Si Corrin devait reconnaître quelque chose au manoir dans lequel il venait de mettre le pied, c’était que ça faisait peur. Enfin, presque. Plus nostalgique que terrifiant, sur beaucoup de points.
Involontairement, il ne pouvait s’empêcher de pencher à son petit chez lui ! Après tout, c’était sombre, brumeux, avec un petit courant d’air froid te rafraîchissant la nuque histoire de te garder éveiller, la sensation d’être observé à tout les coins de murs…
Les toiles d’araignées mis de côté , hérésie que Jakob n’aurait jamais ne serait-ce que envisager conserver, cela ressemblait énormément au Chateau du Nord.
En moins militaire, plus orné, un peu plus coloré et à peine plus chaleureux. Un fait plutôt facile à réaliser, tout compte fait.

Les masques étaient cool, cela dit. Bon, certains glauque comme jamais, mais cela n’empêcha pas Corrin de jeter un coup d’oeil.
Avant de décider d’en prendre un, le mettre sur le nez, et se chercher un miroir afin d’évaluer si cela lui allait correctement.
…
Rectification de dernière minute : rechercher un miroir non cassé .

Ses jambes le firent se balader dans le coin, un long moment, avant d’arriver à un endroit sans miroir, mais fort imprévu, et bien plus intéressante : une sorte de…
…
Pouvait-on appeler cela une cuisine ?
Attendez un instant.
Une cuisine.
Pas de Jakob en vu
Pas de Diomèdes en vu.

La perfection était en ce lieu.
Humant le liquide verdâtre trônant au milieu, l’odorat plus aiguisé que la moyenne de Corrin se retrouva attaqué par quelque chose de répugnant, lui donnant presque la sensation de sentir son estomac se retourner.




Regardant autour de lui, fouillant dans les placards, il s’arrêta un instant devant la vision des bocaux peu recommandables…
… Avant de hausser les épaules et d’en prendre un en main. L’oeil dedans l’observa quelques instants, ce qui le fit grincer des dents.

Il le rangea, en prit un autre, puis un autre, puis un autre.
Ouvrit les bocaux et foutu le tout dans le liquide vert.



Puis, prenant une louche, il commença à remuer le liquide.

Que pouvait-il mal se passer, sérieusement ?

Prit légèrement par surprise, Corrin se fit volé la louche ayant servi à la création de sa petite mixture par une femme qu’il ne connaissait absolument pas.
Une belle femme, cela dit. Moins mature que Carmilla, mais la forme apparente de ses courbes ne devait pas être très loin en-dessous de cette dernière, ce qui la plaçait dans une bonne position niveau corporel, dans son entourage.
Ahem.
Distrait quelques instants par sa beauté sombre, il mit un peu de temps à capter que les morts sortants de ses lèvres furent une description approximative des composants de la mixture.
Chacun des composants s’annonçant peu ragoûtant, pour ne pas dire carrément répugnant.
En tout cas, ELLE savait ce qu’elle faisait, apparemment.

Obéissant les conseils de la maîtresse avec une petite moue, ayant espéré pour une fois s’exercer à cuisiner sans quelqu’un chapeautant sa création, il continua à mélanger avec la louche, la laissant se lancer dans sa propre mixture.
Selon ses propres dires, cela rendrait la liqueur buvable.




… Nouvel os. Madame ou mademoiselle ?
Elle ne paraissait pas si vieille, mais doté d’une certaine maturité. Il décala la question, afin de ne pas paraître impoli, vu que la jeune femme semblait aussi emprise que lui sur la création d’un truc à minimum buvable.
Même si soyons honnête, au vu de l’immonde odeur, le challenge n’était pas vraaaiment un challenge. Plus sorte de nécessité du palais, en fait. Histoire de pouvoir l’absorber avant de vomir.

