Avec les événements récents, le travail ne désemplit pas pour Ismène. Les nobles craignent pour leur sécurité, à juste titre, et n'hésitent pas à engager des mercenaires comme garde du corps. C'est aussi le cas des citoyens les plus riches, surtout ceux qui ont survécu aux monstres. Dans le même temps, l'augmentation du nombre de créatures impie emmène à engager des mercenaires auxiliaires à l'armée pour maintenir l'ordre. L'afflux de réfugiés vient se rajouter au tout créant une situation de tentions qui rend les mercenaires indispensables.

Pour Ismène, son cas vient se rajouter avec un petit bonus, elle fait partie du dernier groupe à avoir affronté la tour avec succès. Un joli rajout dans son CV quand on y met le nom du seigneur Sasori en prime, membre de cette même expédition. En soit, cela signifie que les honoraires d'Ismène ont connu une jolie augmentation.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres à ce qu'on dit. Et actuellement, le boulot d'Ismène est de maintenir l'ordre parmi les réfugiés en soutien à l'armer de la Sainte-Terre d'Akiélos. Bien que cela consiste souvent à calmer des gens qui ont tout perdu et qui sont pleins de désespoir, ce qui n'est jamais une bonne nouvelle. Allez faire entendre raison à quelqu'un qui n'a plus rien à perdre, cela revient souvent a parler à un crâne creux. Ce qu'ils écoutent le mieux est souvent un bon revers patriarcal calculé pour ne pas rajouter au nombre de blessés qui augmente chaque jour à cause des arrivées, mais aussi des disputes pour la nourriture. Autant dire que les mercenaires ont encore pas mal de boulot.

La brune vient tout juste de calmer une énième bagarre sous fond de vol de nourriture, sans raton laveur cette fois, le voleur avait bien deux petites pattes, pas bien grandes d'ailleurs. Des enfants qui volent de la nourriture, de quoi rappeler à Ismène de mauvais souvenir. Une fois tout ce beau monde calmé et le mini-voleur remis a la garde, il est tant de patrouiller.

L'inquisiteur regard doré de la brune suit un vieux monsieur, visiblement blesser à la jambe, qui a bien du mal à marcher. Ismène allait venir à sa rencontre, faut rapidement l'emmener à un médecin, quand elle voit un beau jeune homme, au trait fin, des cheveux noirs, délicieusement soyeux et court, le tint marqué par le soleil se rapprocher de lui. L'homme aux allures nobles se rapproche et parle à l'ancien originaire des terres de la shogun, lui vient-il en aide ? Le visage de l'homme âgé se tord. Ismène décide de se rapprocher, ne quittant pas la scène des yeux. Instinctivement, elle abaisse ses mains, normalement proche de ses dagues au cas où, elle craint que cela n'empire la situation.

Le jeune homme parle, quelques brides arrivent à ses oreilles, assez peu, mais suffisant pour comprendre que le ton est bienveillant et souligne l'aide, par contre, la réponse de l'ancien se fait plus clair, au-delà de la douleur, l'ancien ne veut d'aucune aide, en tout cas ne venant pas du noble. Le visage fermé, Ismène observe l'ancêtre et se rapproche assez pour rentrer dans la conversation.

"- Bonjour, vous avez besoin d'aide, monsieur ?"

L'homme tourne la tête vers Ismène, grimace aux lèvres. Ils passent bien quelques longues secondes à regarder la mercenaire de bas en haut. L'air dégoûter, il regarde clairement les vêtements de la jeune femme.

"- Mais c'est quoi cette tenue ? Vous vous prenez pour quoi ? Les jeunes de nos jours, on s'étonne que les dieux nous punissent, vous avez regardé comment vous vous habillez ? Un coup de vent et on voit tout. De mon temps..." Il grimace. "Laisser tomber, allez vous rendre utile plutôt, chercher moi quelqu'un qui serait apte à me déplacer."

L'homme se met ensuite à pester dans sa barbe, parlant tout seul à voix basse, quelques mots parviennent dans son charabia "... Fallait.... un de ses sales Djinn.... gourgandine."

