Le soleil ne s’était pas levé depuis longtemps. Ce n’était encore que le matin. Alors que les couleurs de l’aube persistaient encore un peu. Tout le monde était occupé à ses affaires tandis que tu vis Liv revenir de la chasse. Celle-ci n’a pas attendu bien longtemps avant de te montrer les deux lièvres qu’elle avait chassés. Tu lui fais un grand sourire. Ah… Qu’est-ce que vous pourriez faire avec ? De la bonne viande méritait un bon repas en accompagnement. Et… Tu étais persuadé que cela ferait plaisir à votre famille. D’ailleurs… Il semblerait que Liv ait eu la même idée que toi. Te tapotant l’épaule, elle te propose d’aller faire les courses ensemble.

« Avec plaisir ! »

Tu lui réponds enjoué. Tu le sais… Liv ne se comporte pas de cette façon avec tout le monde. Elle te faisait signe de la suivre. Elle affichait ce sourire. Tu ne savais pas pourquoi elle t’appréciait autant. Peut-être qu’elle te voyait comme un fils. Tu en avais l’impression… Y penser t’embarrasser un peu, mais… D’une certaine façon, cela te faisait plaisir. Tu aimais passer du temps avec elle et… D’une certaine façon, elle te rappelait ta mère… Lors de ces simples petits moments, tu étais ramené à ce passé heureux. Cela t’attristait. C’était même douloureux. Mais malgré tout, c’était aussi agréable à vivre. C’est ce qui rendait le tout plus étrange encore…

« Hmmm… Très bonne question. »

Tu réfléchis quelques instants avant de la regarder souriant.

« Je pense que des pommes de terre, des carottes et de l’ail pourraient faire l’affaire. Ou pourrait en faire un ragoût non ? Ou quelque chose dans le genre ? Ça réchauffe, ça nourrit bien et c’est bon. Et puis, je pense que ça devrait leur faire plaisir. Ah, du coup, il nous faudrait peut-être des oignons… Ou alors on fait un rôti accompagné de légumes meilleurs pour la santé ? Du genre poireaux, épinards ou haricots ? »

Un petit rire s’échappe.

« Ahah, j’ai trop d’idées. J’ai du mal à trier… »

Un léger soupir s’en suit.

« Tu aurais des préférences ? »

Le village se rapprochait petit à petit. Il serait bien d’avoir une meilleure idée de ce que vous allez faire lorsque vous arriverez. Pour éviter de poireauter trop longtemps devant les produits.

Pour faire plaisir à tout le monde avec de la viande, de nombreuses possibilités s’offraient à toi. Tu ne savais pas trier. Trop d’idées se mêlaient dans tes pensées. Tu réfléchissais à tous ces ingrédients, toutes ces recettes. Tu en avais proposé, mais au final, tu n’avais pas su donner une seule réponse. Tu n’arrivais pas à te décider. Finalement, Liv le fit pour toi. Un ragoût donc ? Oui… En effet, avec les nuits de plus en plus froides, c’était une bonne idée.

« Très bien ! On part dessus alors. »

Tu commençais déjà à imaginer les ingrédients que vous alliez acheter. Les différentes étapes pour la préparation. La façon dont vous alliez couper la viande. Les légumes. Les arômes et les épices qui allaient parfumer le bouillon. Le feu, chaleureux, que tu allais observer alors que le plat serait en train de cuire. Oui, tu avais hâte ! Tu aimais particulièrement cuisiner. Et faire une telle activité accompagnée, te plaisait encore plus. Néanmoins, il y avait encore du chemin à faire avant de s’y mettre. Des aliments à acheter. Un chemin à gravir. Et alors que tu continuais d’avancer le regard lumineux. La voix de Liv te tire de tes simples pensées. Tu le regardes, surprise qu’elle s’intéresse à ton passé.

Des souvenirs douloureux.
Des regrets.
Une histoire peu glorieuse.

Ce sourire si habituel s’était effacé en un instant. Comme s’il n’avait jamais existé. Ses questions n’étaient pas agréables, car elles ramènent des faits, qui te donnent l’impression que ton cœur est sur le point d’exploser. En même temps, tu étais touché qu’elle cherche à mieux te connaître. Cela prouvait que Liv avait une certaine affinité avec toi. Et puis… Elle te proposa de lui poser des questions toi aussi. Un échange équitable, au prix de nombreux souvenirs désagréables…

« Je…. »

Tu inspires un bon coup.

