Une dette à régler

par **Kiyomi Ikezawa** 10/03/24, 06:03 pm

Deux bonnes semaines déjà ont passé depuis le couronnement de Sasori Jötunheim. Deux semaines que je suis coincée en Akielos, comme tous les convives qui étaient présents ce soir-là. Deux semaines que l’on tente de gérer au mieux la crise qui s’est abattue d’un seul coup sur le monde. Ayant la chance de ne pas compter au nombre des convalescents, je me suis portée volontaire pour donner un coup de main dans la gestion de crise. Distribution de nourriture, transport de messages, …, rien de bien différent de mon travail habituel finalement. Mais si j’arpente les rues aujourd’hui, ce n’est pas pour cette raison. Une bonne routine s’est mise en route après l’effervescence des premiers jours, et je peux me permettre de prendre parfois du temps pour moi. Aujourd’hui, je cherche quelqu’un.

Après quelques minutes de marche, j’arrive en vue d’une arène d’entraînement où s’exercent quelques soldats de venus de différents horizons. Mes renseignements étaient corrects : rapidement, je crois identifier une silhouette familière parmi les autres combattants.

- Ôzora Yûzhû ?

Un jeune homme aux cheveux noirs se retourne vers moi. Ses yeux dorés croisent les miens, et je revis en un instant l’attaque de Varenne. L’armée de monstres. Le massacre. Partout, la mort. La terreur. Et au milieu de l’enfer, un inconnu venu me soutenir. Une main sur mon épaule pour me tirer de ma torpeur face à la marée d’adversaires. Une présence invisible durant la bataille, un ange gardien détournant les assauts de la mort. Sans son aide, je serais tombée plus d’une fois au cours du combat. Mais me voilà debout sur mes deux jambes, en pleine forme, alors que mon compagnon d’armes d’une nuit n’a pu en réchapper sans un séjour prolongé auprès des guérisseurs. Lorsque j’ai voulu aller lui rendre visite, quelques jours après la fuite, il était encore au repos, avec interdiction formelle de quitter le lit. Mais j’ai fait en sorte de rester informée, et à présent qu’il a pu récupérer, je peux enfin lui présenter mes remerciements en bonne et due forme. Pas à la va-vite comme je l’ai fait ce soir-là. À la manière de Kanagawa, je salue mon interlocuteur d’une inclinaison respectueuse avant d’entamer la conversation.

- Je ne sais pas si tu te souviens de moi. Je m’appelle Kiyomi Ikezawa. Tu m’as invitée à rejoindre ton groupe lors de l’assaut contre Varenne. Je n’étais clairement pas prête pour ce qui est arrivée, et je serais morte cette nuit-là si tu ne m’avais pas veillé sur moi. Je… Je suis venue te présenter mes excuses pour avoir fait peser ce poids sur toi pendant la bataille. Je te dois la vie.

Mon ton se fait légèrement amer. Ça fait mal à dire. Je m’étais juré de me débrouiller seule et de ne plus laisser les autres veiller sur moi. D’être enfin la protectrice et pas la protégée. Quel échec. Le retour à la réalité est rude. Mais je refuse de me laisser abattre ainsi. Si je ne peux pas être une héroïne de guerre, je peux tout de même aider d’autres façons. C’est pour cela que j’ai rejoint les volontaires. Et c’est pour cela que je suis ici.

- Je ne compte pas laisser cette dette impayée. Si je peux t’aider, d’une quelconque manière… tu peux compter sur moi.

Je ne fais pas d’illusions. Il coulera beaucoup d’eau sous les ponts avant que mes compétences en combat ne me permettent de rendre une vie pour une vie. L’idée de ne rembourser ma dette que par de simples services ne me plaît pas, mais il faut savoir être réaliste. Je ne suis pas capable de bien grand-chose. Alors même si ce que l’on me demande ne vaudra pas grand-chose face à une vie sauvée, je préfère ça plutôt que rester sans rien faire.

par **Ōzora Yùzhū** 31/03/24, 08:22 pm

Depuis ce jour, depuis le couronnement, de longs jours sont passés, de très longs jours…. Où tu as été alité, où on te demandait de pas trop en faire de te reposer jusqu’à ce que tu puisses reprendre des sorties, prendre l’air librement et trouver quelque chose à faire… Oui, ici, que devenait le lieutenant ? Le soldat, se retrouvait impuissant… Impuissant face aux batailles que livraient Kanagawa, il ne pouvait qu’observer au loin, à l’horizon, incapable de percevoir les moindres montagnes de sa terre natale. Les nouvelles n’étaient pas vraiment joyeuses, et se serait mentir de dire que ça ne t’affectait pas. Oh, tu avais aussi retrouvé certains de tes soldats, bien qu’ils semblaient remplis de frustration, beaucoup étaient en vie. Cela ne te dépaysait pas trop et, inconsciemment, tu te disais donc que tu avais encore un rôle. Que tu restais lieutenant malgré tous ces événements.