Les poings d'Ismène se sert, elle prend la scène en fermant les yeux et sur elle, son regard calme réapparaît. Izanagi l'avait prévenue, a Kanagawa, il ne faut pas que la peau se voie, en tout cas chez les vieux. Puis elle tourne la tête à droite, puis à gauche. Avant de tourner la tête vers le jeune homme, main sur les hanches et tiquer... C'est bizarre, mais ce jeune homme lui rappelle quelqu'un, mais qui ? Elle le regarde intensément, plonger dans une profonde réflexion sans parvenir à mettre un nom sur ce visage. Puis elle rompt le silence.

"- Dites moi, vous avez des compétences en médecine ? Parce que si on laisse ce monsieur ici, le temps de chercher quelqu'un, il n'aura pas de soin à temps et va falloir lui couper la jambe."

Elle parle bien fort, tenant à ce que le vieil homme l'entende. Après tout, s'il déteste les Djinn et qu'il n'aime pas la tenue légère de la mercenaire, son amour pour sa jambe sera sûrement plus fort. Qui a de la haine au point de préférer se faire amputer franchement ?

Le beau jeune homme prend la défense de la jeune mercenaire, face aux propos sale de l'homme qui remette en question sa piété pour la seule raison que sa tenue ne lui convient pas. Ismène l'observe pendant ce temps, elle l'a vu quelque part, mais où ? Impossible de s'en rappeler et pourtant, son visage lui dit clairement quelque chose. Où a-t-elle bien pu croiser un jeune homme avec un visage si angélique ?

Voyant l'impasse dans laquelle ils sont, Ismène se met a inventer un mensonge à la volet. Ce n'est pas très sympa, mais elle l'aurait été bien plus si l'homme ne l'avait pas insulté de gourgandine et limite traité de coureuse de jupon insultant les dieux. Ismène était très respectueuse des dieux, elle était croyante et pieuse, remettre cela en question était la pire des insultes à ses yeux.

Le doux jeune homme rentre dans son jeu, visiblement l'implacable mercenaire venait de résoudre le problème avec une solution, certes peu conventionnel, mais qui fonctionne. L'ancêtre perd toute haine et animosité, et supplie même pour qu'on le sauve. Les dieux savent à quel point ce type d'homme est détesté par Ismène. Les hommes vertueux qui se servent des dieux quand cela les arrange, se comportant mal par la supériorité que leur donne leur soit disant piété, pour ensuite l'utilisé comme moyen d'obtenir les faveurs de ceux qu'ils ont jugés et insultés, au lieu de se remettre en question et comprendre que sans leur action précédente, tout, ce serait mieux passé.

Mais ainsi est la nature humaine, Ismène sait qu'elle a ses défauts, qu'elle agit parfois à l'encontre de l'enseignement des dieux, mais elle en a au moins conscience et essaie de s'améliorer à son rythme. Ce vieil homme ce complet là-dedans, en tout cas, ces dernières actions se complaisent. Mais ce n'est pas aux vieux singes que l'on apprend à faire la grimace. Elle ne dit rien, mais la colère est encore présente dans son cœur, bien que cela ne l'empêchera pas d'aider le vieil homme s'il doit être déplacé.  

Si la mercenaire a bien moins de compassion, le beau jeune homme n'a pas que l'allure d'un ange, il en a aussi l'attitude, il accepte d'aider le vieil homme. Il tend son bâton dans une attitude qui semble si familière à Ismène, c'est surtout son regard qui la frappe. Une telle détermination et compassion, où a t'elle bien pu voir cela ? Elle reste là pensive, observant la scène. L'ancien, une fois soigner, remercie son sauveur, comme s'il était celui qui venait de le menacer et qu'il a décidé de l'épargner. Soit, le vieil homme fait ce qu'il veut, espérons que cela lui apprenne à se montrer plus ouvert à ses prochains. Clairement, la brune ne comprendra jamais cette haine entre les djinns et les kanagawa et la pardonne de ce fait, très mal.

Mais actuellement, elle plonge ses yeux d'or dans les yeux du jeune homme. Poétiquement, si l'on dit que les yeux sont le miroir de l'âme, alors c'est l'âme de ce jeune homme qui l'a le plus marqué. Il cherche une excuse et regarde Ismène qui comprend assez vite cette âme suppliante.

"- Mon seigneur, nous avons besoin de vous ailleurs, suivez moi, je vous prie."

