Sing to me

par **Tarek Ramses** 01/11/22, 06:06 pm

Avril 1551

Il n’a pas réfléchi, tout simplement.

Il sait pourtant que les relations entre Djinn et Kanagawa sont fragiles, il le sait très bien. Et pourtant, ce sont bien les terres de Kanagawa qui se dressent devant ses yeux dorés. Cette terre complètement inconnue et hostile pour lui.
Mais il est ici, envers et contre tout.

Pour autant, il n’a pas voulu se présenter sur les terres de la Shogun sans montrer patte blanche. Il ne manquerait plus qu’il frise l’incident diplomatique pour une simple visite.
Tarek ne souhaite aucunement déranger la famille impériale et encore moins faire le touriste comme l’a pu faire son frère aîné il y a quelques mois de cela.

Non, il souhaite simplement retrouver son amie.
Il en manque cruellement.

Lorsque Geb est revenu de son voyage sur le territoire de Kanagawa, il n’a pas omis de mentionner et de décrire sa guide. Et ce fut comme une évidence pour Tarek, une claque remuant la surface trop lisse de ses souvenirs. Un visage s’imposant à son esprit, un timbre de voix, une écriture soignée.

Chang’e.

Une rencontre faite lorsqu’il n’avait encore que huit ans, lors de son enseignement d’Akielos. Une jeune fille qu’il avait appris à connaître malgré un comportement plutôt colérique. Une personne avec qui il avait gardé contact pendant un temps, par voie épistolaire, avant que leur vie respective ne les rattrape.

Et pourtant, après le décès de sa mère, dans un geste un peu désespéré et bien qu’il n’avait plus de nouvelles -ni n’en donnait- Tarek avait envoyé une lettre à Chang’e.
Il n’espérait pas de réponse, avait simplement besoin de coucher sur papier toute sa tristesse face au décès prématuré et tragique de sa mère.
Qu’elle ne fut pas sa surprise de la voir répondre.

Et dans un ton bien plus doux que dans les précédentes lettres.
Il avait besoin de la revoir. Mais où était-elle ?

Son regard s’attarde sur la végétation bien plus dense et diversifiée qu’à Djinn. Ces longues tiges qu’on lui indique être des bambous semblent aussi solides que le bois malgré leur apparence. Il se demande même si ça peut servir de combustible, mais il semblerait que ce soit plutôt du domaine de la construction, voir du comestible.
Comment peut-on manger ces grandes tiges ? En salade ?

Il arrive enfin devant un domaine qu’on lui indique être sa destination finale.
Le prince émet quelques réserves quant à la structure des bâtiments ; il n’a guère eu le temps, jusqu’à présent, de s’attarder sur les détails de l’architecture de Kanagawa, bien qu’il ait déjà lu quelques ouvrages à ce sujet.

Le climat plus tempéré qu’à Djinn le contraint à porter une sorte de manteau à manches longues ainsi qu’une sorte de chapeau large et peu pointu composé de paille. A moins que ce ne soit du bambou ? Il ne sait plus vraiment. Toujours est-il que, lorsqu’on lui demande de patienter ici, il prend le temps de retirer ce galurin qui doit certainement lui donner une tête d’idiot.

Il est nerveux, et il ne sait pas pourquoi.
Peut-être parce qu’il s’est pointé sans prévenir. Et qu’il ne tombera peut-être pas sur Chang’e. Si ça se trouve, c’est un physique commun, à Kanagawa. Il se gratte la tête, soupirant avant de faire les cent pas.

Et il la voit alors.
Depuis combien de temps est-elle là ? Il n’a rien entendu. Il cligne des yeux, pris de cours.

— …Chang’e ?

Elle a changé, mais c’est bien elle. Difficile d’oublier des yeux comme les siens.
Si, enfant, il l’avait trouvé très jolie, force est de constater qu’elle est devenue une femme magnifique. Ce qui le laisse sans voix quelques secondes de trop. Il se racle la gorge et se masse la nuque.

— On… on était ensemble à Akielos il y a une quinzaine d’années environ… Il baisse un peu les yeux. J’ai… envoyé une lettre après le décès de ma mère et… enfin…

Il est tout gêné.

SING TO ME, SING TO ME LANDS FAR AWAY

cactus

par **Chang'e Xingzuò** 01/11/22, 09:48 pm

Sing to me

I'll travel far and wide, and journey on until every last page is filled.

Flash-Back Avril 1551, Domaine de Chang'e, Daishan (Kanagawa)

C'était un jour comme les autres. Un jour que tu passes en toute insouciance dans ta demeure, auprès de tes trois précieux disciples. D'ailleurs, ces derniers semblent en ce moment extrêmement concentré sur leurs peintures individuelles. Tu es censé les éduquer à devenir des guerriers, pourtant tu n'arriveras jamais à leur refuser leurs multiples naïves d'apprendre les quatre arts de l'érudit. Naïve, car ils ne le demandent pas nécessité culturelle, mais tout simplement pour s'amuser et un peu monopoliser ton attention.

Certains trouveraient cela aberrant que tu apprennes un domaine réservé aux Nobles, mais c'est plutôt toi qui trouve cela illogique de priver des enfants d'une éducation adéquate juste par rapport à leur rang dans la société. Donc qu'importe que tes disciples soient orphelins, qu'ils soient d'origine roturière ou bien d'autre... S'ils veulent savoir lire et écrire, s'ils veulent apprendre la calligraphie, la peinture, le Weiqi ou encore le Guquin, alors tu leurs partageras ton savoir dans ces sujets sans la moindre hésitation.

Tu les observes s'affairer, se concentrer autant que possible. Tes lèvres abordent un doux sourire, attendrie par la scène face à toi. On te dit souvent que tu couves trop tes élèves et c'est peut-être, voir très certainement, le cas. Mais ces petits n'avaient plus personne vers qui se tourner, n'avaient plus de famille pour les protéger, n'avaient plus d'endroit pouvant être considéré comme une maison... Est-ce trop de ta part de vouloir les garder près de toi et de les chérir ?

Tu n'es peut-être pas leur mère, mais tu es leur Maître. Et dans tous les cas, cela te donne la responsabilité de les protéger et de mener à bien à leur éducation.

Les aimer avec tendresse n'est qu'un plus de ta part.
Une tendresse que tu n'exprimes que depuis peu.

▬ Une fois que vous avez terminé, déposez-les dans la cour pour qu'ils sèchent au soleil. N'oubliez pas le mettre des pierres pour éviter que le vent ne les emporte. Vous avez quartier libre après ça.

▬ Oui, Maître !

Disent-ils en cœur, avec leur enthousiasme habituelle. Comment ne pas lâcher un sourire devant leur joie et leur insouciance ? Tu les regardes quitter leur bureau respectif et prendre un pas rapide jusqu'à l'extérieur - chacun avec leur chef d'œuvre en main. Pendant ce temps, tu prends soin de bien ranger le matériel de ce cours. Il serait dommage de perdre des encres ou d'abîmer des pinceaux par exemple. Il faut traiter avec respect chaque objet... De quoi te faire rire.

Tu es devenue une personne si différente de celle que tu étais auparavant. An Mòhei n'était pas connue pour son caractère serein, elle n'était pas perçue comme une personne douce. Elle était aussi de très loin celle qui prenait le moins soin des objets à cause de ses piques de colère. Sa violence finissant toujours par endommager ou détruire ce qu'elle avait sous la main.

Mais tu n'es plus comme ça.
Tu as changé, tu as grandi.