« J’ai eu… Une simple éducation… Je vivais seul avec ma mère, elle travaillait beaucoup. Vers mes 7 ans, elle m’a acheté un livre et m’a appris à lire et à me défendre lorsqu’elle avait le temps. J’ai pu aller à l’école gratuite et je m’en sortais plutôt bien surtout dans l’art du combat… C’était une vie… Assez pauvre mais simple et appréciable. »

Ce que tu aimerais y retourner. Retrouver son sourire… Quoique… En connaissant désormais l’histoire de ta mère, tu ne pouvais t’empêcher de te demander… Si elle était vraiment heureuse à tes côtés… Si ce sourire n’était pas factice… Si elle te retrouvait… Serait-elle heureuse ? Tu ne pouvais que douter.

« Et toi Liv ? Quel genre d’éducation as-tu eu ? »

Une question envahissait tes pensées. Une. Tu pris cependant quelques secondes, quelque peu hésitant à la poser…

« Est-que… Est-ce que tu as déjà eu un enfant ? »

Ce n’était qu’une impression, mais, pour avoir grandi auprès de ta mère… Tu avais remarqué que son comportement envers toi était parfois très maternel. Peut-être que ce n’était que l’instinct d’une femme… Ou bien que c’était de l’expérience….

C’était une belle journée. C’était le bon moment pour échanger. Mais… Parle de son passé n’est pas toujours aisé. Liv et toi, aviez vécu des choses qui vous ont marqués. Des choses que vous n’aviez sans doute pas envie de partager. Tu préférais taire ce que tu avais vécu. Tu ne partageais que rarement tes traumatismes. Trop rarement… Pourtant, en voyant Liv cherchée à te connaître… Tu avais envie de lui répondre sincèrement. Tu avais envie de faire des efforts. Tout comme elle en faisait. Tu ne lui diras certainement pas tout… Il y avait des souvenirs beaucoup trop délicats. Beaucoup trop douloureux… Tu n’étais pas sûr d’être prêt pour lui en parler… Il te fallait le faire petit à petit. Te contenter de répondre à ses questions. Mais… Rien que le fait de parler de ta mère, était un grand pas pour toi.

Tu avais eu de la chance de l’avoir.
Mais tu savais que pour elle, ta naissance avait été son plus grand malheur.
Ce qui avait causé sa perte.

Tu t’étais arrêté en voyant ta camarade le faire. Tu l’écoutais tranquillement, répondant à ta question. Néanmoins… La réponse n’était clairement pas ce à quoi tu t’attendais. Une noble ? Liv était noble ? Tu t’étais rendu compte qu’elle savait faire beaucoup de choses, mais… Ce n’était pas ce genre d’origine que tu t’imaginais… Tu écoutais son histoire. Silencieusement. Le regard peint par de la tristesse, de la colère et sans doute bien trop d’émotions d’un coup. Ainsi, elle avait été mariée… Elle avait eu un fils… Et ces deux êtres chers n’existaient plus aujourd’hui. Tu ne l’avais que trop bien compris en l’entendant. Tu le voyais, que c’était douloureux pour elle d’en parler.

Tu comprenais mieux pourquoi elle avait tant de respect envers Isaac.
C’était parce que sans lui, elle ne serait pas là à tes côtés.
Elle ne serait pas là à te parler.

Tu la regardais reprendre la marche sur ce long chemin. Tu restais muet quelques instants. Tu soupires, avançant finalement d’un pas rapide pour te mettre à ses côtés. Tu serrais les poings. Tu inspirais d’un coup. Tu avais ce visage tordu entre différentes émotions. Ton sourire avait disparu. Tu assimilais les informations. Tu repensais à des souvenirs bien douloureux. Tu avais l’impression de te projeter dans le passé. Ressentant encore cette même douleur que lorsque ton père t’avait jeté. Que lorsque ta mère s’était fait égorger. Tu avais l’impression de t’étouffer, mais tu voulais toi aussi te confier. Toi aussi te confesser.

Tu ne voulais pas que Liv soit seule.

« Mes parents sont... »

Ta gorge est nouée.

