Sous un ciel vermillon, l’astre du jour abîmé au ponant, sous l’égide d’une sage-femme et deux assistantes, une mère mobilisait ses dernières forces pour faire éclore la vie. Kunti, primipare qu’elle était, se retrouva exsangue, échinée mais fière d’avoir accompli son devoir d’épouse. Toutefois, la joie fut rapidement désenchantée lorsqu’elle vit l’apparence de sa progéniture. D’une pâleur extrême, l’enfant jurait tant contre le sein de sa mère qu’elle fut prise de panique. Que dira-t-on d’elle en apercevant ce nouveau-né, que dira Vasusena, son père ? Redoutant pour sa vertu, ne pouvant se résoudre à cacher cette évidence, elle convoqua son époux. Vasusena ne put cacher le doute qui l’habitait à cet instant, non pas qu’il doutait de la fidélité de sa moitié. Il demeura néanmoins dubitatif quant aux allégations qui pouvaient entacher son nom. Assourdis par les affres et l’amertume, les jeunes parents de la noble maison Pandava durent prendre une décision draconienne. Dans le secret de la chambre, fut convenu l’abandon du nourrisson. Alors, complices dans la confidence, les servantes présentes s’attelèrent à la préparation du fils réprouvé dans un silence funèbre, à peine contrarié par les sifflements du vent d’une lointaine tempête de sable.

Une fois prêt, on confia le bébé à Kunti. Couverte de la tête aux pieds, profitant du concours de la nuit et de la poussière charriée par les vents, cette dernière se hâta subrepticement entre les ruelles étroites à peine éclairées, jusqu’à arriver devant l’orphelinat. Contemplant une dernière fois le fruit de son union, elle déposa un baiser sur son front, premier et unique geste d’affection à son égard. Le cœur lourd, elle déposa prestement le panier, le bébé en son sein. Les yeux au ciel, Kunti émit une dernière prière aux dieux, implorant le pardon et le salut pour cette créature innocente, avant de s’en aller aussi vite qu’elle ne fut arrivée.

Cette nuit-là, alors qu’elle étendait le linge des malheureux, Sita, une mère nourricière, crut entendre les pleurs d’un enfant provenant des enceintes de l’établissement. D’abord persuadée qu’il s’agissait des hurlements du vent, elle fut frappée de stupeur en découvrant un berceau trônant au milieu du préau. Elle ne mit pas longtemps à comprendre l’infâmie qui frappait cet être fragile, la pratique n’était pas rare. De ses mains tremblantes, elle débarrassa la menue silhouette des tissus qui le recouvraient. Au toucher de ces derniers, elle devina aisément les probables origines de ce marmot, dont les pleurs dépassaient maintenant les gémissements du désert. Supposition vite confirmée par le parchemin enroulé traînant dans le fond du panier. Quelques mots laconiques, une supplique solennelle, rien qui ne puisse trahir son auteur. Acceptant cette essence comme toute création sacrée, elle s’attacha à lui apporter la chaleur, l’affection et l’allaitement attendus d’une mère. Ce fut dans une bienveillance maternelle que fluèrent les premières dizaines. Une nuit dont l’éther ne souffrait aucun voile, un couple de patriciens avaient convenu d’une entrevue avec la matriarche de l’institution. Frappés d’une malédiction ou d’un mauvais sort, personne n’aurait su le dire, ils avaient été incapables de produire un héritier depuis de nombreuses années. Dès lors, ils avaient convenu, dans la discrétion, d’être avisés de l’arrivée du prochain orphelin masculin. Par un généreux don, premier d’une longue série, le comte s’était assuré le silence sur cette affaire. Sita ne tardit pas à se manifester, prête à conduire les intéressés dans une des chambres à l’étage. Sans attendre, de crainte qu’ils se dédisent, elle s’activa à la présentation d’un rapide exposé sur son état de santé et ses petites particularités. Une fois terminé, elle sortit de son lit le nourrisson confortablement endormi dont elle se déposséda délicatement dans les bras de ses futurs parents. Jetant un œil à leur nouveau fils, il paraissait blafard sous les chauds éclairages feutrés qui illuminaient la pièce, ce qui ne manqua pas d’inspirer le comte. En cette nuit luneuse, devant la suzeraine, tout d’argent vêtue, il le baptisa désormais Surya, “Celui qui brille”. Ainsi, privé de son titre de seigneur, Surya accéda à celui de comte.