Même si Kanagawa ne survivra peut-être pas.

En cette journée ensoleillée, vous étiez déjà au mois de mars, le printemps arrivait lentement, c’était un temps parfait pour s'entraîner, pas vrai ? Tu n’avais pas de combats pour l’instant, tu ne savais pas trop quoi faire d’autres. Tu attendais qu’on t’appelle, qu’on te dise que tu avais des monstres à tuer, des gens à protéger. Protéger ? Tes mains ensanglantées avaient-elles vraiment fait quoi que ce soit ?

Tu n’avais fait que, ce à quoi tu étais le plus doué.
Tuer.

La lance en bois à la main, tu échangeais quelques coups avec un soldat d’un autre horizon, pour faire face à un style de combat bien différent de ce que tu connaissais. Puis après, tu allais donner quelques conseils à un de tes soldats qui t’avait accompagné, et tu t’entraînais, encore et encore, laissant, de longues minutes, défilées. Jusqu’à une voix, t’interpelles. Jusqu’à ce que tu entendes une voix familière.

Ton nom.

Tu te retournes, plongeant ton regard sur ce visage que tu connaissais, ces cheveux roses, ces yeux si doux… Le souvenir de cette demoiselle effrayée, tombée à terre… Cette demoiselle qui avait vu une bien sombre facette de ta personne. La plus terrifiante. Elle semblait en pleine forme, c’était déjà ça, s’inclinant respectueusement face à toi. Et ses lèvres s’ouvrent. Oui, tu te souvenais d’elle, de son nom. Oui, tu l’avais sauvé, mais… Ah et pourquoi elle te présentait ses excuses ? Elle n’avait pas été un poids. Elle ne te devait pas la vie.

Je ne compte pas laisser cette dette impayée. Si je peux t’aider, d’une quelconque manière… Tu peux compter sur moi.

Tu restais silencieux quelques secondes, ne sachant pas trop comment réagir.

« Je me souviens de vous mademoiselle Ikezawa. »

Tu préférais qu’elle n’ait pas de dettes envers toi, qu’elle oublie tout ça. Mais tu sentais qu’elle voulait avancer… Tu avais entendu de l’amertume dans sa voix, comme si elle regrettait de ne pas avoir été capable de se protéger elle-même.

« Je… Je n’ai agi que par devoirs vous n’avez pas à vous en soucier. »

Pouvais-tu vraiment lui dire ça ? Alors qu’elle était venue exprès pour toi ?

« Mais.. »

Tu te souvenais des médecins qui t’avaient parlés d’une demoiselle aux cheveux roses qui avaient plusieurs fois souhaité te rendre visite. C’était donc elle…

« Si c’est votre souhait de m’aider et de payer cette… Dette… Très bien. Néanmoins, ne pensez pas que vous avez été un poids. Je ne vous ai jamais considéré comme tel. »

Bien, maintenant, il fallait réfléchir à ce dont tu avais besoin…

« Pour m’aider et bien... »

Que désires-tu ?
Que peux-tu lui demander ?

Tout cela semblait te demander une réflexion bien trop intense.

« Cela peut paraître étrange à demander, mais avez-vous des idées ? Je suis désolé, mais, rien ne me vient en tête. »

Tu n’as jamais demandé de l’aide. Jamais.

Une dette à régler

Une aide à offrir

Galleta

par **Kiyomi Ikezawa** 31/05/24, 06:36 pm

Les premiers mots d’Ôzora me prennent de court. C’est bête, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il me vouvoie, et je me retrouve soudainement embarrassée par ma propre impolitesse. J’avais bêtement imaginé pouvoir tutoyer un compagnon d’armes, mais nous ne nous connaissons pas vraiment après tout. Moi qui voulais arrêter de me comporter comme une idiote… Mal à l’aise, j’attends avec un peu d’appréhension que le jeune guerrier m’annonce ce qu’il attend de moi.