« Mes parents sont aussi des nobles… Même si ma mère a fui cette vie… Qu’elle a accepté de vivre parmi la plèbe… Mon père lui… est bel et bien un noble arrogant et hautain… Je ne sais pas quel est son statut, ni même son nom. En fait… Je ne l’ai rencontré qu’une fois… Le jour où il a assassiné ma mère… Le jour où il m’a tout raconté puis jeté. »

Un sourire s’affiche. Mais ce n’était pas de la joie. Ce n’était pas une expression chaleureuse. Douce. Non, ce n’était rien de tout ça.

« Vois-tu… Ma… Mère ne m’a pas eu par choix… Elle… »

Les mots ne sortaient plus. Tu n’arrivais plus à parler. Tu t’es contenté de sortir un rire nerveux. Un rire qui essayait de contenir ta peine.

« Ce n’est pas toujours facile la famille pas vrai ? »

Elle avait perdu son fils. Son mari. Toi ta mère, la seule qui comptait.

Un passé peu glorieux. Des moments bien trop douloureux. En parler, était pour toi une épreuve. Une épreuve que tu venais de surmonter. Même si tu n’avais pas tout dit. Certains souvenirs devaient se faire discrets. Des épines que tu voulais garder dans ton jardin secret. Mais, au moins, tu fus apte d’avouer tes origines. De dire comment tu t’étais retrouvé seul, dans ce monde bien trop cruel pour un enfant. Tu as grandi, mais les plaies sont toujours gravées. Les sensations aussi… Les émotions s’embrouillaient un peu. Tu ne savais plus quoi exprimer. Quoi dire. Il suffit d’une étreinte. Un geste d’affection d’une mère veuve sans enfant, d’un garçon sans aucun parent. De quelques paroles. Et voilà en larmes. Un regard dévasté par la peine, la colère et la tristesse. Te blottissant contre elle. Ressentant la chaleur, la douceur de son être.

Tu auras beau boire tout l’alcool du monde.
Tu auras beau trouver de nouveaux objectifs.
Une nouvelle famille.
Le passé ne s’oublie pas.
Tu ne l’oublieras jamais.

Après quelques minutes, Liv te relâche, c’est avec honte que tu détournes le regard et que tu essuies ton visage. Tu étais un adulte. Tu n’es plus un enfant et pleurer d’une telle façon était quelque peu embarrassant. Même si ça faisait du bien. Tu lui affichas un sourire. Un contraste avec ces marques laissées par tes larmes. Tu reprenais calmement ta respiration, après tout, il faut laisser un certain temps pour ton cœur. Pour qu’il arrête de faire le tambour. Pour qu’il se sente moins lourd. Un long soupir…

« Désolé, j’ai craqué. »

Silencieusement, tu écoutais les paroles de Liv. Elle voyait en toi l’enfant qu’elle avait perdu. Elle se disait que s’il était encore là aujourd’hui… Tu le verrais sans doute comme un petit frère. Tu n’avais aucun doute là-dessus. Tu ne pouvais pas vraiment comparer ta mère et la jeune femme. Elles étaient différentes, sur bien des points. Mais sa présence te la rappelait malgré tout. Peut-être justement, parce que tu reconnais le regard d’une mère. Tu comprenais mieux, pourquoi tu avais cette impression avec Liv… Oui… Tout était plus clair désormais…

« J’avais remarqué que tu essayais de prendre soin de moi… Et… Tu me regardes comme le ferait une mère parfois… J’avais donc des doutes, c’est pour cela que j’ai posé la question… Tu sais… Les Beasts sont une famille… C’est normal de prendre soin des autres. Et… Et du coup… Je veux bien te laisser prendre soin de moi, mais, laisse-moi faire de même.»

Un sourire. De la douceur. Tu te replaces à ses côtés. Reprenant tranquillement la marche.

« Merci Liv… De m’avoir raconté, et de m’avoir écouté. »

Vous vous étiez confiés. Pour la première fois. Ce n’était pas rien pour toi. C’était significatif, surtout avec quelqu’un comme elle. Elle peut paraître un peu distante avec les autres, mais tu sens que tu te rapproches petit à petit d’elle. Que vos liens se renforcent.