Les sept premières années passèrent sans encombre. Tout ignorant de ses origines, il apprit les rudiments de l’équitation à mesure qu’il suivait son père. Adhiratha, bien conscient des racines troubles de son fils adoptif, souhaitait qu’il s’endurcisse a minima pour qu’il puisse faire face s’il devait les apprendre un jour. Il devrait, quoi qu’il arrive, s’y confronter. Tout n’était qu’une question de temps avant qu’il ne soit la cible d’interrogations. Radha, férue de banquets et de bals, s’employait à l’éducation de leur fils ainsi qu’aux manières de la haute société. Elle s’entoura également d’une duègne pour l’assister dans son devoir. Le destinant à un avenir plus brillant que le leur, ses parents se mirent à nourrir quelques espoirs de le voir intégrer la prestigieuse Faculté. Aussi l’avaient-ils inscrit à l’école dès que ce fut possible. À dessein, ils engagèrent un précepteur afin qu’on lui dispense un enseignement complémentaire. Les couloirs de l’école furent le théâtre de ses premières rencontres, mais également de ses premières incartades avec des membres de la noblesse. Il ne transigeait guère avec la déférence due à ses parents. Alors, quand quelques noblions se mirent à les bafouer, remettant en doute leur lien de parenté, il ne put faire autrement que se battre pour leur dignité. S’il espéra les faire taire, l’entreprise se solda par un échec, redoublant de moqueries sur son apparence et sa différence. Ainsi naquit sa méfiance à l’encontre des autres nobles.

Cependant, l’on ne pouvait décemment pas lever la main sur un noble, aussi petit soit-il. Il dut en payer le prix par l’humiliation de son père, ce dernier devant rendre des comptes aux parents dont les rejetons avaient été bousculés. Eu égard aux réparations recherchées et contraint par la menace que représentait la perte de certains de ses soutiens, le comte d’Amritsar sacrifia quelques pièces sonnantes et trébuchantes en dédommagement. Rongé par la culpabilité, Surya chercha tant bien que mal à justifier son comportement. Adhiratha fut reconnaissant d’avoir un fils si respectueux, mais ne put accepter qu’il continue ainsi. Il lui apprit alors quelques principes de méditation et de rhétorique, en plus de convoquer un maître d’armes pour l’initier petit à petit à l’art du combat afin qu’il puisse décharger ses accès de violence sans faire de victime. Les années se succédèrent sans que ne cessent les railleries et les insinuations, mais les leçons de son père et de son précepteur avaient porté ses fruits, Surya ne maniant que le verbe pour se défendre. La défiance à l’égard des autres nobles ne fit toutefois que s’exacerber.

Lui qui baignait dans un environnement opime, il commença à se questionner sur la vie des petites gens, sur leur résilience face aux injustices si bien qu’il finit par éprouver une forme d’admiration et de respect. La grandeur n’était pas que l’apanage de ces seigneurs. De ce fait, se forma sa volonté d’améliorer la condition de vie des roturiers, estimant profondément inique pareil système d’exploitation. Qu’importe le sang ou le supposé mérite. Il y acquit également, par ce truchement, sa vertu, ses valeurs et sa vision de la justice. Au gré des rencontres, il aiguisa sa capacité à percer autrui à jour, à se défaire des boniments et des discours.