…

Je ne sais pas bien à quoi je m’attendais, en vérité. Que pourrait-il bien me demander, après tout ? Je n’y ai pas vraiment réfléchi. Mais je ne m’étais pas préparée à… rien. Trébuchant sur mes propres mots, je commence maladroitement une réponse balbutiante :

- Eh bien, peut-être que s’il y a certaines tâches dont vous n’avez pas le temps de vous occuper, ou si vous avez besoin d’un partenaire pour une mission, peut-être que je pourrais…

Je laisse la fin de ma phrase mourir dans un soupir. Mes épaules s’affaissent. Je suis ridicule. À quoi pourrais-je bien lui servir ? Je ne serais pas dans cette situation pour commencer si j’étais capable d’aider à quoi que ce soit. Partenaire de mission, et puis quoi encore ? On a déjà vu ce que ça donnait. L’idée n’a même pas l’air de lui avoir traversé l’esprit, c’est dire.

- Je… Pardon. Oubliez ça. J’aurais dû savoir que je ne peux pas vraiment vous être utile.

Je reste un moment là, perdue, à regarder le sol. Qu’est-ce que tu attends, Kiyomi ? Tu n’as pas l’impression d’avoir déjà suffisamment embêté ton sauveur ?

- Dites-moi, Lieutenant… Ce jour-là, pourquoi m’avoir fait combattre à vos côtés ? Pourquoi vous être encombré de ma présence alors que vous aviez l’Impératrice à protéger ? Pourquoi moi plutôt que n’importe quelle autre petite roturière présente à la soirée?

Mes dernières questions restent muettes. Peut-être les Dieux les entendent-ils.

Pourquoi suis-je en vie, quand tant d’autres soldats bien plus aguerris sont morts ? Pourquoi continuer de me faire arpenter ce monde encore et toujours, si je ne suis pas capable d’y faire une différence ?

par **Ōzora Yùzhū** 09/06/24, 08:37 pm

Tu as toujours été un garçon particulièrement poli Ozora.
Parfois un peu trop…

Lorsqu’elle t’avait répondu, tu avais de suite entendu qu’elle s’était mise à vouvoyer… S’était-elle sentie obligée ? Tu aurais voulu lui notifier, lui dire qu’il n’y avait pas besoin… Qu’elle n’avait pas à faire comme toi, que tu ne te sentais pas offensé, que tu avais juste l’habitude de naturellement vouvoyer qui que ce soit… Malheureusement, ce n’était pas vraiment le moment de lui dire, alors, tu devais patienter. Patienter et seulement l’écouter.

Et encore une fois…
Tu t’étais mal exprimé.

Tu n’avais jamais demandé d’aide de toi-même… Tu avais toujours tout pris sur tes épaules, toujours été le seul à porter ton poids, si les gens ne venaient pas d’eux-mêmes te les retirer, tu n’allais jamais leur en donner un peu, partager pour te soulager un peu quand tu le devrais. Alors lorsqu’on t’en demandait, tu ne savais juste pas quoi dire, pas quoi faire… Tu n’avais pas envie de déranger, d’en demander trop, tu n’étais pas certain de ce que tu pouvais proposer. Maintenant, qu’elle le disait, il y avait sans doute des tâches auxquelles tu ne pouvais pas trop t’attarder, il y avait sans doute des missions où elle pouvait te soutenir.

Mais voilà, tu n’y pensais pas.
Et désormais, Kiyomi, dans sa culpabilité, ne pouvait que se perdre…

Tu aurais voulu lui répondre, mais c’est une question qui d’abord traversait les lèvres de la demoiselle.

Pourquoi l’avoir fait combattre à vos côtés ?
Pourquoi s’être encombré de sa présence ?
Pourquoi elle, plutôt qu’une autre ?

Ah, Ozora… Ce n’était pas ainsi que tu voulais qu’elle pense, ce n’était pas ainsi qu’elle devait penser. Elle n’avait pas été un fardeau, mais une alliée, quelqu’un qui a combattu à tes côtés, quelqu’un qui a défendu le peuple, malgré la peur… Peut-être qu’elle se pensait trop faible, inutile, car tu l’avais sauvée, car tu avais veillé sur elle. Mais…

« Mademoiselle Ikezawa, pas un seul instant, votre présence a été encombrante. »

Tu posais ton regard, droit dans ses yeux.