Tu ne pouvais pas tout dire. Tu ne pouvais pas tout avouer. Isaac était le seul à connaître tout ton passé. Ce passé sale que tu méprisais. Dont tu étais si peu fier… Mais parler de quelques trucs qui pèsent sur ton cœur… Ça aide, c’est vrai. Ça soulageait un peu. Tu préférais ne pas plus parler. Ne pas trop en rajouter. Si Liv te voyait vraiment comme un fils… Si tu lui disais tout ce que tu as vécu… Tu ne savais pas comment elle allait réagir… Comment elle te verrait après. Sa rage deviendrait plus forte. Elle voudra porter aussi ton poids… Ce serait trop… Tu ne pouvais pas te le permettre. Tu n’en avais pas le courage pour le moment. Pas l’envie en l’instant. Tu ressentais une certaine culpabilité. Elle qui s’était ouverte à toi… Au final, tu restais bien secret… Tant pis. Chaque chose en son temps pas vrai ?

Peut-être un jour y arriveras-tu.
À complètement te confier à elle.
Peut-être.

De nouveau le sourire aux lèvres, comme si tu avais tout balayé en un instant. Tu étais touché par sa demande. Le fait qu’elle veuille veiller sur toi. Pourtant, tu devais faire de même pas vrai ? Tu refusais l’impuissance. Tu l’avais déjà trop vécue. Trop supporter. Mais tu n’arrivais pas à l’avaler. Tu n’en seras jamais capable. Avec ta mère. Avec ce noble. Avec le festival… C’était déjà trop pour toi… Tu ne voulais plus perdre un proche. Tu ne voulais plus te sentir aussi faible. Être regardé de haut. Être regardé comme une merde… Comme t’avais regardé ton père. Tu ne veux plus qu’on rit à ton visage. Et tu veux être apte de protéger les autres. Tu veux qu’on puisse compter sur toi… Depuis que tu as rejoint les Beasts, tu sens que tu t’améliores.

Mais ce ne sera jamais assez pas vrai ?

« Je peux comprendre que perdre une nouvelle fois un fils, ce soit dur. Je peux comprendre que tu veuilles que je protège ma vie d’abord… Mais je n’en serais pas capable. Parce que moi aussi, je ne peux plus supporter une telle impuissance. »

Un sourire perturbant.

« C’est trop me demander. »

Tu détournes le regard. Un peu plus sérieux. Toujours avec ce rictus.

« Tant pis si le pays brûle… Au moins, mon père connaîtra les flammes de l’Enfer. »

Tant pis si tu meurs. Tu n’es même pas sûr de mériter ta place dans ce monde. Ce qui t’embêterait, c’est qu’un ami, une personne à qui tu tiens meurs dans le tas. Tu préférerais éviter quand même. Tu restais un adulte malgré tout. Tu restais un jeune homme qui avait grandi depuis. Qui n’hésitait pas à dire ce qu’il pense. Tu avais préféré être honnête là-dessus. Lui dire à cœur ouvert ce que tu penses. Tu n’avais pas oublié de la remercier bien sûr. Tu avais repris ta marche l’air de rien et pourtant, l’esprit un peu plus clair.

« J’essayerais de venir me confier alors… »

Même si tu ne diras pas tout.

« Bon, on devrait se dépêcher non ? On va prendre du retard et on a tout un repas à préparer encore ! »

Un petit rire. Tu étais vraiment dérangé, pas vrai ? Tu étais véritablement blessé. Peut-être détraqué. Pour sourire ainsi. C’est juste que tu avais trouvé la façon de te libérer. C’est juste que tu avais trouvé des gens qui ne sont pas différents… C’est parce que tu es libre. Libre et pourtant enchaîné à ton passé...

C’était agréable de s’être senti écouté. D’avoir écouté. Agréable de savoir qu’on a quelqu’un sur qui compter. Savoir que, même si elle te voyait un peu comme son fils disparu. Comme un enfant d’une certaine façon… Elle n’oubliait pas que tu étais toi aussi un mercenaire. Un jeune homme dans la vingtaine. Un assassin. Elle acceptait que toi aussi, tu couvres ses arrières. Elle te comprenait d’une certaine façon et cela faisait du bien. Mais après cette discussion un peu sérieuse. Ce rappel de souvenirs douloureux. Cette plaie béante que tu avais rouverte pour lui avouer quelques mots. Vous aviez tous les deux décidé de vous reconcentrer sur votre petite mission. Aller chercher des ingrédients pour préparer à manger. Tu retrouvais ton sourire. Un vrai sourire. Une douceur. Une joie.

Tu exprimais un petit rire en l’écoutant.
Tu sentais un peu plus serein.
Bien que le cœur saignant encore.