À la faveur d’une journée scolaire plus pénible qu’à l’accoutumée, Surya s’arma de courage pour poser la question qui le tourmentait de plus en plus chaque année. “Père, mère, n’y voyez guère de mépris ou de malveillance, mais une question me brûle les lèvres depuis bien trop longtemps pour que je puisse encore la taire.” Déconcertés par cette prise de parole soudaine, les époux échangèrent un regard lourd de sens, prêts à entendre la question tant redoutée. “Parle donc, Surya, quelle question t’assaille ?” Prononça son père dont un sourire affable et résigné étirait les lèvres. Plantant son regard dans celui de son paternel, il hésita un instant. “Voyez-vous, depuis de nombreuses années maintenant, avec force arguments, l’on met en doute notre filiation, aussi me demandais-je si ce doute était autorisé ?” Un long silence s’installa sans qu’aucun ne détourne le regard. Adhiratha prit alors une longue inspiration, prêt à se libérer de ce pieux mensonge. “Il est vrai que nous ne partageons pas le même sang. Pour autant, un lien de parenté s’affranchit sans difficulté de cette disposition. Nous t’avons fait nôtre sans distinction, sans concession aucune. Nous t’avons aimé sans condition. Nous partageons un lien qui surpasse les liens du sang, mon fils.” Déclara-t-il en écrasant sa paume sur le sommet de son enfant.

Surya ne s’étonna pas plus, il s’était quelque peu fait une raison au cours des quatre dernières années. Il ne ressemblait point à ses parents, il ne ressemblait tout simplement pas à un citoyen de la nation. Peut-être les rejetons aristocrates n’avaient-ils pas tort, ses géniteurs l’avaient probablement abandonné pour ce motif. N’aurait-il pas été plus simple qu’il ne vienne pas au monde ? Pourquoi exister ? Enfouissant cette interrogation tacite dans son esprit meurtri, cette dernière déposa les ferments d’un profond désamour qui ne manquerait pas d’animer sa propre géhenne. À défaut de trouver une réponse salutaire, le pré-adolescent se convainquit d’au moins répondre aux attentes d’autrui, au moins serait-il utile. Cet état d’esprit l’accompagna dès lors les six mois suivants, au cours de son enseignement religieux à Ios.

Le jour du départ, le ciel fut dégagé, aucun cumulus à l’horizon. Un deux-mâts, capable de transporter une trentaine de passagers, mouillait dans l’eau salée du port. C’était la première fois qu’il voyageait en prenant la mer. L’appareillage du vaisseau effectué, il prit le large au départ de Naucratis. Il fallut bien une demi-journée pour apercevoir les reliefs d’Akielos. La houle demeura douce tout au long du périple, mais le voyage dura encore un bon jour avant de voir poindre à l’horizon le rivage d’Ios. À peine arrivé, Surya obtint un compendium des Saintes Écritures. Au cours des mois, il fut instruit sur les dieux dragons, sur les préceptes édictés par la Sainte Akielos. Le cycle des réincarnations avait intimement résonné en son âme. Il s’était persuadé que sa précédente manifestation avait dû être vraisemblablement turpide pour qu’il soit abandonné au début de sa vie. De tous ces enseignements, il développa également l’acceptation des événements de la vie sur lesquels il n’avait que peu d’incidence en tant que simple mortel. Les dieux aimaient visiblement jouer aux dés. Par là même, il se mit à conjuguer la méditation à la prière une fois par jour, implorant la clémence de ces pourvoyeurs de hasard et leur témoignant la gratitude pour le monde qu’ils avaient édifié. Ce fut riche de cette instruction qu’il retrouva le climat aride de Djinn.