Même s'il y a eu des aspects de la vie d'An Mòhei que tu tentes de garder précieusement malgré les années, malgré les aléas de la vie. Un lien des plus précieux.

▬ Maîtreeee ! Il y a quelqu'un, je crois !

Tu observes étonnée la boule d'énergie qui apparaît dans le cadrant de la porte de la salle de cours. Il ne te semblait avoir de visites prévues pour aujourd'hui, mais bon, il va falloir que tu jettes un coup d'œil à cela. Tu laisses ce que tu étais en train de faire de côté et te diriges jusqu'à l'extérieur du domaine. Tu fais très vite face à la personne dont ton disciple t'as mentionné.

Tu es d'abord plutôt confuse devant les traits familiers qui te font face, incertaine de si ton esprit ou tes yeux ne te joueraient pas des tours. Mais devant les premières paroles prononcées, plus aucun doute n'est permis. Cette personne est bien celui que tu penses.

À cela, ton visage s'illumine, un sourire grand comme le monde apparaît sur tes lèvres.

▬ Oh mon Soma ! Ca fait si longtemps, Tarek !

Tu n'as pas pu retenir ce petit et instinctif appel à Soma devant cette rencontre inattendue, devant la sincère joie que cela t'apporte. Sans hésiter, tu te rapproches de ton précieux ami d'enfance. Et tu te permets de l'observer brièvement, après tout il n'était encore qu'un enfant la dernière fois que tu l'avais vu. Mais aussi, tu cherches à voir s'il va bien, s'il prend bien soin de lui. Après tout la dernière lettre que tu avais eu, parlant de la mort de sa mère, t'avais inquiété.

▬ Comment vas-tu ?

Après la joie et l'euphorie du moment, tout redescend pour laisser place à ta fameuse douceur.

Feat. Tarek

— gitano;

par **Tarek Ramses** 02/11/22, 09:14 pm

Elle sourit, et il se sent encore plus nerveux.
Aussi loin que sa mémoire puisse remonter, il n’a aucun souvenir d’avoir vu une telle douceur sur ses traits. Et ça fait tellement écho à sa dernière lettre ; douce, tendre.

Il ne sait plus où se mettre, ses doigts crispés sur son chapeau d’emprunt. Son regard doré scrute Chang’e alors qu’elle se rapproche. Elle est plus petite que dans ses souvenirs. A moins que ce ne soit lui qui ait beaucoup grandi. Sans doute une hypothèse plus probable.
Elle semble heureuse de le voir et il ne peut qu’en rougir.

Il n’aurait jamais pensé susciter ce genre de réaction chez qui que ce soit.
A sa question, il revient à la réalité et se racle un peu la gorge. Un peu de concentration, Tarek.

— Oh je… je vais bien. Enfin j’imagine. Il hausse les épaules. Quand s’est-il seulement senti bien ? Il a oublié. Tarek a passé tant d’années à haïr son frère, à l’attaquer dès que l’occasion se présentait. Il ne souvient plus de la dernière fois où il s’est dit qu’il était heureux. Aussi bien que possible après un voyage en bateau depuis Djinn... Et toi ?

Il tente un sourire avant que son regard ne s’attarde sur son visage.
Elle n’a plus rien de l’enfant pleine de colère qu’il a connu. Ses traits sont détendus, apaisés. C’est avec ironie qu’il réalise que les rôles sont désormais inversés. Elle est calme, et lui en colère. Un sentiment qui prend sa source dans bien des évènements.

— Tu es très… Belle. Enfin tu as l’air en forme.

Il regarde autour de lui.
Le domaine dans lequel il se trouve est emprunt de cet étrange sentiment de plénitude, de sérénité. Il ne s’attendait pas vraiment à ce genre d’ambiance.
C’est donc d’un œil un peu curieux qu’il regarde ici et là, essayant de comprendre le but de cet endroit. En vain.

Il n’ose pas vraiment se déplacer pour aller voir certaines choses de plus près.
Dans le fond, il ne connaît pas vraiment par cœur toutes les coutumes de Kanagawa. Ce qu’on apprend dans les livres n’est parfois pas suffisant. Toujours allier la pratique à la théorie, et on retient plus aisément les choses.
Mais il aimerait comprendre.

— Qu’est-ce que tu fais ici, Chang’e ? Est-ce que c’est vraiment chez toi ? Il tend déjà les mains devant lui en se rendant compte que ses questions sont mal tournées. J-je veux dire… tu… tu n’es plus Maître d’Art Martial ?

SING TO ME, SING TO ME LANDS FAR AWAY

cactus

par **Chang'e Xingzuò** 04/11/22, 05:36 pm

Sing to me

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Flash-Back Avril 1551, Domaine de Chang'e, Daishan (Kanagawa)

Tu observes, attendrie, les réactions de Tarek. Tu n'avais pas souvenir qu'il était ainsi - à la fois des plus expressifs, mais aussi plutôt réservé. Tu ne saurais pas vraiment l'expliquer, mais ce serait comme une sorte de livre ouvert, mais dont les mots inscrits y seraient timides ? Est-ce que ce la fait au moins du sens ? Bah, cela ne change rien du fait que tu es heureuse de ces retrouvailles imprévues. On peut dire que tu rayonnes.

Tu ne peux t'empêcher de rire doucement à sa réponse presque timide, vos rôles respectifs sont si différents depuis votre dernière rencontre. On peut dire que cela te surprend sur le moment, mais cela ne te dérange pas. Chacun a évolué et a grandi de son propre côté et a vécu ses propres expériences.

Mais bon, après ce tendre rire, tu luis réponds.

▬ Même si je commence à prendre un petit peu de l'âge, je reste en forme oui. Oh, mais tu dois être épuisé par tout ce voyage, non ?

Finis-tu par exprimer avec une légère inquiétude, il ne faudrait pas que tu l'accueilles mal. Cela serait un comble pour à la fois ta politesse d'hôtesse, mais aussi pour ton rôle de bonne amie. Ainsi, tu étais sur le point de l'inviter à te suivre dans ton domaine, mais le jeune homme te dépasse avec sa question. Et tu es un peu confuse, alors que ton regard passe de ta demeure à Tarek, de Tarek à ta demeure. Tu es perplexe.

▬ C'est chez moi oui, du moins c'était la demeure de l'ancien Maître du Loup. Mais puisqu'il a fait son Ascension il y a quelques années et que j'ai hérité de son titre, c'est devenu mon domaine.

Cela peut sembler compliqué pour ceux qui n'ont pas les notions des Clans martiaux et des remises de titres, donc tu n'entres pas dans les détails.

▬ Et je suis toujours l'actuelle Maître de l'Art Martial du Loup, c'est juste que contrairement à mes pairs, j'ai des disciples sous ma charge et ma protection... Je pense que tu les vois d'ailleurs.

Dis-tu en pointant machinalement du pouce derrière toi, certaine que tes élèves sont en train de vous épier. Tu dirais même qu'ils sont tous les trois collés derrière le pas de la porte du domaine à vous observer, laissant sûrement entrevoir trois petites têtes qui dépassent assez pour voir leur tête respective. Tu n'as même pas besoin de vérifier, tu commences à beaucoup trop bien connaître ses adorables canailles.

Mais bon, tu ne perds pas plus de temps sur cette étrange question par rapport à ta demeure et prend doucement la main de l'homme pour le guider à l'intérieur. Vous serez d'ailleurs très vite suivi par les trois canetons qui te servent d'élèves.