Elle se retourne et l'observe pour savoir s'il la suit ou non, ou plutôt s'il arrive à se dégager de son nouveau meilleur ami pour la vie. Puis elle l'emmène à travers les tentes, s'éloignant de l'ancien en détresse.

"- Je m'excuse le mensonge de tout à l'heure, mais il fallait bien obliger cet homme à se laisser faire. Nous autre, hommes et femmes d'armes, n'avons pas beaucoup de patience et sommes aussi implacables que ce soit avec nos lames, qu'avec notre langue."

Elle tourne sa tête vers lui, se permettant de sourire, ce qu'elle n'a pas pu beaucoup faire au cours des derniers jours.

"- Mais c'est un plaisir de vous revoir, cher Hakan. J'espérai que tout se passe au mieux pour vous depuis la tour, mais visiblement, nous nous retrouvons dans un sacré bourbier."

Elle perd son sourire, marquant une courte pause.

"- Je suis désolé de vous demander cela, mais je peux vous demander de me suivre jusqu'à une autre tente. Il y a un enfant qui c'est cassé la jambe après s'être retrouvé aux milieux d'une rixe pour de la nourriture. Il aurait besoin de soin en urgence, mais la mère a rejeté le médecin Kanagawai qui était venu le soigner sous prétexte qu'il allait empoisonner son enfant. J'ai peur que si rien n'est fait rapidement, l'enfant ne passe pas la nuit et les médecins originaire de Djinn et d'Akiélos sont tous occupé."

Finalement, il y a plus d'une raison à l'incompréhension de la mercenaire sur cette haine entre Djinn et Kanagawa. Une mère Djinn qui refuse des soins à son fils sous le seul prétexte que le médecin vient de Kanagawa est stupide aux yeux de la mercenaire.

Le mensonge, la tromperie, la manipulation, de telles choses, peuvent-ils servir à faire le bien ? On dit souvent que ce que nous ne connaissons pas peut difficilement nous faire du mal. Mais tout cela ne serait qu'une simple question de dosage ? Ismène a bien du mal à le croire, des moyens aussi vil ne devrait être utilisé qu'en dernier recours. Mais la nature étant ce qu'elle est, elle a la tendance involontaire à les utiliser plus facilement sur quelqu'un qu'elle n'aime pas.

Peut-être que c'est par cette connaissance de cet état de fait qu'Ismène n'en tient absolument pas rigueur à Geb pour ce qui c'est passé avec Hakan, bien qu'elle ne le connaisse que par son pseudonyme. Il n'en est pas fier, mais il devait avoir ses raisons et probablement que c'était mieux pour lui et pour elle que cela soit ainsi. Leur situation n'est pas enviable, bien que le prince ne semble pas vouloir le dire complètement de peur que les dieux en prennent ombrage. Mais il a aussi de sages paroles bien que la situation soit ce qu'elle est, ils ne doivent pas se laisser abattre, les dieux ont sûrement un plan et c'est à eux de temporiser pendant ce temps. Ismène sourit légèrement.

"- Vous avez bien raison, les dieux doivent certainement nous faire confiance pour gérer cette situation pour le moment, ils reviendront vers nous quand ils en sera nécessaires, à nous de nous montrer dignes le moment venu et actuellement, nous avons nos propres tâches à accomplir."

À être entouré par le malheur, entouré par les ombres qui menace ce monde, on finit par en oublier la lumière du soleil. Hakan n'avait pas oublié qu'un jour, le soleil a brillé par la volonté des dieux et qu'il reviendra demain. Le tout est de survivre à ce crépuscule et aux ténèbres jusqu'au retour de l'aurore. Et pour qu'un enfant de plus voit cette aurore promise, Ismène propose au prince qu'ils aillent jusqu'à une tente pour soigner l'enfant.

Mais le prince propose un autre plan, celui de servir d'intermédiaire et de bousculer un peu les mentalités. Ismène aime ce plan, mais une question reste en tête. Faisant une mine des plus froide, elle se contente d'un mouvement de tête.

"- C'est possible, mais j'ai cependant une condition pour cela."

Elle se tourne vers lui.

"- Je demande à connaître votre vrai nom, si vous pouvez me le dire. Quelque chose me dit que nous n'allons pas arrêter de nous voir dans les prochains mois et je préfère savoir avec qui je travaille."