« Ce jour-là, si j’ai demandé votre aide, si je vous ai fait combattre à mes côtés, c’est simplement parce que dans une situation aussi critique, toute aide est la bienvenue. Vous êtes une mage, là où moi, je suis un lancier, il y a certaines choses que je ne peux pas faire. Vous ne m’avez pas empêché de protéger l’Impératrice, vous avez apporté votre soutien, vous avez combattu. »

Tu essayais de réfléchir à tes mots, de trouver les bons mots.

« C’est parce que vous étiez déterminés à combattre. Probablement parce que vous aviez des choses à protéger… Bien sûr, vous n’aviez pas l’expérience nécessaire, et l’inconscience de ce qu’est une vision aussi cruelle de la réalité… »

Un soupir.

« Le premier combat, n’est jamais facile. Surtout dans votre cas… Il a été rude et violent, sanglant et, probablement traumatisant. Je vous ai imposé une bataille… Et… Peut-être vous sentez-vous comme un fardeau… Peut-être que vous avez tremblé, et que vous êtes tombés… Mais...»

Il fallait bien s’exprimer.
Réfléchir…

« Cela est assez commun. Les soldats, que ce soit les jeunes recrues ou les professionnels, tous peuvent trembler et faire des erreurs, notamment la première fois.»

Tu essayais de lui offrir le ton le plus rassurant possible.

« Le plus important, c’est de se relever. »

Tu étais hésitant, mais, en repensant à ce que tu avais déjà vu, observer, tu te décidais à prendre sa main dans les tiennes, doucement et délicatement.

« C’est ce que vous avez fait. »

Puis tu la relâchais.

« Je ne regrette nullement vous avoir protégé et sauver. Cela n’a pas été une charge pour moi, et il était normal que je veille sur vous, je suis le plus expérimenté, et je vous ai emmené avec moi, c’était mon devoir. »

Ton regard se montrait plus doux.

« Veuillez m’excuser pour ce que j’ai dit plus tôt, je ne cherchais point à vous faire croire que vous ne m’êtes d’aucune utilité… C’est simplement que… J’ai du mal à me… »

Tu avais un peu du mal tout d’un coup.

« J’ai du mal à me relayer aux autres, non pas par manque de confiance ou autre, simplement par habitude. Avoir des idées sur ce genre de choses, proposer… Ce n’est pas vraiment… N-Naturel chez moi ? Enfin, je ne sais guère si je m’exprime correctement encore une fois… Hum, ah aussi, vous n’avez pas à me vouvoyer, c’est juste personnellement, c’est, compliqué pour moi de me détacher des formalités… J’ai cette tendance à le faire, auprès de tout le monde et ce n’est point la première fois que cela met mal à l’aise… Je m’en excuse, c’est simplement inhabituel, mais le plus important est que vous soyez à l’aise. »

Tu étais sincère dans ce que tu disais, tes paroles étaient honnêtes, autant que l’étaient tes yeux. Tu avais fait ce que tu pouvais, pour tenter de corriger ta propre erreur, tenter de la rassurer… Lui dire qu’elle n’est pas faible, simplement inexpérimentée, et que son aide, son soutien avait sauver des vies… Tout comme toi, tu avais sauvé la sienne.

Une dette à régler

Une aide à offrir

Galleta

par **Kiyomi Ikezawa** 30/07/24, 03:20 pm

Patiemment, Ôzora me répond de sa voix calme et claire. Peu importe mon inexpérience, j’ai eu mon rôle à jouer dans cette bataille auprès de lui et de l’Impératrice, ma magie de foudre complémentant bien leurs armes respectives. J’imagine qu’il y a du vrai là-dedans. Peut-être ai-je pu alléger un peu leur charge tant que j’étais encore d’aplomb. Peut-être que ma présence a fait une différence. Je peux toujours me raccrocher à cette idée. Mais tout de même, perdre tous mes moyens comme je l’ai fait… Et deux fois lors de la même bataille, en plus. Le lieutenant a beau me répéter que cela n’a rien d’anormal pour un premier combat de grande ampleur, comment l’accepter ? Comment accepter d’avoir mis en danger par deux fois ceux qui combattent à mes côtés (l’Impératrice, qui plus est !!), alors qu’ils devraient au contraire pouvoir compter sur moi pour les protéger ?