▬ Viens, autant se poser à une table autour d'un bon thé. Surtout qu'il y aura des quelques petites présentations à faire, je pense.

Dis-tu d'un ton amusé.
Aussi bien à l'encontre de Tarek que pour tes disciples.

Feat. Tarek

— gitano;

par **Tarek Ramses** 05/11/22, 06:53 pm

Elle rit, et cette mélodie lui est semblable à un doux chant dans ses oreilles.
Il est surpris de la voir si sereine, si légère, comme une douce brise. Il déglutit légèrement alors qu’il sent ses joues s’empourprer à mesure que cette divine vision vienne remplacer tous les souvenirs qu’il avait de Chang’e telle qu’il l’avait connue. Il se racle la gorge dans l’espoir de se redonner une contenance et l’écoute avec attention.

Sa réaction au sujet du domaine l’interpelle et il comprend qu’il a assurément mal formulé sa question. Le voilà embarrassé à l’idée qu’elle se fasse des idées. Il se masse la nuque, cherchant déjà ses mots pour lui expliquer qu’il n’a pas voulu paraître irrespectueux ou qu’il ne voulait en aucun cas critiquer les lieux. Ils sont d’une beauté à couper le souffle, bien que ce ne soit clairement pas ce qui soit le plus ravissant ici.

Mais elle évoque soudain ses disciples, les indiquant d’un petit signe de la main.
Il redresse la tête, regardant derrière elle pour apercevoir trois petites têtes. Tarek cligne des yeux, à la fois surpris et curieux. Ont-ils si peu de visite pour qu’ils en viennent à les épier ? Ou est-ce plutôt son origine qui suscite leur curiosité ?

Tarek n’a jamais vraiment été source d’intérêt ou de curiosité.
Chez lui, il se font naturellement dans le décor, mais il ne se distingue pas particulièrement des autres. Toute l’attention est tournée vers Geb. L’héritier, le seul qui importe réellement. Tarek n’apporte rien, contrairement à Tahira par exemple. Lui, il a beau donner son avis, sa vision des choses, Geb ne l’écoute jamais, ne donne jamais de crédit à ses discours.
Il vit dans son ombre.

Alors être dans la lumière, pour cette fois, ça lui laisse un étrange sentiment d’importance. Même si ce n’est que probablement factice et temporaire. Pas très au fait de la manière de saluer les disciples d’un Maître, il hoche la tête, courbant légèrement le dos pour dire bonjour aux trois enfants plus loin.

Et Chang’e prend alors sa main.
Il cligne des yeux, se laissant entraîner alors qu’il sent son cœur manquer un battement. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’on lui prend la main, même si cela reste très rare. Et même s’il ne s’y attendait pas, il est surpris par la douceur de sa main, de son geste.
Tant de petites choses qui brisent la carapace du prince de Djinn.

Il suit donc Chang’e sans émettre de résistance, son regard tombant sur sa main dans la sienne. C’est vraiment une sensation étrange, à la fois douce et chaleureuse. Depuis combien de temps n’a-t-il pas eu droit à de telles attentions ? Probablement depuis la mort de sa mère qui était toujours très tendre avec lui, comme avec le reste de la fratrie.

Mécaniquement, sa main se referme autour de celle de Chang’e.
Il a mal au cœur, c’est vrai. C’est une douleur dont il ne pourra probablement jamais se défaire, mais il est content de pouvoir retrouver son amie d’enfance. Et de voir la femme qu’elle est devenue, il ne peut qu’en être rassuré.
Voir que la colère l’a quittée l’apaise quelque part quant à sa situation.

Quand est-ce qu’il ne sera plus en colère, lui ?

— Je… je ne suis pas un fin connaisseur de thé. On peut même dire que je n’y connais rien en soit. Il fait une petite moue embarrassée. J’espère que tes disciples ne vont pas penser que tes amis sont… mal éduqués.

Même s’il est évident qu’il n’est pas natif de Kanagawa.
En soit, peut-être que ses disciples auront des à priori sur lui du fait de ses origines, et qu’il est de notoriété commune que Kanagawa et Djinn ne s’entendent pas vraiment bien.

— Mais je serais ravi de partager un thé avec toi. Légère pause. E-et eux, bien entendu.

Soudain, un élément te vient en tête et tu cherches les disciples du regard qui suivent Chang’e comme des canetons leur mère. Il penche la tête sur le côté.

— Chang’e… est-ce que… enfin, je ne t’ai pas interrompue en plein enseignement, rassure-moi ? Je… j’aurais dû te prévenir de mon arrivée mais… c’est vrai que je suis parti sous un coup de tête en réalité… Il se sent rougir à nouveau et détourne encore une fois la tête pour ne pas avoir à affronter la douce profondeur de ses yeux. Je voulais te revoir.

Il en avait vraiment besoin après tout ce temps.

SING TO ME, SING TO ME LANDS FAR AWAY

cactus

par **Chang'e Xingzuò** 10/01/23, 12:16 am

Sing to me

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Flash-Back Avril 1551, Domaine de Chang'e, Daishan (Kanagawa)

Tu ne peux t'empêcher de pouffer devant les inquiétudes de Tarek vis-à-vis de tes trois disciples. Ce n'est pas contre eux, mais tu es certaine que ton ami est infiniment plus éduqué que les trois garnements réunis. Rien de médisant, tu n'oserais jamais.

Mais les faits que sont les années d'expérience et le milieu de vie jouent un immense rôle. Tes protégés sont encore jeunes et n'ayant eu le droit à des enseignements lettrés que depuis peu - depuis qu'ils sont sous ta garde pour être exacte. Kanagawa n'est pas Djinn après tout. L'accès à l'éducation, surtout érudit, est bien moins équitable. Normalement, des jeunes orphelins comme eux ne devraient pas pouvoir apprendre ce genre de choses. Normalement, tu ne devrais même pas leur inculquer d'autre chose que les arts martiaux. Mais pourtant, les voici. À apprendre progressivement à lire et à lire. À se familiariser avec la musique, la peinture, la calligraphie et la stratégie.

C'est un exploit que tu ne peux que chérir.

▬ Oh, ils n'oseront jamais je pense, et je dirais même que c'est à moi de m'excuser par avance. Ils risquent d'être affreusement curieux à ton sujet, il est donc possible qu'ils en oublient les cours d'étiquette que je leur ai appris il y a peu.

Le ton que tu emploies est amusé, mais aussi quelque peu désolée d'avance. Tu sais à quel point tes élèves peuvent être surénergique quand ils le veulent, encore plus quand ils se mettent tous les trois ensemble sur quelque chose. De véritables canailles.

Ah, le jeune prince de Djinn semble encore pris d'inquiétude. Un thé lui fera réellement du bien, au moins pour l'aider à un peu se détendre. Tu tentes donc de le rassurer à ce nouveau sujet :

▬ Tu n'as rien interrompu, si cela peut apaiser tes craintes. Ils étaient en train de mettre à sécher leur chef d'œuvre lorsque tu es arrivé - d'ailleurs, ils seront certainement très enthousiaste de te les montrer une fois sec. Mais Tarek...

Tu serres un peu ta main, tenant toujours la sienne. Alors que l'autre se pose sur une de ses épaules, tu offres un tendre sourire qui se veut rassurant.

▬ Tu n'as pas à avoir la moindre inquiétude ici. Qu'importe les nombreuses années qui ont séparé notre dernière rencontre et qu'importe le flot des différents événements qui ont réduit nos contacts, cela ne change pas l'importance que tu as pour moi. Cet endroit est ma demeure, un lieu ouvert à ceux que je protège et je chéris...