Puis elle lui lance un sourire moqueur.

"- Ce serait le moyen le plus simple pour effacer ce qui vous rend peu fier, bien que je suppose qu'il y a de bonnes raisons derrière ce choix et que je vous en pardonne d'avance."

Il y a toujours des raisons derrière l'infamie, toujours de bonnes excuses, comme obliger un homme à se laisser soigner par tous les moyens.

Quel que soit le résultat de cet échange, Ismène emmène Geb devant la tente du médecin, des cris de douleur s'échappe de la tente. Rien d'alarmant dans leur situation, Ismène tend sa main.

"- Je vais me rapprocher, attendez moi ici, ce sera plus rapide."

Ismène se rapproche de la tente et disparaît une dizaine de minutes, elle revient avec à ses côté un médecin a la peau blanche, pour le coup, son teint est très allée, comme quelqu'un qui ne voit que rarement le soleil. On lui donne sans problème une cinquantaine d'années, un homme aux cheveux noir long tressé en chignon serré, ses cheveux tirés bien en arrière à la mode Kanagawaise. Il se rapproche de Geb, avec un air sévère.

"- Bonjour, Andreia-san est venue me voir pour me demander de venir aider l'enfant de ce matin avec votre appui."

Il tend sa main pour serrer celle de Geb.

"- Je ne sais pas qui vous êtes, mais merci beaucoup. Depuis les récents événements, j'ai dû beaucoup travailler avec des Djinns, la santé de patient passant avant toute chose, j'ai réussi à surpasser mes aprioris, mais ce n'est pas le cas de tout le monde, j'en ai peur."

Que Geb le veut ou non, le médecin cherche absolument à lui serrer la pince et se montre très insistant, Ismène se rapproche avec son air détaché pour venir en aide à Geb.

"- Bien, nous y allons ?"

Étonnement et stupéfaction, telle serait les mots qui pourraient décrire ce que vit Ismène à ce moment. Dans un premier temps, elle fut déçue qu'Hakan n'ait pas voulu lui en dire plus, mais elle ne s'en est pas formalisée. La vie d'un enfant est en jeu, Ismène n'est pas assez cruel pour faire durer cette situation par une raison aussi personnelle. La rencontre avec le médecin lui laissa une impression assez étrange, Hakan semblait troubler, mais elle ne sut pas pourquoi, elle suppose juste que l'attitude du médecin le surprend. Il est rare qu'un roturier ce montre aussi avenant avec un noble, en tout cas, la plupart des employeurs d'Ismène attendait à de la distance. Mais le Djinn s'adapte à la situation. Comme il va s'adapter, d'une main de maître, face à la mère. Ismène est adossée dans un coin, elle laisse les médecins parler, elle ne compte agir que si la situation l'exige, inutile de donner plus de travail aux soigneurs.

Par les dieux, un prince ? Ismène a du mal à montrer qu'elle est abasourdie, heureusement qu'elle offre son meilleur poker face. Elle fait sa tête de mercenaire inflexible, la tête d'une personne à qui on a volé le goûté et qui est tout colère. Elle laisse le prince Hakan gérer l'histoire de la maman raciste. Une belle fin de conte, le beau prince arrive pour calmer les ardeurs par un geste réconciliant permettant au bon docteur de s'occuper de l'enfant, libérant la mère d'une malédiction qui lui donnait des allures de vilaine sorcière.

Une belle fin de conte, qui permet à Ismène de comprendre. Le prince avait les moyens pour soigner l'enfant, alors pourquoi ne pas l'avoir fait tout de suite. En l'écoutant parler, en laissant le docteur seul avec la femme, la brune se demande si ce n'est pas pour combattre le racisme ? Combattre la peur de l'étranger ?

Tandis que le médecin fait son travail, le prince fini par exaucer le souhait de la mercenaire. Ismène ne connait le nom de Geb Ramses que de loin, comme la plupart des étrangers, elle n'a vu aucune représentation du Prince. Sir Ramses donne même les raisons de ces cachotteries, pour protéger sa vie, protéger le régent d'Akiélos et éviter tout scandale. Ismène répond par un simple mouvement de tête et un sourire en coin.

"- Pas d'inquiétude, sir Ramses, je vous ai reconnue lors de la soirée en l'honneur de sir Sasori, mais je n'ai pas osé venir vous embêter."