Le feu vert donné, toutefois, amena Corrin à soulever un sourcil. Elle était bien gentille, la dame, mais il ne savait toujours pas ce qu’elle avait préparé. Et il n’était pas sur à l’idée de… Oh, et puis zut.
Elle ne lui voulait pas de mal, donc pas de raison d’hésiter, non ? Si elle voulait l’empoisonner, très honnêtement, il doutait qu’elle aurait utilisé un moyen aussi voyant, sachant que c’était la première fois qu’ils se croisaient.
Faisant un salut de la louche, l’hybride adressa un grand sourire à l’inconnue.

Sans doute, ni failles.
Il avait confiance.




Puis il but la liqueur qui était dans la louche.
L’odeur était chaude, mais la liqueur, elle, était douce-amère. Un peu comme de la menthe, au final, entêtante, et très clairement surdosé, mais loin d’être dégueulasse.
Séparant ses lèvres de la louche, il se gratta un instant la tête.
Pendant un instant, il resongea à la ou il se trouvait. Au terrain sombre qu’était cette demeure. A cette cuisine. A ce lieu qu’il ne connaissait pas. Une confusion dans ses idées qui l’amena à réaliser quelque chose de simple.
Songer et réagir à ce qui était dans son entourage direct.




Puis, avec un sourire radieux, il empli de nouveau la louche avant de la tendre vers la gente dame. Sans verre à servir, la politesse élémentaire dictait de tenir le récipient pour ne point déranger les bras frêles de la gente féminine, n’est-ce pas !
Il fallait toujours partager les bonnes choses, après tout. Et grâce à ses doigts magiques, cette petite fée avait transformé une horrible et horripilante mixture en un truc absorbable !
Par contre, il ne la connaissait toujours p-.




Presque inconsciemment, sa curiosité semblait prendre le dessus sur sa langue, l’amenant à poser les questions lui passant par la tête, avec le même ton normal qu’il avait employé pour l’inviter à boire.

C’était bizarre, quand même, normalement il était certains avoir une main-mise assez ferme sur sa curiosité… Et ses idées parfois déplacés.
Et cette invitation a... sérieusement, depuis quand il faisait ca lui??!!
Carmilla et sa tendance à l’amener prendre des bains sans se douter de son ouverture à la puberté ne l’aidait absolument pas en ce moment présent...

Ne jamais gouter ses mixtures ? Toujours proposer à autrui ? La, Corrin était perplexe. Il ignorait que il y avait moyen d’améliorer ses compétences culinaires sans jamais y goutter. Comment savoir quel goût avait ses … Un instant.
Elle n’avait pas dit cuisine, ou même plat, ou même boisson, ou autre mots s’en approchant, mais mixture. Ce qui était fort bizarre. On pourrait même dire plus, très biz-...




En effet, c’était dommage. Il se découvrait un talent, sous l’aile de la demoiselle, capable de réaliser une décoction à effet précis sans le faire exploser, mais était toujours incapable de préparer cela comme quelque chose de buvable sans effets secondaires… snif...



Lacha-t-il innocemment, trahissant ses habitudes lorsqu’il mettait la main à la patte.
Quand à savoir comme il parvenait à réaliser cet exploit en faisant du thé, et bien… même lui l’ignorait. Malheureusement.

En revanche, il ne voyait rien de grotesque dans ce qu’il avait dit. Il leva le doigt devant lui, s’apprêtant à souligner ce point, quand une nouvelle vague de malaise le traversa, le forçant à se prendre la tête dans la main.
Quand le mal le traversa, aussi fugace que brumeux, il se sentit avec les idées bien plus claires.
Etrangement aussi, plus calme, plus serein.
Il regarda la jeune femme de nouveau.

Après quelque seconde à l’observer, il joignit les mains derrière le dos, s’arquant légèrement vers l’avant. Son regard l’avait traversé sans s’arrêté de la tête au pied, avant de regarder à nouveau directement dans les yeux de la jeune femme.




Doucement, il déposa la louche à coté de la mixture, avant de regarder à nouveau autour de lui. C’était étrange… Une perspective nouvelle…
Il n’avait pourtant pas autant d’histoire que cela...




Puis, jetant un dernier coup d’oeil a l’horrible mixture, il conclue.