Tu marques une légère pause, comme te demandant si tu devais élaborer ou non. Mais vu le comportement quelque peu tendu du jeune homme, tu te sens obligée de dire ce qui te semble pour toi si logique.

▬ Tu fais parti de ceux que je veux protéger et chérir, alors... Détends-toi et sois juste toi-même, d'accord ? Profites d'être en ce lieu, profites de nos retrouvailles, profites de ces nouvelles têtes qui souhaitent te connaître. Je désire que tu gardes un bon souvenir de cette visite... Et que cela te donne l'envie de revenir pour de prochaines fois.

C'était peut-être trop avare de ta part de souhaiter ça.
Mais tu tentes quand même ta chance.

Tu es heureuse de cet événement inattendu, de cette visite. Et tu souhaites réellement que ce ne sera pas l'unique fois, qu'il y en aura d'autres.

Feat. Tarek

— gitano;

par **Tarek Ramses** 21/01/23, 11:25 pm

Elle émet un rire à nouveau et, cette fois, il pourrait jurer que quelque chose ne tourne pas rond chez lui. Est-ce l’altitude qui le rend aussi fébrile ? Il est évident qu’en altitude, l’oxygène vient à manquer et que cela est néfaste, à long terme, pour le métabolisme.
Mais est-ce vraiment les conditions géographiques qui font s’agiter son palpitant de manière irrégulière ? Ou tout simplement Chang’e ?

Par Lotienix, que se passe-t-il ?

— Curieux à mon sujet… ?

Tarek glisse un regard vers les jeunes disciples de son amie, essayant de peser la véracité des propos de Chang’e. Il n’a jamais suscité un tel intérêt auprès des enfants, en règle générale. Après tout, ce n’est pas tellement les enfants qui sont les plus nombreux au palais ; il n’a jamais vraiment eu d’échanges avec ces derniers.
Ceux qu’il voit le plus souvent sont ceux du village où se trouve la ferme de Wyvernes où il se rend toujours.

— E-eh bien… je serais ravi et honoré de répondre à leurs questions…

Sa main accentue la pression sur la sienne, et l’autre se pose sur son épaule. Il ne peut que rougir de ce contact supplémentaire alors que son cœur s’emballe de plus belle. Il déglutit alors que la jeune femme tend à le rassurer. Sa douceur et sa bienveillance sont un remède contre ses doutes, ses sombres pensées.

Une douce lumière qui chasse les ténèbres de son âme, de son cœur.

Par Lotienix, que se passe-t-il ?

Son regard scrute le visage de Chang’e, comme pour mémoriser chaque infime détail d’elle avant que ne sonne l’heure de son départ. Il l’écoute naturellement en parallèle et, là encore, ne peut s’empêcher de rougir, plus violemment, lorsqu’elle déclare qu’il fait parti des personnes qu’elle chérit.

— Chang’e… je…

Un sourire étire ses lèvres, dévoilant ses petites fossettes alors qu’il prend doucement la main de son interlocutrice. Il sait que c’est un geste un peu présomptueux mais il s’y soumet malgré tout, parce que ses mots ont été si forts qu’il ne peut qu’y répondre.

— Je compte bien revenir puisque tu m’y autorises. Et aussi parce que je ne veux plus laisser les années s’installer entre nos retrouvailles. Son pouce glisse mécaniquement sur ses phalanges alors que son regard ne quitte pas le sien. Parce que tu es également une personne que je chéris de tout mon être. Sache que si le cœur t’en dit, tu es également la bienvenue chez moi. Toi autant que tes élèves.

Il ne réalise pas depuis combien de temps il emprisonne la main de la jeune femme, mais quand c’est le cas, son regard glisse sur leurs mains avant qu’il ne la libère. Lentement. Presque à regret.

— Sois assurée que je garderai un excellent souvenir de ce voyage… Légère pause, retour à la réalité. Il se racle un peu la gorge. Alors… ce thé que tu veux me faire goûter ? Puis-je t’aider à le préparer ?

SING TO ME, SING TO ME LANDS FAR AWAY

cactus

par **Chang'e Xingzuò** 26/01/23, 03:42 pm

Sing to me

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Flash-Back Avril 1551, Domaine de Chang'e, Daishan (Kanagawa)

Au fil que les mots de Tarek te viennent aux oreilles, le sourire actuellement présent sur tes lèvres s'élargit progressivement. Il y a aussi de timides teintes qui se forment sur tes joues, significatif de ta joie en ce moment présent. Tu sens presque comme une forme d'ivresse. Faisant que tu prends quelques secondes avant de répondre à la proposition du jeune homme.

▬ Je garderai ça à l'esprit pour le jour où nos pas fouleront les terres de Djinn dans ce cas. Mais ce sera un immense plaisir, je t'en remercie.

Tu peux entendre un trio d'exclamations derrière vous, peu discrets même si tu te doutes qu'ils ont essayé de l'être. Il semblerait que la simple idée de voyager, et possiblement d'aller chez un Prince, les excitent et leur donnent des idées et des rêves pleins la tête. Ils commencent même à échanger des messes-basses impatientes suite à ta phrase. Tu ris de manière tendre devant leurs réaction, avant de reporter ton attention vers ton ami d'enfance. Toujours aussi enjouée.

▬ On peut aller faire ce thé, oui. Suis-moi, ça me permettra de te faire aussi un peu visiter les lieux.

Dis-tu alors que tu l'entraînes loin de la cours extérieur pour vous perdre dans les divers couloirs et pavillons qui traversent ton Domaine. Tu prends ton temps à expliquer chaque endroit que vous côtoyez durant votre passage, emprunte de cette pédagogie que tu n'as développé que depuis un an.

Le lieu est vaste, mais avec plusieurs salles cherchant à avoir une fonction. Ton Maître avait porté peu d'importance à cette bâtisse, utilisant la majorité de pièces comme débarras... Ou pour y cacher certains corps temporairement aussi. Mais tu n'es pas ~~plus~~ ton Maître, donc cela fait plusieurs années que tu te démènes pour donner de la vie à cet endroit. Que ce soit pour toi que pour tes protégés. Chacun de tes disciples à sa propre chambre. Il y en a techniquement même une pour Ozora, mais elle est peu utilisée.

Il y a aussi diverses salles d'études et deux dojos. Cela peut sembler inutile d'avoir plusieurs salles similaires, mais... Tu as beaucoup trop de places à exploiter, donc tu as commencé à jouer sur les utilités. Et dans un sens, cela permet aussi un aspect pratique. Les instruments de musiques restent dans la salle pour apprendre la musique. Le matériel pour peindre reste dans la salle de peinture. Et bien d'autres...

▬ Vu la place, je pense qu'on pourra te créer une petite chambre aussi. Tu en penses quoi ?

Demandes-tu à Tarek, d'un ton plutôt amusé. Comme t'attendant à ce que la proposition le gêne ou provoque une réaction plus ou moins similaire.

Après tout ça, vous arrivez enfin dans l'espace pour la cuisine. Étrangement d'un point de vue extérieur, l'endroit semble bien plus neuf que le reste. Comme restauré ou réparé il y a seulement peu de temps. Mais les concernés savent ce qui s'est produit ici...

~~Une récente histoire d'un certain lieutenant qui maintenant ne peut plus cuisiner sans que tu ne sois présentes pour le surveiller de très très près.~~

Bon, il est grand temps d'enfin faire ce thé...