Ismène ment, mais fait genre pour ne pas passer pour une idiote. Essaie t'elle d'impressionner Hakan/Geb, ou ne veut-elle pas passer pour une idiote ? Difficile à dire. Derrière Geb, le médecin remet la jambe en place et pose une attelle.

"- Je ne suis pas très habitué a fréquenter des princes ou des rois, je n'ai aucune idée du protocole ou un autre truc du genre à suivre."

Et pour le coup, avoir des amis princes signifie aussi une augmentation significative de ses honoraires. Plus le CV a de ligne, plus cela lui rapporte de l'argent, la loi de l'offre et de la demande. Le médecin revient vers les deux amis, s'essuyant les mains, sourire sur le visage.

"- Voilà le travail, j'en ai fini ici, comme je l'ai dit à sa mère, il en aura pour quelques mois avec la jambe immobilisée, il va avoir besoin de béquille. Je reviendrais vérifier son état, si je peux. Je ne suis pas certain que l'on me laisse me rapprocher la prochaine fois. En-tout-cas, tous mes remerciements Ismène-san."

Il fait une révérence devant Geb.

"- Ramses-sama."

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Les yeux du prince observent Ismène d'une lueur inquisitrice qui donne une impression étrange à la mercenaire. Aurait-il compris son petit jeu ? Mais la suite étant un sourire du majestueux Geb, c'est que tout va bien et la situation se détend. Il souhaite qu'elle reste comme elle est et qu'elle ne joue pas la carte des ronds de jambes et des long pamphlet princier.

Le docteur vient ensuite les remercier, changeant encore la situation. De la détente vers la dureté. Les mots du docteur ne semblent pas plaire au prince. Une nouvelle approche de sa majesté arrive alors que la mère est auprès de l'enfant. Ismène joue au côté du prince, le rôle de la mercenaire pas commode, droit comme un piquet, main dans le dos, dans une posture militaire. Geb s'enquit de l'état du jeune garçon, sa mère répond, ne remerciant que la bonté du prince. Sa majesté s'en offusque et minimise son rôle, remerciant la charmante femme et le docteur. Ismène, droite comme un i, a bien du mal à ne pas laisser pondre le rouge sur ses joues. Ce n'est pas la jeune femme, mais charmante femme. Le prince la trouve charmante. Une information qui lui va droit au cœur, même si elle sait que l'attrait qu'elle a pour le prince n'est qu'à sens unique, ce qui est assez rude, mais un compliment est un compliment. Ismène en reçoit assez rarement, voir jamais. On la trouve soit trop fragile pour son travail, soit que son excellence est la norme pour laquelle on la paie. Elle écoute à moitié la suite de la discussion, ne sortant de ses pensées que lorsque Geb lui demande de la suivre, le docteur, lui, avait déjà pris congé.

Elle s'exécute, le suivant jusqu'à l'extérieur où il abandonne sa figure de prince infatigable pour une partie plus humaine. Il la remercie et s'excuse pour l'attitude peu reluisante de son peuple. Ismène secoue négativement la tête.

"- Vous n'avez pas à porter le poids des pécher de votre peuple, vous n'y êtes pour rien. Cette mère ne pense qu'à protéger son enfant, on lui a toujours dit que les médecins de kanagawa sont des empoisonneurs, utilisant de vieux remède archaïques et des rituel pseudo-magique pour soigner, comment pouvait-elle faire confiance ? Je sais que tout cela est faux, mais ce sont des rumeurs, des histoires qui se raconte, cette haine est ancienne et ancré. Et puis, il ne me semble pas avoir vu la shogun où un de ses gamins débarqué pour venir s'excuser pour les propos du vieux de tout à l'heure. À un moment, les individus ont leur part de responsabilité, c'est malheureux a dire, mais je sais assez sur l'être humain pour leur reconnaître leur capacité à faire le meilleur comme le pire. La seule chose a faire, c'est de comprendre pour supprimer ce cycle de haine et d'avancer malgré lui. On est face à une mère apeurée qui craint de perdre son fils, c'est tout ce que j'ai vu aujourd'hui. Le médecin ne semble pas en avoir pris ombrage non plus."