Ton regard se portait sur les étals de fruits et de légumes. Tu observais, tu te posais des questions. Une réflexion intense sur quoi prendre. Tu comptais demander à Liv si elle n’avait pas envie de quelque chose, mais, finalement, c’était à toi que revenait ce choix. Elle te disait même de prendre quelques fruits si tu en voulais pour le chemin. Elle proposait quelques pommes, pour Gaius, le grand gourmand du groupe. Tu savais que Liv se montrait encore méfiante envers le rouquin, néanmoins, elle avait pensé à lui malgré tout. Cela ne pouvait qu’agrandir ce rictus sur ton visage.

« En effet, on devrait prendre des pommes ! Hmm… Pour les légumes, je vais prendre le plus basique pour un ragoût. Des pommes de terre. Des carottes et… De l’ail… Hmmm… Ah, je vais prendre des fines herbes aussi ! Et… Je vais prendre un peu de mûres. Juste pour rajouter un peu de goût, c’est tentant. Ou bien, je pourrais faire un dessert pour accompagner… »

Tu étais vraiment à fond pas vrai ? Tu parlais avec passion. Tu t’imaginais rendre heureux tes compagnons. Tu le désirais… Et cette simple pensée suffisait à te sentir bien. Néanmoins, il y avait de plus en plus de gens. Si toi, cela ne te dérangeait pas, Liv n’était pas pareille. Tu pouvais la comprendre et tu n’avais aucune raison de lui en vouloir pour ça.

« Oui ! Je vais acheter les bonnes quantités et on pourra y aller. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Tu prends les ingrédients et après avoir donné l’argent au marchand, tu reposes tes yeux sur ta camarade.

« On peut y aller ! »

Tu détournes un peu le regard cependant.

« Par contre… Il y avait une promotion sur les pommes de terre…. Je n'ai pas pu résister donc, je crois que j’ai pris un peu trop niveau quantité... »

Tu as vécu la pauvreté. Le manque d’argent, de nourriture. Tu as été abandonné dans les rues. À sentir la Mort trop proche tandis que tu luttais pour avoir un morceau de pain, un peu d’aide, un endroit où on t’offrirait un verre. Lorsque tu vois des promotions, tu as souvent du mal à résister. Tu espérais juste ne pas avoir trop abusé sans le vouloir. Parfois, ton esprit divague et à la fin, tu en prends pour tout un régiment. C’était un peu gênant de l’avouer, pourtant, Liv te rassure en te disant que cela ferait des réserves.

« Ahah tu n’as pas tort… Et puis c’est bon les pommes de terre et ça se cuisine de plein de manières. »

Elle saisit alors un sac de provisions, et c’est tranquillement que tu la suis, l’air joyeux, presque chantonnant. Le paysage était agréable pour les yeux, et c’est avec un sourire que tu observais les alentours, que tu ressentais le vent caresser ta peau. Tu sentais ton esprit un peu plus tranquille. Tu soufflais un peu. Tu en avais peut-être besoin. Les récents événements, les récentes pertes, sont encore profondément ancrés en toi… Tu devrais remercier Liv. Néanmoins, elle te pose une question qui t’arrête net.

Doutait-elle ?
Croyait-elle vraiment que tu n’étais pas bien leur présence ?
Ou bien, c’était juste une curiosité sur le moment ?

Tu ne savais pas la raison d’une telle question, cependant, tu comptais bien lui répondre honnêtement.

« Ne t’en fais pas, je le suis. »

Un doux sourire peint ton visage.

« Vraiment. »

Tu poses ton regard sur elle.

« Tu sais Liv, avec vous, je me sens compris. Vous éprouvez la même haine que moi envers les nobles. Vous ne trouvez pas, cela étrange que je prenne du plaisir à tuer. Je me sens accepté pour ce que je suis… Pour moi, vous n’êtes pas tant difficiles à vivre, au contraire. Chaque jour à vos côtés m’apporte beaucoup de joie. Et puis je sais que je suis jeune, mais je ne suis pas non plus un enfant. De toute façon, je suis habitué à traîner avec des gens plus âgés. »

Un petit rire s’échappe de tes lèvres.

« Pour moi avant, tout, vous êtes ma nouvelle famille. Isaac est probablement comme un père pour moi et toi un peu comme une mère...»

Ah. Voilà un petit secret s’était évadé. C’était un peu embarrassant de le dire comme ça et ça se voyait sur ton visage.

« Ahah… E-Enfin… Voilà ! Je me sens vraiment bien, faut pas s’en faire ! »