Feat. Tarek

— gitano;

par **Tarek Ramses** 30/01/23, 10:20 pm

Il lui semble qu’elle rougit un peu, mais il est bien incapable d’être complètement objectif sur la situation tant ses propres réactions le déstabilisent.
Chang’e accepte son invitation avec douceur, et Tarek ne peut que se sentir comblé. Partagé entre impatience et joie, il laisse un nouveau sourire étirer ses lèvres sans vraiment le réaliser. L’idée de voir Chang’e à Djinn lui est particulièrement agréable. Bien qu’il espère qu’elle puisse se faire au climat plus rude. Elle autant que ses élèves.

Il regarde par-dessus son épaule en les entendant s’enthousiasmer à l’idée de voyager.
Le prince cligne des yeux, surpris de les voir si enjoués à l’idée de venir visiter Djinn. Et, cette fois encore, c’est un sourire qui déforme ses lippes. Tarek aime profondément son pays, son peuple, quand bien même il n’en sera jamais le roi.
Il n’est assurément pas objectif, une fois encore, mais il sait que Djinn a beaucoup à apporter aux autres îles de Cheldis. Autant d’un point de vue technologique que d’un côté plus humain.

Djinn est à l’image de son climat : chaleureux.

Tarek ne sort de sa torpeur qu’en entendant le rire puis la voix de son hôtesse.
Il hoche la tête à son invitation et la suit donc à travers le domaine. Bien plus immense qu’il ne l’aurait cru.

Ses yeux s’émerveillent autant par le nombre de pièces qui semblent se multiplier à vue d’œil, que par l’utilisation qu’elle en fait. L’architecture, bien différente de celle qu’il a toujours connu, l’interpelle également. Un grand domaine fait de bois, de tuiles et de ce qui semble être de la toile. Mais le prince ne s’attarde pas plus longtemps sur l’aspect du domaine de Chang’e, mais plutôt sur sa manière de le lui montrer.

Et la proposition tombe.
Comme un caillou qu’on lance dans une étendue d’eau.

Tarek s’immobilise une seconde en la fixant avec des yeux aussi ronds que des billes. Avant de lui emboîter le pas. Mais son regard reste ancré sur elle. Une chambre. Pour lui. Ici.
Il porte sa main à sa bouche par mécanisme, s’empourprant comme jamais il ne s’est senti rougir.

— E-Eh bien, je…

Il ne sait même pas quoi répondre.
Contrairement à son frère, il voyage peu. Est-ce donc vraiment une bonne idée de bloquer l’une des pièces du domaine de Chang’e pour son usage personnel ? Il n’en est pas certain. Parallèlement, il ignore s’il ne serait pas impoli de refuser.
Le souhaite-t-il seulement ?

Il remarque l’état de la cuisine quand ils y arrivent.
Bien que le domaine soit, à son sens, bien entretenu et propre, l’état de la cuisine semble particulièrement… neuf ?

— C’est la première fois que je rentre dans une cuisine de Kanagawa. Il regarde autour de lui un instant mais ses pensées sont encore tournées vers la proposition de Chang’e. Y repenser le fait rougir de nouveau et il se racle la gorge pour se donner une contenance. Chang’e, je… ton offre de tout à l’heure… Il lève les yeux vers elle, dissimulant difficilement son trouble. Je serai ravi de l’accepter. Il tente un sourire. A moins que ce n'était qu’une plaisanterie innocente. Ce qui m’amènerait automatiquement à devoir me venger sans tarder.

Son sourire se fait plus tendre alors qu’il imagine déjà à quoi pourrait ressembler un séjour plus long, plus régulier auprès d’elle. Ce doit être agréable. Tout est si calme et reposant ici. Loin de tout le tumulte du palais. Loin des siens.
Son expression s’assombrit légèrement alors que le visage de sa mère s’impose à son esprit. Il ferme brièvement les yeux, un léger soupir franchissant ses lèvres. La douleur est encore trop vive.

— Mère aurait adoré cet endroit… Il secoue la tête en réalisant qu’il a parlé à voix haute. Ah, pardonne-moi. J’ai pensé tout haut.

SING TO ME, SING TO ME LANDS FAR AWAY

cactus

par **Chang'e Xingzuò** 02/02/23, 11:04 pm

Sing to me

I'll travel far and wide, and journey on until every last page is filled.

Flash-Back Avril 1551, Domaine de Chang'e, Daishan (Kanagawa)

Tu t'attendais évidemment à une réaction de gêne de la part de ton ami d'enfance, en lui proposant une chambre rien que lui. Mais tu ne pensais pas qu'elle serait aussi visible, aussi expressive. À cause de son aspect plutôt réservé face à toi, tu pensais qu'il en serait de même pour la manière de montrer ses émotions. Pourtant, c'est un véritable livre ouvert à cet instant, que ce soit dans ses expression que dans sa gestuelle. C'est... adorable, penses-tu machinalement.

Alors que le jeune homme bégaie comme il peut une réponse, tu finis par lui donner du répits en continuant ta route jusqu'à la cuisine. Par automatisme, tu te diriges vers l'armoire où sont entreposées les divers boîtes contenant la porcelaine. Les boîtes sont noires avec des gravures et finement laquées à la surface. Précieusement emballé dans la soie, tu sors avec minutie l'un des sets de thé réservés aux invités.

Heureusement que Tarek te donne sa réponse qu'après que tu ailles déposé la théière et les tasses sur un plateau, car tu sens que tu aurais pu en lâcher par surprise. Après tout, bien que ta proposition était sincère, tu ne t'attendais pas à une réponse aussi rapidement et surtout qui était positive.

▬ O-Oh, non. C'était une proposition sérieuse... Hum... R-ravie de l'entendre. Je... J'imagine que l'on pourra discuter plus en détails à un moment.

Cette fois-ci c'était à ton tour d'être finalement happée par la gêne, mais surtout par les diverses bonnes émotions que cela te procure. Tu sens de la joie, de l'impatience, de l'excitation, mais aussi une forme de sérénité - ou plutôt de complétion.

Un sourire se persiste sur tes lèvres, même s'il semble différent de celui que tu arbores habituellement. Tu ne peux pas le retenir ou dissimuler, tout comme tu ne peux clairement pas cacher ses rougeurs qui semblent colorer le haut de tes oreilles.

Tu allais pour te remettre l'esprit en place en allant chercher les feuilles de thé dans la réserve de la cuisine, mais tu es très vite arrêtée par les paroles du jeune homme. Tu n'as jamais connu la mère de Tarek en dehors de ce qu'il t'en disait dans ses lettres, mais il était évident qu'il agonisait toujours de cette perte.

C'est évident, tout comme c'est compréhensif.

Le calme se fait assez brusquement dans la pièce, alors que tu l'observes s'excuser. Tu soupires alors que tu te reproches de lui, portant toujours sur toi cette aura sereine. D'abord sans un mot, tu poses une main rassurante sur sa tête et lui offres un sourire tendre.

▬ Tu n'as pas à t'excuser, surtout par pour ça. Soit libre de penser à elle, soit libre de parler d'elle.

Finis-tu par lui dire, doucement.

Tu pourrais continuer et approfondir ta pensée, mais est-ce réellement ta place de lui dire ça ? C'est la première fois que vous vous revoyez après une décennie, il serait sûrement présomptueux de ta part d'aller plus loin dans ta réflexion. Le jeune homme fera le deuil dont il aura besoin et tu ne pourras qu'être là si jamais, mais ce n'est clairement pas à toi de dire comment il devrait le faire. Tu ne peux que lui offrir la liberté d'avoir un lieu où il peut ouvertement penser et parler de cet être perdu. C'est douloureux de se rappeler d'un proche mort, c'est lancinant.