Ismène essaie de soulager Geb, cette mentalité est certes horrible, mais ce n'est pas de la faute d'un homme qui est prêt à mettre sa vie en jeu pour sauver la vie des autres. Les djinns sont le peuple le mieux éduqué au monde, c'est ce qu'en pense Ismène, ils sont capables de créer des machines qui ressemblent plus à des miracles a ses yeux. Ce n'est pas ce qui c'est passé aujourd'hui qui va changer cela. Ce qu'a fait le prince dans la tour pour Ismène, veiller sur elle et la soigner, peu de monde l'a fait pour elle. La brune a passé sa vie à se battre, se battre pour se nourrir en fuyant la garde d'Akiélos sur ses petites jambes de petite fille de 8 ans. Se battre pour ne pas se faire voler le peu d'affaire que peut avoir une mendiante de 12 ans. La vie n'a pas été facile pour elle, elle est même certainement éloignée de celle du prince. Mais c'est paradoxalement à cause des difficultés qu'elle a rencontrées, ou plutôt grâce à elle, qu'elle reconnaît l'essentiel qu'est la douceur de Geb, son humanité, son altruisme, ce qui manque à ce monde. Un monde qui a besoin de plus de Geb et de moins d'Ismène.

"- Puis-je vous remercier d’une quelconque manière ?"

Ismène l'observe, une demi seconde de l'attente où la réponse avait failli être un sourire. Mais son visage redevient grave, Geb la voit comme une amie, tout au plus, il n'y a pas de place pour cela. Cela lui fait mal au cœur, mais elle n'a pas le choix, abandonner ou tout perdre. Elle se contente de reprendre sa voix froide.

"- Vous voulez me remercier ? Allez vous reposer, vous tenez à peine debout et en médecine comme dans tout domaine, la fatigue mène aux erreurs. Et je n'ai pas non plus envie de devoir expliquer à Sasori pourquoi vous avez fini en état de carpette sans que je ne vous aie stoppé. Bien que je me doute qu'il vous connaisse."

Elle met sa main sur son épaule.

"- Allez hop, direction ta tente pour une sieste, vous soignerez quand vous serrez en état, pas avant. Sinon, je t'y emmène par la force."

Elle traîne un peu Geb, mais c'est pour son bien. Une erreur médicale, c'est une erreur qui a des conséquences terribles. Et puis un magicien épuiser est un magicien qui soigne moins de monde. Il marche quelque temps avant qu'elle ne rompe le silence.

"- Pour tout vous dire, j'ai été aussi victime du racisme anti Kanagawa de la part de Djinn. Je suis née à Akiélos, mais ma mère est originaire de Kanagawa. Je lui ressemble beaucoup à ce qui parait, avec mes cheveux noirs et mon teint blanc. Cela a suffi pour que je me fasse traité de sale bouffeuse de riz ou autre remarque fleurie, alors que je ne suis pas tant typé que ça. Je me suis demandé pourquoi tant de haine, qu'est-ce qu'ils avaient à y gagner ? Mise à part quelques gifles. En réalité, rien n'est à gagner, hormis la satisfaction de se sentir plus fort ou le besoin de détester quelque chose. Le type qui m'a quasiment élevé était un djinn. C'était comme un père pour moi, il m'a appris à me battre, lire, compter, le fonctionnement de certains phénomènes naturels, des petits truc indispensable. Et il m'a dit un jour que le mal est souvent fait par des gens bien qui essaie de bien faire, mais par manque de connaissances ou par volonté de tout simplifier, ils font quelque chose de mal. Il m'a alors dit qu'il fallait accepter ce qui ne pouvait être changé, avoir le courage de changer ce qui pouvait l'être, mais surtout la sagesse de faire la différence entre les deux. Or, si je peux changer un truc, c'est votre état de fatigue pour que demain, vous puissiez faire de grandes choses au lieu de petite chose due à ton état de faiblesse aujourd'hui. C'est donc non négociable, votre majesté, direction la tente."

Ismène essaie de soulager Geb dont elle ne sait pas elle-même si elle en a le droit, ou si elle doit le tutoyer ou le vouvoyer. Ce qui est sûr, c'est que s'il continue, il va finir par s'écrouler par terre. Elle l'attrape par le bras pour l'escorter hors du camps, mais plus comme le ferait une amie qu'une garde du corps.