Arrivé à l’âge fatidique de ses 11 ans, Surya se présenta à l’examen tant attendu non sans une once d’hésitation. Admis, il fit la joie de ses parents. L’année suivante, le nouvel académicien s’installa logiquement à Héliopolis pour y suivre sa formation. Quelle ne fut pas sa surprise en arrivant dans cette ville sans pareille. De nombreux rameaux métalliques compassés vertébraient la cité çà et là, délinéant la forme d’un être organique. Plus loin encore, l’on pouvait distinguer des arches dont l’agencement juxtaposé composait une nef sous laquelle le climat n’avait aucune emprise. La nuit, quant à elle, donnait à voir le spectacle de lueurs diffuses sans flamme. Quand l’adolescent foula le pavé de l’école, il ne put s’empêcher de repenser à sa précédente expérience de l’enseignement. En serait-il de même loin de chez lui ? Discret, il se surprit en découvrant le large éventail des profils qui habitaient le lieu. Il redoubla d’étonnement face à l’ouverture de ses condisciples. Si certains cherchaient quelques émules, force était de constater que tout le monde s’accordait à travailler dans une bonne intelligence. Nulle distinction ne vint obscurcir ce temple de lumières. Surya s’offrit même le luxe de quelques sympathies, de franches camaraderies, dont des nobles de tous horizons. Il fallait croire que l’âme humaine, comme le vin, se bonifiait avec le temps et la maturité. Aussi son hostilité pour cette classe sociale se dissipa-t-elle sans y prendre garde. Ni spécialement bon, ni spécialement mauvais, le service militaire obligatoire, qu’il avait par trop retardé, se rappela à son bon souvenir. Il avait en effet atteint l’âge limite des 15 ans, aussi dut-il s’y résoudre sans quoi il se causerait encore des ennuis. De plus, cette interruption signifiait également le moment de quelques adieux. À son retour, il devrait composer avec la séparation inévitable de ces nouvelles amitiés.

À la caserne royale, toujours épris par son idéal de justice, l’adolescent s’échina aux exercices et au maniement des armes. Il se prit d’affection pour la lance, arme de prédilection à Djinn, et l’arc dont on aimait à rappeler la lâcheté par association avec Kanagawa. Rompu au combat grâce aux entraînements, le soldat en puissance y trouva un exutoire à son énigme vitale. Dans les oscillations inconstantes du métronome funeste du champ de bataille, il y ressentit une quiétude d’âme. Dans la souffrance des coups et blessures, une vertu, une preuve de l’existence. Enivré par cette idée, plus jamais elle ne le quitta.

Au sortir de son service militaire, porté par son mantra, l’adolescent reprit sa formation là où il l’avait laissée. Les trois dernières années s’écoulèrent sans achoppement notable. Face à l’absence de ses amis, le jeune homme trouva refuge dans la chaleur des flammes. Sa promotion en qualité d’ingénieur fut célébrée dans la liesse. Le jeune homme en tira une certaine satisfaction, au moins avait-il fait la fierté de ses sauveurs. Au cours du repas, il déclara son souhait de s’enrôler dans l’armée et d’y entamer une carrière. En sa qualité de simple ingénieur, il se ne voyait guère peser suffisamment pour ne serait-ce qu’essayer d’infléchir la situation concernant le bas peuple. Il lui fallait plus d’influence encore. S’il voulait emboîter le pas à Son Altesse, se tenir à ses côtés, devenir son bras armé, il devrait redoubler d’efforts, dépasser les attentes. Quatre ans durant, Surya s’entraîna d’arrache-pied, ne ménageant rien ni personne. Au cours des joutes, son implacable férocité lui valut le surnom de “Lion d’albâtre” et inspira la révérence et la crainte même si de nombreux apprentis et nobles s’y refusèrent, arguant qu’il ne s’agissait ni plus ni moins que de chance ou de gabegie, les paris lors de ces combats étant monnaie courante. Nul ne put toutefois apporter la preuve à ces allégations.

De la bouche d’un aristocrate trop joueur et loquace, Kunti eut vent des prouesses d’un soldat qu’on qualifiait de blême. Intriguée ou par intuition, elle se demanda si cet homme pouvait être son premier fils. La pâleur n’était pas si caractéristique à Djinn, aussi y avait-il de grandes chances que ce soit le cas. L’hésitation la pétrifia quelques jours avant qu’elle ne se décide à assister à ces fameuses joutes. Au crépuscule, elle distingua, interdite, cette forme si singulière s’escrimer dans une danse vespérale, envoyant valser le dernier adversaire du jour. Résolue, elle approcha l’enfant devenu adulte.