Mais il y a aussi une forme de catharsis de parler de comment était cette personne, de partager ses meilleurs attraits et les bons moments passés avec. C'est se remplir l'esprit d'agréables souvenirs. C'est partager la mémoire de cette personne disparue. C'est forgée de nouveaux moments en souvenirs de celle-ci.

À nouveau, tu ne l'y obliges en rien.
Mais il en est que ta porte reste ouverte.

▬ ... Navrée si cela te semblera déplacé, mais... Si elle aurait adoré cet endroit, elle pourrait avoir aussi sa place ici, tu sais ? Ce n'était pas sur notre chemin, mais il y a aussi un endroit pour eux ici... Que ce soit mon Maître... Ou leurs parents.

Tes élèves ne sont pas présents, sûrement à vous attendre dans la salle de repos ou encore à s'occuper dans la cours. Mais ton regard en dit long sur les concernés des parents en question. Tu sais que tu as déjà mentionné la mort de ton Maître dans une lettre (même si tu n'as jamais précisé que c'était de tes propres mains), mais tu n'es plus certaine de si tu avais évoqué la raison pour laquelle tu avais trois orphelins sous ta charge. Mais c'était sûrement bien trop spécifique et privé pour que tu en parles dans une simple lettre sans doute.

Tu espères sincèrement que ta proposition ne va pas offenser ou froisser le jeune homme. C'est venu naturellement, après tout c'est culturel à Kanagawa d'être au plus prêt des esprits, surtout de leurs ancêtres. Donc si Tarek était le bienvenue dans ta demeure... Il est tout à fait normal qu'il en soit de même pour la mémoire de sa mère.

Feat. Tarek

— gitano;

par **Tarek Ramses** 12/02/23, 09:10 pm

Le prince de Djinn aurait pu passer un moment à regarder les boîtes noires laquées où étaient entreposées, quelques secondes plus tôt, la théière et les petites tasses que Chang’e a choisi. Mais la proposition de son hôtesse le perturbe tellement qu’il ne trouve pas le loisir de le faire.

Troublé par cette offre à la fois généreuse et innocente, Tarek ne peut empêcher son esprit de se confondre dans un nuage de questions, d’interrogations à lesquelles il n’a pas de réponses. Ou, tout du moins, pas encore. Il déglutit légèrement, manifestement conscient qu’il n’a pu dissimuler son trouble à la jeune femme.
Avait-elle une telle emprise sur lui à l’époque ? Non, assurément que non.

Alors qu’est-ce qui a changé ?

Il finit par lui donner sa réponse, mais c’est au tour de Chang’e d’être prise au dépourvue.
Le prince pourrait s’en amuser mais la réaction de la martialiste lui fait louper un battement de cœur. Pourquoi réagit-elle ainsi ? De nouvelles questions se bousculent dans son esprit. Il s’impose alors le calme et détache son regard d’elle.

L’altitude de la montagne lui fait perdre la tête, c’est forcément ça.
Pas vrai ?

Il finit par évoquer sa mère avant de s’en excuser.
Tarek a un peu honte de se montrer si émotif ; il a bien conscience qu’il s’agit de sa mère et qu’on ne peut pas vraiment lui reprocher son deuil. Mais, en tant que prince, peut-être qu’on attend de lui un peu plus de retenue. Comme Geb qui préfère ignorer son entourage pour s’adonner à sa divine mission et à ses voyages.

Le contact de la main de Chang’e sur sa tête le fait légèrement sursauter.
Il cligne des yeux et plongent ses iris dorés dans ceux, clairs, de son interlocutrice. Cette douceur sur ses traits jusque dans ses gestes, c’est un baume au cœur. Et c’est avec sagesse qu’elle l’invite à faire ce qu’il souhaite, à aller à son rythme.

Ces mots, il aurait tant aimé les entendre après le décès de sa mère, mais de la part des siens.
Alcyone a été d’une présence salvatrice pour lui, il ne saura jamais assez l’en remercier. Et c’est Chang’e, désormais, qui le rassure et l’apaise. Pourquoi doit-il chercher soutien et réconfort ailleurs qu’au sein de sa propre fratrie ? Est-ce normal ? Est-il normal ?

Ses doigts viennent attraper doucement les siens, son pouce caressant doucement ses phalanges alors que son regard reste ancré dans le sien.
Sa sollicitude à son égard et l’intérêt qu’elle porte à sa mère le touche à un point qu’elle n’imagine probablement pas.

— Ce serait un profond honneur que de laisser un bout d’elle dans cet endroit. Il affiche un sourire. J’avais déjà une bonne raison de revenir, mais si tu m’en donnes une seconde… Il n’arrive pas à se résoudre à lâcher sa main. J’ignore cependant ce qu’il convient de faire. Comment est-ce que ça marche ?

Il finit par libérer sa main venant prendre doucement la théière entre ses mains. La manipulant avec précaution, il ne peut réprimer un autre sourire, un peu nostalgique.

— Je regrette presque qu’elle ne puisse partager ce thé avec nous. Elle t’aurait apprécié, j’en suis certain. Il dépose le récipient avec soin. Mais si tu acceptes qu’une petite partie d’elle repose en ces lieux… je suis certain qu’elle veillera sur toi.

Il a la gorge nouée mais sourit. Parce que c’est ce qu’on lui a répété pendant des jours ; sa mère veillerait toujours sur lui, sur les Ramses, sur Djinn. Qu’elle sera toujours présente dans son cœur. Et puisqu’une partie de son cœur est ici…
Il redresse la tête vers Chang’e, nouveau sourire.

— Mais interdiction d’échanger sur les bêtises que j’ai pu faire étant enfant.

SING TO ME, SING TO ME LANDS FAR AWAY

cactus

par **Chang'e Xingzuò** 22/02/23, 01:20 am

Sing to me

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Flash-Back Avril 1551, Domaine de Chang'e, Daishan (Kanagawa)

Tu es soulagée de voir que le jeune homme n'avait pas mal pris tes paroles et ta proposition vis-à-vis de sa mère. Tu avais eu une légère crainte à ce sujet, surtout en voyant la main de celui-ci aller à la rencontre de la tienne qui était posée sur sa tête. Tu pensais à la possibilité qu'il rejette ton contact, mais tu finis par être rassurée en sentant à la place les tendres caresses de son pouce sur tes phalanges. Ainsi, tu peux sourire timidement en répondant à sa question.

▬ Il y a une pièce avec des autels funéraires où on peut s'y rendre régulièrement. En général, c'est pour y brûler un encens ou pour y faire une offrande pour aider le défunt à son chemin vers la réincarnation. Mais parfois... Cela permet aussi aux vivants d'avoir quelque chose de physique et surtout à proximité d'eux qui leur rappellent leur proche perdu. Cela nous laisse avec le sentiment concret qu'ils sont toujours là auprès de nous, cela nous donne la possibilité de leur garder une place dans notre vie. Un endroit que l'on peut visiter autant de fois que l'on désire et y rester autant de temps qu'on le souhaite. Ce n'est après tout pas... Toujours facile de pouvoir se permettre ça.

Surtout dans les milieux nobles où les tombes sont dans des lieux solennelles, où l'occasion d'y accéder se limite à l'anniversaire de leur mort ou encore avoir le titre de chef de famille. Mais c'est encore plus vrai pour la royauté, où leur lieux de repos éternels de leur membres sont tout simplement sacrés. Mais il n'y pas besoin que tu précises cela, vous êtes tous les deux biens conscients de ce genre de détail.