« Le plus important, c’est de se relever. »

Je redresse la tête, une moue douce-amère sur le visage. Se relever. J’ai l’impression de ne faire que ça ces derniers temps. Pour simplement me faire rejeter à terre encore et encore. Pourquoi je devrais continuer, si c’est pour toujours me faire piétiner par la vie ? Autant rester au sol directement. Pourquoi me relever encore une fois ?

« C’est ce que vous avez fait. »

La surprise me fait manquer un battement lorsque Ôzora prend ma main dans les siennes. C'est vrai que je me suis déjà remise debout. Lors de cette même bataille. Malgré la mort qui guettait de tous côtés, malgré le spectacle d'horreur qui s'étalait tout autour de moi. Ôzora m'a sauvé la vie, mais je me suis relevée, et j'ai combattu de nouveau. Il faut croire que je commence à avoir l'habitude de prendre des coups. Peut-être qu'avec encore un peu d'entraînement, je parviendrai à tenir bon. Sans doute pas à m'en tirer sans mal, mais au moins encaisser juste assez bien pour ne plus trébucher. Il est plus facile de se redresser quand on ne tombe pas.

Je m'apprête à remercier le jeune homme pour ses mots, mais il continue à parler, d'une manière soudainement moins assurée. Ne voulant pas paraître impolie en l'interrompant, je le laisse continuer et le vois s'empêtrer de plus en plus dans ses paroles. Voir ce grand guerrier soudainement si maladroit a quelque chose de déroutant. Et d'amusant aussi. Le temps qu'il parvienne à la fin de sa tirade, un léger rire m'échappe. Gênée, je bafouille une explication :

- Pardon, je ne devrais pas rire. Je suis assez fatiguée, il ne m'en faut pas beaucoup... Merci de tes explications, j'avoue que j'avais peur de m'être montrée impolie. Je ne te forcerai pas à me tutoyer de ton côté, même si ça va me faire un peu bizarre.

Une fois ma contenance retrouvée, je continue.

- Merci de m'aider à me relever. Encore. Je vais faire de mon mieux pour que ça ne devienne pas une habitude. Ce sera ma manière de te remercier en attendant que tu ne trouves quoi me demander.

S'il a pensé pouvoir s'en tirer si facilement, c'est bien mal me connaître.

- J'ai toujours l'intention de régler cette dette. D'une manière ou d'une autre. Ça peut attendre. Et tu n'as pas à te tracasser avec ça, d'ailleurs. Je veux juste dire... si un jour tu as besoin d'aide, pour quoi que ce soit, tu peux me demander. Je serai là.

par **Ōzora Yùzhū** 21/08/24, 08:28 pm

Tu n’avais jamais été très doué avec les mots, pour t’exprimer, pour rassurer. Tu ne t’étais jamais considéré comme bon là-dedans et en même temps… Tu ne te souvenais que trop bien, des fois où tu avais blessé, parfois sans savoir, sans comprendre. Tu avais conscience que ton manque d’émotions -ta peur-, menait parfois à ce genre de situations, sans doute que tu n’étais pas assez sociable, assez à l’aise, pas assez ouvert, pas assez honnête, surtout envers toi-même. Pourtant, tu essayais malgré tout à ta manière, c’était une grande réflexion à chaque fois, parce que tu savais pertinemment que chaque mot pouvait faire la différence, que tu ne devais pas te tromper, tu ne pouvais pas la mettre encore plus mal. Tu ne le souhaitais pas.

Au fond, tu voudrais la soutenir.
La voir se relever comme elle l’avait fait sur le champ de bataille.
Qu’elle cesse de s’accabler sur son incompétence.

Tu ne savais que trop bien ce que c’était de se sentir inutile, ce que c’était ce sentiment de ne pas être assez bon, assez fort, même si c’était une émotion que tu avais jeté il y a longtemps, avec les autres.

Parce que c’était trop douloureux finalement.

Tu ne savais pas vraiment si tu parvenais à être clair, si ce que tu disais l’aidait un peu, tu tentais d’utiliser ton expérience, tes connaissances, ce que tu avais observé chez les autres. Tu t’excusais, tu te mettais à être mal à l’aise, parce que finalement, tu n’étais pas si froid, à toi aussi le lieutenant, il t’arrivait de bafouiller. Sans doute que ce n’était pas une mauvaise chose, car, soudainement, un petit son chaleureux se faisait entendre. Quelques notes qui pourtant, étaient réconfortantes. Un simple sourire, un simple rire, léger, qui pourtant te parvenait. Même si tu ne comprenais pas pourquoi, même si tu ne savais pas ce que tu avais fait ou dit.