“S-Surya.” Prononça-t-elle presque en murmurant. Le jeune homme se retourna, toisa rapidement la silhouette qui lui faisait face. Il reconnut aisément la femme du seigneur de Nilyx, elle le fixait peinée. “Que me vaut votre visite, dame Kunti ? Vous ne devriez pas traîner ici à cette heure, l’on pourrait se faire des idées.” Déclara-t-il avec un ton débonnaire et respectueux. Un rictus déforma un instant le visage de Kunti, elle soupira dans l’espoir de soulager sa gorge serrée par l’appréhension. “N’est-il pas naturel de s'enquérir d’un membre de sa famille ?” Devant la mine interloquée du guerrier, elle détourna rapidement le regard avant de se ressaisir. “Je suis celle qui t’a porté et mis au monde.” Ne lui laissant pas le temps de répondre, elle se lança dans une vaine tentative de justification. À son terme, elle se heurta au mutisme de son fils. Dans un élan d’assurance, elle lui promit la gloire et la reconnaissance s’il daignait rejoindre les siens. S’ensuivit un nouveau lourd silence que Surya ne brisa qu’après une mûre réflexion. “J’entends vos mots. Retrouver ma famille et recouvrer ma forme seraient une histoire brillante, à n’en pas douter.” À ces mots, Kunti se réjouit. Lui qui était en quête d’influence, le titre de seigneur avait de quoi séduire, mais il ne pouvait trahir ceux qui l’avaient recueilli et à qui ils avaient donné plus que de raison. Surya reprit alors aussitôt. “Ne pensez-vous pas que vos paroles arrivent trop tard ? Vous, qui vous déclarez ma mère, si vous n’avez pas commis de faute, acceptez le passé sans affront.”

Si Kunti était une femme égoïste, c'était dû à son innocence naturelle et à sa simplicité d'esprit. Elle n'était certainement pas une femme effrontée. Elle savait que ses propres actes, rejeter Surya tout juste né, pour son propre bien, étaient pleins d'égoïsme et se le reprochait. Et pour cette raison, elle possédait peu de fierté. Lui qui était reconnaissant envers sa famille d'accueil, elle ne pouvait lui raconter un horrible mensonge. Kunti rompit la négociation sans répondre. Devant le silence de sa mère, Surya poussa un soupir las avant de reprendre. Il ne pouvait se résoudre à ne pas offrir une compensation digne de la détermination dont elle avait fait preuve.

“C’est une tromperie, un amour complaisant, car votre amour ne peut sauver qu’une seule âme, la vôtre. Mais je vais répondre à ce sentiment. Jamais je ne ferai la lumière sur mes origines ni ne réclamerai mon statut, dussé-je mourir.” Déclama-t-il sans ressentiment. À ses mots, Kunti se sentit libérée, le cœur allégé mais sans se départir de la honte qui la souillait. Ne sachant quoi répondre, son fils reprit une dernière fois la parole. “Bien que ce soit la seule fois, je suis reconnaissant que vous m’ayez appelé votre fils.” Conclut-il d’une voix douce, un sourire chaleureux aux lèvres. Sur ces derniers mots lapidaires, il tourna les talons en direction des dortoirs de la caserne. Il avait fait ses adieux et n’attendait guère de réponse.

Au fil des années suivantes, Surya fit montre de capacités guerrières et stratégiques exceptionnelles, le lion d’albâtre était maintenant bien rodé à la fonction militaire de sorte qu’il ne pût plus se dérober au regard de la royauté et de ses conseillers. Sept longues années de travail acharné culminèrent en ce point, en ce jour. Il avait rejoint le cercle des rares élus convoqués au palais. Agenouillé, les yeux fixant le sol en marbre, il patientait, attendant cet instant sacré où il serait enfin récompensé. Quand fut enfin prononcé son nom, il releva la tête lentement. Le prince céruléen le fixait d’un regard froid. Mais il n’en tint pas rigueur, Surya n’attendait que sa proclamation officielle. Les secondes lui parurent bien trop longues, il fut finalement promu officier supérieur. Pour son zèle et son sacrifice, le prince héritier le décora de quelques présents en guise de satisfecit. Animé par la bravoure, le poing serré contre le cœur, Surya jura ainsi.

“Je sonnerai le glas de vos ennemis !”