// Date Inconnue, Domaine de Xed Amxes.


Une étrange invitation, arrivée de nulle part en plein milieu de la nuit. Si tous tes rêves n'étaient déjà pas tout tracés, se limitant à l'Arbre ou au Monstre, tu aurais pu émettre cette possibilité sans la moindre hésitation. Tu as daigné offrir un peu de ton attention, une oreille attentive, à son contenu. Tu étais perplexe, tu étais sur la défensive.

Tu es celle qui impose le mystère habituellement.
Avoir quelqu'un qui te fait subir ce sentiment t'agace.

Tu n'avais aucun intérêt à accepter cette invitation de base, mais le fait de ne pas avoir toutes les ficelles de cette situation t'énerve. Tu as besoin de comprendre, tu as besoin d'en savoir plus sur ce fichu Bal Masqué. Ainsi, non sans un regard dédaigneux envers l'origine du message transmis, tu as répondu à la positive.




... Tu ne sais pas comment appréhender ta situation actuelle. Tu n'es plus au Manoir et tu ne saurais expliquer comment tu as pu arriver dans un tel endroit. Un endroit perdu dans les cieux. Tu n'as comme unique dernière image en tête les rayons du soleil qui disparaissent au-delà des mers. Tu n'avais aucune réelle attente de l'invitation de la veille, tu t'attendais même à avoir la satisfaction de prouver que ce n'était que délire d'un Noble ou une plaisanterie que tu aurais apprécié faire payer au concerné.

... Mais maintenant le simple plaisir d'essayer de retrouver cette personne pour le brûler avec un de tes Tomes te démange. Que ce soit pour t'avoir prouvé tord ou pour avoir osé t'imposer cette situation. Quelle situation ? Ta tenue. Une robe. Une satanée robe. Une forme élégante, certes. De couleur corbeau avec de la dentelle sombre rappelant des roses. Tu aurais pu concevoir la beauté du vêtement... S'il n'était pas sur ta personne. Tu es aussi agacée que tendue. Tu n'apprécies guère cette sensation d'avoir tes épaules mises ainsi à nue, mais surtout de ce très bref décolleté (oui tu as ta pudeur).

Tu n'as qu'une envie, c'est de te changer.
Tu n'as qu'un besoin, c'est de te couvrir.

Heureusement, tu as bel et bien un masque qui couvre ton visage. Sans voir ton propre reflet, tu ne saurais pas dire à quoi il ressemble, mais tu sais néanmoins que celui-ci semble rattaché à un voile en tulle obscur. Au moins, cela évitera qu'on te reconnaisse vêtue ainsi... Cependant, cela n'adoucit en rien ton énervement de la situation.

▬  ...Tu brûleras, c'est une certitude.

Marmonnes-tu dans le vide, comme une promesse envers toi-même. Une fois le choc de ton accoutrement passé (d'apparence en tout cas, car ton esprit est toujours en émoi à ce sujet), tu souffles un bon coup pour suivre le mouvement de la foule. La salle de bal semble être le cœur de l'endroit, là où se trouve la majorité des invités, là où la grande partie de la vie ici se fait. Tu peux concevoir l'aura spectaculaire de l'avènement de ces lieux, mais cela ne te rend que plus consciencieuse de ton apparence actuelle.

Le stress d'être reconnue te prend.
Autant ne pas trop traîner par ici.

Tu n'as aucune raison de jouer la parfaite Cheffe de la famille Kyristis ici, à aller t'abaisser à parler à d'autres personnes pour forger des liens sociaux ou/et économiques. Mais il ne faut pas que tu rates la possible arrivée de l'organisateur de cet événement... Rester proche du lieu semble du coup nécessaire.

L'un des balcons semblent la solution toute trouvée.

Tu te diriges donc vers un des balcons libres, faisant toujours de ton mieux pour cacher ton handicap durant ton trajet (n'ayant pas eu la grâce d'avoir avec toi une canne). Une fois arrivée à destination, tu ne perds pas de temps pour commencer à tirer le rideau.

Signe que cet endroit était occupé.  
Signe que personne ne devait déranger.

// Date Inconnue, Domaine de Xed Amxes.


La salle de bal radiante disparaît petit à petit de ta vision alors que tu tires méticuleusement le rideau. Te séparant ainsi du lieu d'animation, t'isolant dans la zone plus paisible qu'est l'un des nombreux balcons. Tu te permets d'expier un fin soupire alors que tu finis par lâcher l'épais tissu de velours. Tu prends un temps pour profiter de l'atmosphère. L'orchestre se fait toujours un peu entendre au loin, ne t'assourdissant pas de ses musiques entraînantes. Le vent souffle doucement à l'extérieur, te donnant un léger brin d'air frais. Tu aurais pu apprécier commencer à apprécier ce décor.

...Mais ta folie ne semble pas vouloir te lâcher.

Un murmure au creux de ton oreille. Tu sursautes d'abord de surprise, en premier lieu prise de court d'entendre ton nom être prononcé. Tu te croyais seule après tout. Mais après la stupeur vient rapidement la peur. Car cette voix, ce n'est pas n'importe laquelle.

Celle du Monstre.
Celle avec laquelle ton esprit continue de te hanter.

Tu te tends brusquement, tu as des sueurs froides à la simple idée qu'une hallucination te prenne dans un lieu avec autant de monde. Pourtant machinalement, comme par instinct ou automatisme, tu t'oses jeter un regard hésitant derrière toi. Et tu les vois.

Ce regard glacial, tu le reconnaitrais entre mille.
Malgré le masque qui couvre la majorité du visage de l'homme.

Les yeux du Monstre.

Tu ne peux t'empêcher de lâcher un bref son effrayé, alors que tu fais volteface après avoir croisé le regard de la source de te cauchemars. Si tu étais comme d'habitude seule dans ton Manoir, tu n'aurais pas réfléchis un seul instant et tu aurais fui l'hallucination. Mais tu ne peux pas. Ta seule échappatoire serait de retourner à la salle principale, mais te jeter dans un lieu rempli de monde alors que ton esprit te joue des tours serait la pire décision à prendre. Tu ne peux que t'éloigner dans les limites du balcon.

Tu te retrouves quelques pas plus loin, collée au mur - ne voulant pas te risquer vers la balustrade avec ton esprit fissuré. Certaine que tu es seule dans ce lieu, certaine que tout ça est dans ta tête, tu marmonnes avec difficulté :

▬  Tout ça, c'est dans ma tête... Il n'est pas là...

Tu retiens tes tremblements, alors que ton regard esquive la silhouette créée par tes hallucinations. Mentalement, tu cherches à te rassurer, à te convaincre.

Tout va bien.
Le Monstre n'est pas là.