Pourtant quelle importance ?
Tu avais réussi…

Kiyomi se remettait à te tutoyer, se permettant d’être plus à l’aise avec toi, de se passer de toutes ces formalités que sans le vouloir, tu lui avais imposé. Tu ne savais pas trop comment réagir, quoi dire, tu ne t’attendais pas à avoir les capacités pour lui remonter le moral, pour l’aider à se relever encore une fois. Avec tes propres mots.

C’était une petite victoire qui se logeait au fond de toi.

« Si cela vous dérange trop, je peux vous tutoyer… Je pourrais m’adapter, ce ne sera point la première fois. »

Merci…
Ce simple mot sonne un peu trop beau…

« Je… Hum… De rien…. »

Tu continuais de la regarder dans les yeux, alors qu’elle te disait qu’elle comptait bien payer sa dette un jour, qu’elle allait attendre le jour où tu trouveras une idée, une demande à lui faire.

« … C’est… Très aimable de votre part… Je… J’ai juste besoin d’y réfléchir… Cependant, sachez que pour moi, vous voir saine et sauve et apte à sourire, c’est plus que suffisant comme récompense. »

Enfin, tu avais deviné qu’elle n’allait pas lâcher, et tu ne voulais pas être irrespectueux envers ses envies et ses sentiments.

« … Néanmoins, même si vous avez une dette envers moi, vous êtes en droit de me demander de l’aide… Que ce soit pour devenir plus forte ou autre... »

Un soupir.

« Je peux peut-être apporter certains conseils… En termes de combats, bien évidemment, hormis cela, je n’excelle pas à grand-chose…. »

Oui clairement… Tu n’as que peu de compétences, que ce soit social ou autre.

Une dette à régler

Une aide à offrir

Galleta

par **Kiyomi Ikezawa** 30/10/24, 12:45 pm

Après m'avoir ramassé à la petite cuillère sans sourciller, le jeune homme semble soudain bien gêné de recevoir ma gratitude. Face à cette réaction, je me trouve partagée entre l'amusement et la circonspection. Même si je ne le connais pas vraiment, je n'ai pourtant pas l'impression qu'il soit si rare pour Ôzora d'aider les gens comme il vient de le faire avec moi. Comment peut-il avoir si peu l'habitude de recevoir des remerciements ? J'en serais presque à en rajouter une couche rien que pour l'embêter, jusqu'à ce qu'il cesse enfin de ressembler à un poisson pris dans le filet du pêcheur et se sente un peu plus à l'aise face à un "merci' amplement mérité. C'est bien le genre de choses que tu ferais, non, Aki ? Mais je ne suis pas toi, pas encore du moins, et je décide finalement de laisser du répit au jeune lieutenant. Mon sauveur ne mérite pas de se faire torturer ainsi, même si j'y mets de bons sentiments. Cependant, qu'il ne s'attende pas à ce que je laisse tomber ma dette de sitôt. Il ne sera pas dit que la politesse kanagawaise a disparu !

Le pauvre Ôzora semble paniqué à cette idée, et change de sujet assez vite. Je le laisse faire, il est inutile de pousser les choses plus longtemps. Le message est passé, et le jeune homme sait qu'il peut faire appel à moi lorsqu'il en aura besoin. Ce n'est pas à moi de décider quand, ni de quelle manière. Et si l'attente me pèse, il ne tient qu'à moi de faire en sorte que cette situation ne se reproduise plus. Et à ce sujet d'ailleurs, le lieutenant me propose justement de me donner des conseils en matière de combat. Je n'hésite pas bien longtemps avant de répondre :

- J'ai l'impression d'abuser de ta bonté, mais je ne pense pas qu'il soit temps de faire preuve de fierté mal placée. Il ne sera pas dit que j'aurai laissé passer une occasion de m'améliorer pour protéger plus de gens. Je serai ravie de pouvoir écouter tes conseils !

Sans plus attendre, je me mets en position face à un mannequin d'entraînement, grimoire à la main. J'ai tant de choses à travailler. Ma posture, ma visée, ma cadence... Pas de temps à perdre. La route sera longue, mais chaque pas me rapproche du jour où ma dette sera réglée.