Tu t'occupes des formalités en allant le voir pour lui rendre son trésor. Le vieillard enserre tendrement le coffret contre son torse, bien heureux d'avoir pu le récupérer. Il semblait ému et presque prêt à verser des larmes s'il n'avait pas une once de fierté en lui. Tu joues faussement la compassion, mais en réalité cette scène qui se veut émouvante te dégoûte.

Si tu l'aurais pu, tu aurais abîmé à jamais cet objet, tu aurais saccagé son contenu et l'aurait rendu en piteuse état. Tu aurais dis que tu n'aurais rien pu faire, que les bandits l'avaient déjà endommagé à ce point. Tu aurais pu voir son désespoir, ce vieux cœur se briser face aux dernières restes de son précieux objet.

Tu aurais pu t'en délecter.
Mais tu gardes ton sourire habituel.

Une fois cela fait, le marchand vétéran vous remercie une dernière fois et vous offre les récompenses promises. Mais tu te permets aussi d'offrir la prime qui est normalement dû au jeune mercenaire.  Ainsi tu lui débourses les écus.

▬  Voici la somme pour ta contribution. De quoi payer ton contrat, le temps que celui-ci a pris, ainsi que le nombre de brigands et de montures abattus par tes soins.

Tu as toujours été très généreuse dans tes paies, que ce soit pour attiser la sympathie que pour leur donner envie d'à nouveau travailler pour toi... Néanmoins il y a aussi des moments où tu sais récompenser les gens compétents.

Peut-être qu'il y aura d'autre contrat à l'avenir...