▬ Mais... Cela est plus simple si je te présente cette pièce plus tard et ça permettra aussi aux enfants de rendre visiter à leurs parents aujourd'hui.

Tu ne mentionnes pas la possibilité que tu puisses visiter l'autel de ton Maître, car tu ne sais pas si tu en as vraiment la foi ou le désir de le faire aujourd'hui. Tu as bien sûr énormément de respect pour l'homme, il reste celui qui t'as enseigné ta manière de combattre, il reste celui qui t'as permis d'avoir le statut que tu as actuellement. Mais à la fois, il est celui qui t'as fait le plus de mal - aussi bien physique que mentalement, il est aussi celui qui t'as poussé à tuer sans compter.

Le Karma de tes crimes ne te quittera jamais.

Mais tu n'as pas besoin de ruminer dans ce genre de sombres pensées, pas quand tu as ton précieux ami à tes côtés, pas quand il a besoin de ta présence pour cette période compliquée de sa vie. Sincèrement, tu espères que tu y arrives : à le faire se sentir mieux.

Ainsi, tu préfères oublier ton passé pour l'instant et juste te permettre de rire à la remarque de Tarek quant à ses bêtises enfantines. Tu réponds, amusée :

▬ Ca, je ne peux rien te promettre.

Finalement, tu commences à préparer le thé. Mettant l'eau récoltée ce matin à chauffer. Piochant dans les meilleurs feuilles de thé Bai Mu Dan pour les déposer dans la théière. Versant délicatement l'eau dans la théière. Couvrant celle-ci pour laisser les feuilles infuser. Évidemment, tu te permets aussi d'expliquer chaque étape à ton ami d'enfance, et le laissant faire quand il désirait le faire de lui-même. Cela ne doit faire que deux à trois années que tu as pris ce rôle de guide pour Kanagawa et d'enseignante pour tes disciples, et pourtant c'est maintenant encré en toi d'avoir un comportement pédagogue, comme si c'était naturel.

▬ J'espère d'ailleurs que ce thé sera à ton goût, car il faut dire qu'il est assez particulier. Malgré son goût assez doux, presque sucré avec son côté floral, c'est un thé qui se boit surtout avec de la nourriture salée- U-Un instant...Hum...

Tu deviens assez vite gênée par une réalisation que tu viens de faire. Comment as-tu pu oublier quelque chose d'aussi basique et surtout aussi important en tant qu'hôte de cette maison ? Plutôt embarrassée, tu stoppes tout ce que tu fais et te tournes vers Tarek.

▬ P-Pardon, j'ai totalement oublié de le demander ! Euh, mais... Il n'y a rien dont tu serais allergique ou juste... Que tu n'aimerais pas du tout ..?

Tu es légèrement paniquée dans ta question.

Tu prépares, tu prépares, mais tu as oublié ce détail si important. Il y a peu de risques avec le thé, mais cela peut devenir plus grave pour les petites choses à grignoter à côté. Certains n'ont absolument pas l'aspect qu'ils devraient avoir ou ont des ingrédients surprenant dans leurs recettes. Et si ton ami avait un problème avec le poisson ou les produits de la mer par exemple - voir pire une allergie à ce genre d'aliments ? Beaucoup des grignotages salés de Daishan sont à base de poissons ou des sauces de produits de la mer.

Tu as des rongeurs honteuses sur les pommettes et les oreilles, peu habituée à faire ce genre d'inattention.

Feat. Tarek

— gitano;

par **Tarek Ramses** 26/02/23, 07:05 pm

A bien des égards, la manière de parler de Chang’e est toujours emplie de sagesse.
Tarek écoute avec une attention particulière les explications de son hôtesse, sa main trouvant machinalement le chemin de son buste ; sa mère sera toujours dans son cœur. C’est une des meilleures places qu’il puisse exister pour continuer à faire vivre un être cher disparu.

Mais les lèvres de Tarek s’étirent doucement en un léger sourire.
Son cœur est comblé de voir les douces attentions de Chang’e et il ne peut s’empêcher de sentir la chaleur se diffuser dans son corps : il est apaisé. La présence et les mots de la Maître du Loup le plongent dans un sentiment de confort, de sécurité. D’amour.
Cette pensée pourrait le faire rougir mais il préfère palier à cette réaction en tentant un trait d’humour.

Et elle en rit.
Son cœur loupe un nouveau battement. Pourquoi ? Pour quelle raison réagit-il de la sorte ? Ce n’est pas la première fois, et certainement pas la dernière, qu’il entend Chang’e rire. Alors pourquoi ça le transporte comme si c’était le plus beau son qu’il ait entendu de sa vie ? Difficile de rester de marbre face à pareille mélodie.

Par Lotienix, Tarek, que t’arrive-t-il ?

C’est la préparation du thé qui finit par le dévier de ce nuage d’interrogations embrumant son esprit.
Tarek n’a jamais préparé de thé, et probablement ne le fera-t-il jamais ; accepterait-on qu’un prince aille dans les cuisines du palais pour se faire son thé ? Assurément pas. Mais il n’est pas fermé à cette instruction prodiguée par la kanagawaise. C’est plus méticuleux qu’il ne l’aurait cru.

L’eau ne doit pas bouillir, et il ne faut pas laisser les feuilles de thé infuser trop longtemps. Plus elles trempent dans l’eau, plus le thé est corsé, amer.
Légèrement penché vers la théière, Tarek observe la porcelaine comme s’il avait le pouvoir de voir au travers afin de regarder l’infusion se faire.
Et encore une fois, c’est la voix de Chang’e qui le sort de sa légère torpeur.

Alors qu’elle explique les particularités du thé, elle apparaît soudain gênée.
Tarek cligne des yeux devant son embarras, ne sachant s’il doit s’inquiéter ou encore s’attendrir de sa réaction. Un choix cornélien.
Chang’e stoppe presque aussitôt toute action, faisant légèrement sursauter le prince qui fait la navette entre la théière et la maîtresse de maison.

— Qu’y a-t-il ? Te serais-tu bru-

Et elle se confond en excuses avant d’apporter un semblant d’explications au prince.
Qui l’observe, hébété. Il cligne des yeux avant de laisser un rire filtrer la barrière de ses lèvres, attendri par son inquiétude. Il ne réalise pas qu’il rougit légèrement lui-même tant le comportement de Chang’e est désarmant.
Pourquoi devrait-il lutter après tout ?

Il se calme rapidement afin de ne pas la mettre mal à l’aise. Sa main vient se poser sur la sienne dans un geste réconfortant.

— Rassure-toi, je ne suis pas difficile avec la nourriture. Ni allergique à quoi que ce soit.

Il regarde sa main sur la sienne un instant.
Aurait-il cru un jour pouvoir se permettre un tel geste avec elle ? Assurément que non. Et pourtant, ce contact anodin le met dans un tel état de contentement qu’il a du mal à croire que ce soit réel.

Calme-toi, Tarek.

Il redresse la tête vers elle, se demandant alors si sa gêne vient du fait du rang de son visiteur. Tarek penche la tête sur le côté et décide de minimiser les choses afin d’aider Chang’e à se détendre.

— Et puis, si je suis malade, ça me permettra de rester un peu plus longtemps ici. Légère pause. Tout compte fait, je suis allergique à plein de choses. Un léger rire, un sourire. Tu ne devrais pas me donner des motifs d’excuses pour rester, Chang’e. C’est déloyal.

Pourtant, à cet instant, il serait prêt à user de n’importe quelle excuse pour faire perdurer ce moment avec elle.

SING TO ME, SING TO ME LANDS FAR AWAY

cactus

par **Chang'e Xingzuò** 05/04/23, 02:31 pm

Sing to me

I'll travel far and wide, and journey on until every last page is filled.

Flash-Back Avril 1551, Domaine de Chang'e, Daishan (Kanagawa)

En premier lieu, tu étais rapidement rassurée par les paroles de Tarek, confirmant qu'il n'avait pas d'allergie. De quoi de faire lâcher un bref soupir de soulagement. Tu pensais que le tumulte d'émotions que tu avais cumulé allait finalement retomber, mais c'était sans compter sur la nouvelle taquinerie que le Prince de Djinn a décidé d'initier. Toujours un peu dans l'émoi de ta précédente panique, tu n'as pas réellement le temps de gérer ou de temporiser tes futures réactions.

Ton visage prend assez vite des couleurs écarlates - ne laissant pas la moindre place pour ton teint pâle, tandis que tes traits arborent ta gêne sur l'instant.

Une gêne de quoi ? D'être taquinée déjà, tu n'as plus vraiment l'habitude de ça. Mais il y a aussi le fait qu'au fond, cela ne te dérangerait pas que Tarek reste le plus longtemps que possible ici (sans pour autant que soit en l'aillant rendu malade évidemment). Et cela te fait plaisir de savoir que c'est réciproque du côté de ton ami d'enfance, même si la formulation employée te met dans l'embarras. Instinctivement, tu lui donnes une légère tape dans l'épaule avant de dire :

▬ N-Ne plaisante pas avec ça ..! Je... P-personne ne tombera malade ici e-et si tu veux rester ici, tu n'as pas besoin de ce genre d'excuses. Tu... Tu n'as pas besoin d'excuses tout court pour être ici...

Ta voix se fait toute petite sur la dernière phrase, plutôt embarrassée de devoir préciser cela à l'oral. Mais il faut bien, sinon ton ami d'enfance pourrait trouver d'autres moyens de te taquiner sur ça. Et surtout, tu confirmes ainsi que comme il peut venir quand il veut, il peut aussi rester autant qu'il le souhaite.

Mais surtout tu réalises quelque chose.

▬ Oh pardon, je n'ai pas frappé trop fort j'espère ..?

Tu avais cette manie de donner des coups dans le bras ou dans l'épaule en étant plus jeune, mais tu ne pensais pas que c'était une manie qui pourrait revenir. Certes, cela est infiniment moins violent que ce que tu faisais durant ton adolescence, mais ta force a beaucoup changé depuis. Mais... Il y a de forte chance que tu t'inquiètes pour pas grand chose, aux vues du gabarit actuel du jeune homme.

Néanmoins, cela permet de faire un peu redescendre la pression de ton côté. Tu as certes toujours quelques rougeurs au visage, mais tu n'es plus la tomate carmine, toute agitée et embarrassée d'il y a peu.

Feat. Tarek

— gitano;

par **Tarek Ramses** 22/04/23, 03:03 pm

Par Lotienix, qu’ai-je fait pour mériter pareille torture ?

Elle rougit encore, et Tarek ne parvient pas à détacher son regard d’elle.
D’aussi loin que remonte sa mémoire depuis leur rencontre, Tarek a toujours trouvé Chang’e très belle. La colère la rendait belle, la douceur bien plus encore.

Mais la beauté de la Maître d’armes ne se limite pas qu’à son apparence.
Son beau sourire abrite une belle âme. Une âme qui a affronté de nombreuses épreuves, sans nul doute, mais qui a pu se forger et devenir celle qu’elle est aujourd’hui.

Et Tarek perd lentement pied.

Le coup qu’il reçoit a pour effet de le ramener sur terre et il cligne des yeux, fixant son épaule puis elle. Il n’a pas eu mal, bien entendu, mais le geste le ramène quelques années en arrière… Quand Chang’e ne semblait pas connaître sa force et collait de véritables coups dans le bras de Tarek. Il se souvient encore s’être retenu de pleurnicher plus d’une fois.
C’est qu’elle était forte Chang’e.

Elle l’est assurément toujours.

Un sourire ourle les lèvres du prince quand elle s’inquiète de la force de son coup. Il secoue doucement la tête pour la rassurer.

— Je ne suis plus l’enfant maigrichon que j’étais, Chang’e. Ne t’inquiètes pas.

Un sourire sincère étire les lèvres de Tarek, mais son regard change quelque peu.
Le soudain désir qu’elle ne le voit plus comme l’enfant qu’elle a rencontré à Ios, mais comme un homme à part entière. Il ignore d’où vient ce désir, tout autant qu’il ignore pourquoi l’endroit qu’elle a touché semble le brûler autant que frémir.

— Je suis heureux de savoir que je suis le bienvenu ici… même si je ne suis pas certain de pouvoir venir régulièrement… C’est déjà un miracle qu’il ait pu faire le trajet jusqu’ici sans être poursuivi par les hommes de Djinn ou ceux de Kanagawa. Mais je n’hésiterai pas une seconde, si c’est pour partager quelques minutes avec toi.

Il prend conscience de la portée de ses mots et ne peut s’empêcher de rougir face à sa témérité ; son regard se dépose sur la porcelaine alors qu’il se racle la gorge.

— E-en tout cas, ça sent très bon. J’ai hâte de goûter à ce que tu as préparé.

Par Lotienix, faites que ça dure le plus longtemps possible.

Et les heures se sont suivies, comme les grains de sable qui se succèdent dans un sablier.

L'étrange sentiment envahissant la poitrine du prince prend racine autant qu'il se précise, à son insu.
Cette sensation de bienveillance s'émanant de Chang'e, ce sentiment d'être le bienvenu, d'être en paix... Cet endroit lui offre plus qu'il n'était venu chercher. Plus qu'il n'aurait un jour cru.

La Maître d'armes l'entraîne dans son domaine, ses disciples toujours sur leurs talons.
Au fur et à mesure, les enfants s'habituent à la présence du djinn et, ne faisant vraisemblablement pas grand cas de ses origines, ils ne tardent pas à l'assaillir de questions. Sur tout et n'importe quoi.
Des questions qui le font sourire, comme la vie à Djinn, ou ce qu'il mange pour avoir de si gros muscles.
Et d'autres questions plus gênantes... Curieux, ils ne manquent pas de le questionner sur ses histoires de coeur. Ce à quoi il ne peut que balbutier maladroitement qu'il n'a jamais eu la chance d'avoir une partenaire.

Il aurait pu glisser un regard à Chang'e à cet instant.
Mais il s'en est abstenu.

Les conversations allant bon train, le prince ne réalise même pas qu'il est désormais inutile pour lui de reprendre la route.
La lune est déjà bien haute quand il daigne enfin se renseigner sur l'heure. Les enfants somnolent près de leur Maître d'armes, offrant à Tarek un spectacle qu'il espère ne pas oublier. Comme une mère avec ses enfants, la kanagawaise caresse les cheveux d'un des endormis avec une tendresse qu'il peut lui-même ressentir, de là où il est.

Peut-être que sa réponse se trouve ici, en fin de compte.
Le voyage de retour attendrait le lendemain. Pour l'heure, il n'a d'yeux que pour un tout nouvel astre que celui qui surplombe leurs têtes.

SING TO ME, SING TO ME LANDS FAR AWAY

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